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Volkswagen prépare ses troupes au régime sec

« Tout ce qui n’est pas nécessaire et urgent sera abandonné ou reporté », a déclaré le nouveau patron aux salariés. Les premiers rappels de véhicules devraient débuter en janvier.

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A cause du scandale des moteurs truqués, le nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, a promis du sang et des larmes à ses 600.000 employés.

Par Julien Dupont-Calbo

Publié le 7 oct. 2015 à 07:00

[Article mis à jour ce jeudi 8 octobre avec les déclarations du ministre allemand des Transports sur les rappels]

Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. Matthias Müller, le nouveau président du directoire de Volkswagen, n’a pour l’heure rien d’autre à offrir à ses 600.000 employés – promis à quelques années de régime sec du fait du scandale des moteurs truqués. Arrivé il y a dix jours à la tête du géant européen de l’auto, s’est exprimé pour la première fois, mardi, devant ses salariés réunis par milliers dans l’usine historique de VW à Wolfsburg (Basse-Saxe).

« Des solutions techniques aux problèmes rencontrés sont en vue, a-t-il commencé. Cependant, les conséquences sur l’activité et les finances ne sont pas encore claires. » En prévision et par précaution, tous les projets d’investissement du groupe vont être passés à la loupe. « Tout ce qui n’est pas nécessaire et urgent sera abandonné ou reporté », a prévenu Matthias Müller. Fin 2014, VW avait présenté un ambitieux plan quinquennal d’investissement de 86 milliards d’euros. Celui-ci devrait donc subir des coupes claires… « Je vais être très transparent : cela ne se fera pas sans douleur », a prévenu le patron du constructeur allemand.

Les rappels devraient débuter en janvier

« Si tout se passe comme prévu, nous pourrons commencer les rappels en janvier [...]. Toutes les voitures seront arrangées d’ici à la fin de 2016 », a estimé Matthias Müller en début de semaine. Mais cela ne concernera que les véhicules équipés de moteur 2,0l, pour lesquels un patch logiciel suffira, a estimé le ministre allemand des Transports, Alexander Dobrindt. Selon lui, pour les moteurs 1,6l, les pièces nécessaires ne seront pas disponibles avant septembre, tandis qu’il n’a rien indiqué pour les moteurs 1,2l. Le groupe a présenté mercredi soir son plan d'action aux autorités allemandes, qui vont mettre plusieurs jours avant de le valider.

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Tout remettre en question

Ce dernier s’est néanmoins engagé à minimiser autant que possible les conséquence sur les effectifs. « Nous allons nous battre pour qu’elles soient aussi limitées que possible, pour maintenir l’emploi dans le groupe », a-t-il promis, évoquant notamment les comptes épargne temps ou « l’ajustement » du volume de production. Bern Osterloh, le président du conseil d’entreprise du groupe, a estimé qu’il fallait effectivement « remettre en question, avec une grande détermination, tout ce qui n’est pas économiquement viable », y compris les primes distribuées aux salariés.

Concrètement, on ne connaîtra l’ampleur des dégâts que dans quelques mois, voire quelques années – le temps que les juges des pays concernés par le scandale rendent leur verdict. Pour l’instant, le groupe a provisionné 6,5 milliards d’euros pour couvrir les frais de rappel des 11 millions de véhicules équipés du logiciel fraudeur.

« Mais cela ne suffira pas », a reconnu Matthias Müller, qui dit s’attendre à « de grosses pénalités » judiciaires. « Beaucoup pourraient profiter de l’affaire pour adresser des demandes d’indemnisation à Volkswagen », craint-il. Par exemple, aux Etats-Unis, l’Etat de Virginie-Occidentale réclame à lui seul 12.000 dollars d’amende et d’indemnité par véhicule maquillé. Soit 32 millions de dollars, pour 2.684 voitures seulement… La facture du rappel des véhicules est elle-même floue : si une grande partie des véhicules peut être réparée avec une simple mise à jour logiciel, certains auront besoin de grosses interventions. « Dans le pire des cas, nous modifierons la voiture, naturellement gratuitement pour le client », a précisé à la presse allemande le dirigeant, qui avait jusqu’au 7 octobre pour présenter son plan aux autorités.

« Nous pouvons et nous allons surmonter cette crise », a promis Matthias Müller, qui reconnaît ne pas avoir aujourd’hui les réponses à « toutes les questions qui se posent. Mais les choses deviennent plus claires jour après jour », jure-t-il.

Bruxelles pointée du doigt

Après avoir mis de longues journées à mettre au point sa communication au sujet du scandale Volkswagen, la Commission se voit de plus en plus reprocher son manque de fermeté. Quatre commissions du Parlement européen ont demandé à Bruxelles de lancer une enquête dans ce dossier, alors qu’il apparaît que 8 millions de véhicules sont équipés du logiciel fraudeur en Europe. Régulièrement interrogée, la Commission européenne répète qu’elle n’a pas le pouvoir de lancer une telle enquête et qu’il incombe aux Etats membres de le faire.

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