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Le freelance est un homme urbain qui gagne 300€ par jour : vrai ou faux?

Qui est-il, que fait-il, où dort-il ? Est-ce qu’il gagne vraiment 300 euros par jour ? Et n’y a-t-il que des “ils” ? Pour se défaire des mythes sur le freelance, nous avons exploré le web à la recherche des meilleures études sur le sujet. Et comme on est sympas, on les a aussi résumées en 6 infographies.

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Les profils (Mailys Glaize)
Publié le 15 janv. 2020 à 07:00Mis à jour le 15 janv. 2020 à 10:58

J’ai des lunettes et une moustache… Ou pas de moustache ni de lunettes, mais je travaille rarement au même endroit. Mes déplacements ne sont pas payés par ma boîte, et je n’ai pas 50 euros de notes de frais au restaurant, parce qu’en fait, c’est moi qui paye tout. Je me déplace avec mon ordinateur, pour écrire, retoucher, dessiner, coder… Je suis, je suis…

1. Le freelance est un homme, avec une barbe de trois jours et un mac : FAUX (sauf le mac)

Les profilsMailys Glaize

Le freelance est à 46% UNE freelance. Bien sûr, les secteurs ne sont pas égaux dans la parité. Sur la plateforme de freelancing Malt par exemple, qui s’adresse principalement aux besoins dans le secteur du digital, les femmes ne représentent que 30% de la communauté.

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Le freelance est en majorité un trentenaire ̶e̶n̶ ̶v̶e̶j̶a̶, puisque près de la moitié a entre 25 et 35 ans (mais il y en a quand même qui ont plus de 55 ans). 37% ont au moins un bac +3 et 40% un master ou un doctorat.

Enfin la très large majorité des freelances exerce sous le statut micro-entrepreneur. On notera que ce chiffre a bondi de 77% en France en 10 ans. C’est aujourd’hui 11,5% des actifs (contre 33% aux États-Unis). D’ici à 2030, les freelances devraient être 14% (quand au pays de l’Oncle Sam, il y aurait un travailleur sur deux indépendants !).

2. Le freelance est soit rédacteur web, soit graphiste : un peu VRAI

Les métiersMailys Glaize

Petit rappel avant de poursuivre la lecture : le freelance est un statut et non une profession. C’est pourquoi il y a un tas de professions pratiquées en freelance. La plus populaire, c’est (on le concède) rédacteur : en général, c’est celui et ou celle qui fait briller votre startup sur Google grâce à la maîtrise parfaite de l’algorithme (ou enterre vos scandales…), et compose avec art le descriptif des produits, comme ce super matelas que vous venez d’acheter sur Amazon.

Les rédacteurs sont suivis de près par les graphistes, qui armés de leur tablette, décorent de pictogrammes enchanteurs sites internet, articles et affiches. Le développeur web, codeur magicien, et d’après l’étude, le profil le plus recherché des clients, se place en troisième position. Puis viennent les artistes, monteurs de vidéo et photographes, talonnés par les traducteurs. Et enfin, celles et ceux qui répondent à vos insultes (ou compliments) sur la page twitter de la RATP par exemple, les community managers.

3. Le freelance est libre comme l'air : VRAI (mais...)

Les pour et les contreMailys Glaize

En septembre, nous vous faisions part du témoignage d’une freelance, qui se définissait comme une nomade digitale. Les doigts en éventail derrière son écran de mac sous le soleil de Thaïlande, nous bavions d’envie depuis nos open spaces pluvieux. C’est cette liberté qui est prônée comme un des avantages majeurs du freelancing : choisir avec qui on veut travailler, où on veut travailler, quand on veut travailler.

Contrepartie de ce bonheur trop heureux, les difficultés qui incombent généralement à l’entreprise pour les salariés. La quête perpétuelle de nouveaux clients, l’absence de salaire fixe sont autant de responsabilités pour le freelance auxquels le salarié ne songe pas. Et bien sûr son corrélat, trouver un logement dans ces conditions (quand 60 personnes faisaient la queue devant vous).

4. Le freelance cultive ses topinambours dans son jardin de campagne : FAUX

Répartition des freelancesMailys Glaize

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Laissez-moi vous présenter Nicolas. Nicolas a 32 ans et depuis qu’il vit à Perpette l’Olivette dans la Meuse en freelance, il n’a jamais été aussi heureux. Le mardi et le dimanche, c’est jour de marché. Quand il déguste son topinambour rissolé, Nicolas se dit qu’il est bien content d’être parti de Paris. Tiens, et s’il faisait une story…

Nicolas est un cliché. Car en réalité, la majorité des freelances travaillent en ville, là où il est plus facile de trouver des clients. Au total, 73% habitent en ville, 15% en zone périurbaine et 12% seulement en zone rurale. Et sans surprise… la plupart n’ont pas quitté Paris : ils sont encore près de la moitié à travailler en Île-de-France.


5. Ou alors le freelance s'empiffre de scones dans son coworking : encore plus FAUX !

Lieux de travail du freelanceMailys Glaize


Suivant le néorural Nicolas, introduisons Baudoin le coworker. Sillonnant la ville en vélo, il avale un jus de citron pressé puis file au coworking de son arrondissement, ouvre son mac, fait couler son double expresso, mord dans un scone et commence sa journée de travail (à 8 h), heureux de sa productivité légendaire.

Baudoin est un cliché. Oui, aussi ! Seulement 5% des freelances travaillent en coworking. En fait, la plupart travaillent de chez eux ou directement chez leurs clients. Et le reste un peu n’importe où : cafés, métro, bateau, à l’ombre d’un platane, ou sur une île déserte.

6. Le freelance gagne 300 balles par jour : VRAI mais FAUX

Salaire des freelancesMailys Glaize

Êtes-vous immédiatement descendus à cette partie de l’article ? C’est normal, 300 euros par jour, ça met l’eau à la bouche. Un peu de calcul alors. 300 euros par jour pour un freelance, ça fait 7.500 euros par mois, si on s’enlève un ou deux samedis par ci par là (25 jours de travail). Toutefois il faut ouvrir son portefeuille tant de fois qu’il ne restera pas grand-chose de vos 7,5 k mensuels.

Et c’est parti pour la dégringolade ! 30 % pour les charges sociales et fiscales ! Pan ! 14, puis 30, puis 41% pour les tranches de l’impôt sur le revenu auquel il est soumis ! Pan, pan, pan ! Et encore 30 euros pour les frais de banque, 50 euros pour les frais d’assurance, 20 euros pour un site web, pas de tickets resto, pas de carte de métro remboursée ni d’essence. Et enfin enlevez aux 25 jours potentiels de travail tout le temps consacré à travailler sans être payé (administratif, prospection commerciale, mise à jour de votre profil sur les plateformes, formations, temps de préparation des missions…).

Vous êtes à terre ? Finalement, un freelance travaille 19 jours, et en divisant ses 300 euros par environ 2 pour les frais. Et les 7,5 k s’envolent comme hirondelles en hiver.

Ines Clivio

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