« Novecento : Pianiste » d’Alessandro Baricco : Trouver refuge dans la musique classique

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« Novecento : Pianiste » d’Alessandro Baricco : Trouver refuge dans la musique classique

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L'écrivain italien Alessandro Baricco © Sasha Maslov /Aurora Photos/Corbis
L'écrivain italien Alessandro Baricco © Sasha Maslov /Aurora Photos/Corbis

Aujourd’hui, France musique met en lumière « Novecento : Pianiste » de l’auteur italien Alessandro Baricco. Portrait fictif de Novecento, pianiste qui navigue depuis sa naissance à bord du Virginian, l’ouvrage révèle la difficulté de ce musicien de génie à sortir de cet espace clos et affronter le monde – immense – qui l’entoure.

Philosophe et musicologue de formation, l’écrivain **Alessandro Barrico ** a pour habitude de croiser la musique et la littérature dans ses récits. *Novecento : pianiste * (1994) en est l’exemple. Sorte de fable en monologue qui présente le personnage fictif du pianiste Novecento, l’auteur dresse le portrait d’un musicien atypique de génie pour qui la musique représente un refuge hors du temps.

Son histoire nous est présentée par l’intermédiaire de son ami trompettiste **Tim Tooney, ** qui se fait narrateur de l’histoire. Retrouvé abandonné dans un carton sur le piano d’un bateau – le Virginian – alors qu’il n’est que nouveau né, Novecento passe sa vie sur le bateau.

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A trente ans, il n’a jamais posé un pied à terre, tant le monde extérieur l’effraie. Navigant sans répit à entre l’Europe et les Etats-Unis, il passe ses journées devant son piano, à jouer sa musique, sorte d’écho de l’océan qui se répand dans tous les ports.

« Il jouait n’importe quelle diable de musique, petite, mais…belle. Pas de trucage, c’était vraiment lui qui jouait, c’était ses mains à lui sur ce clavier, Dieu sait comment. Et il fallait entendre ce qu’il en sortait. Il y avait une dame en robe de chambre, rose, avec des espèces de pinces dans les cheveux…le genre bourrée de fric, si vous voyez ce que je veux dire, une Américaine mariée avec un assureur…et bien elle avait de grosses larmes, ça coulait sur sa crème de nuit, elle regardait et elle pleurait, elle ne pouvait plus s’arrêter ».

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Artiste hors du commun, la pratique de la musique traduit chez ce personnage sensible la solitude dont il est prisonnier. Confiné dans l’espace dans lequel il s’est construit – monde qui l’a vu naître et où il se sent vivre – son piano et sa musique représentent sa famille et l’unique espace dans lequel il existe réellement.

Alors qu’un jour, un musicien du bateau parvient à le convaincre de s’en extraire, arrivé sur la dernière marche, Novecento renonce et rebrousse chemin.
Métaphore de la peur de vivre et de l’insatisfaction de la réalité face au rêve, jouer sa propre musique lui suffit pour faire le tour du monde et voyager dans son imagination. L’immensité de la terre le tourmente, tant elle est remplie de possibilités inédites devant lesquelles il préfère fuir et s’inventer sa propre vie symphonique.

« * (…) la terre c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage. Une femme trop belle, un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer * » dit-il.

Confrontation entre la condition de l’homme délimitée dans l’espace temps de son navire – Novecento est statique dans un référentiel en mouvement - et l’infinie grandeur de la terre, l’unique acte qui sécurise **Novecento ** est de jouer du piano : « les touches commencent et finissent. Tu sais qu’il y en a quatre-vingt-huit, personne ne peut te dire le contraire. Elles ne sont pas infinies elles… » explique-t-il.

Quatre-vingt-huit notes – définies – qui peuvent créer de la musique à l’infini tandis que l’immensité du monde représente à ses yeux un « clavier » trop grand pour lui auquel il préfère renoncer : « *Ce piano là, c’est Dieu qui y joue ». *

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Une adaptation cinématographique - *The Legend of 1900 - * du réalisateur Giuseppe Tornatore ( Cinema Paradiso ) – renvoie au texte d’Alessandro Baricco ainsi qu’une version théâtrale avec André Dussolier pour laquelle il a reçu, le 27 avril 2015 son premier Molière (Comédien dans un spectacle de théâtre public).

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