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Rencontre avec le sénateur Peter Harder

Le sénateur Peter Harder pose pour une photo devant une fenêtre décorative dans son bureau.

Durant sa carrière de haut fonctionnaire sous cinq premiers ministres et 12 ministres, le sénateur Peter Harder a appris à collaborer avec des parlementaires de tous les partis.

Cette aptitude lui a été très utile lorsqu’il est devenu sénateur de l’Ontario en 2016. À titre de représentant du gouvernement, il a passé ses quatre premières années au Sénat à faire cheminer des projets de loi du gouvernement à la Chambre haute, dont un sur la légalisation du cannabis et un autre sur l’aide médicale à mourir.

Apprenez-en plus sur la longue carrière du sénateur Harder à la fonction publique et sur le travail qu’il accomplit au Sénat.

Avant d’être nommé au Sénat, vous avez passé près de 30 ans dans la fonction publique. Qu’est-ce qui vous a attiré vers la fonction publique au départ?

J’ai grandi dans une famille qui attachait de l’importance à la fonction publique et à l’engagement communautaire, et j’ai aussi commencé très tôt à m’intéresser à la politique étrangère et au Parlement. Je suis arrivé à Ottawa il y a 50 ans, dans le cadre du Programme de stage parlementaire, qui m’a permis d’observer la Chambre des communes de près en y jouant un rôle non partisan. 

J’ai toujours su que j’allais travailler à la fonction publique d’une façon ou d’une autre. En tout, j’ai servi cinq premiers ministres et 12 ministres à titre de sous-ministre, ce qui m’a permis de connaitre un large éventail de personnalités et de points de vue. Cette expérience m’a été bien utile au Sénat.

Le sénateur Harder (à droite), en compagnie du chef de l’opposition Joe Clark et sa fille Catherine Clark en 1982. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder (à droite), en compagnie du chef de l’opposition Joe Clark et sa fille Catherine Clark en 1982. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

Le sénateur Harder répond aux questions d’une journaliste lors du congrès à la direction de 1983 du Parti progressiste-conservateur du Canada. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder répond aux questions d’une journaliste lors du congrès à la direction de 1983 du Parti progressiste-conservateur du Canada. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)

Dans une photo tirée d’un article de 1971 du Hamilton Spectator, le futur sénateur Peter Harder (à gauche) se promène avec le chef conservateur Robert Stanfield venu faire une visite à l’école secondaire de Beamsville, dans le sud de l’Ontario. (Crédit photo: Hamilton Spectator/Bureau du sénateur Peter Harder) Dans une photo tirée d’un article de 1971 du Hamilton Spectator, le futur sénateur Peter Harder (à gauche) se promène avec le chef conservateur Robert Stanfield venu faire une visite à l’école secondaire de Beamsville, dans le sud de l’Ontario. (Crédit photo: Hamilton Spectator/Bureau du sénateur Peter Harder)

Vous avez été nommé au Sénat en 2016. Qu’est-ce qui vous a incité à troquer un travail en coulisses contre un rôle public?

Je suis institutionnaliste, mais je pense aussi que, de temps à autre, nos institutions politiques doivent être modernisées. En 2015, plusieurs années après mon départ de la fonction publique, on m’a demandé de rencontrer Justin Trudeau, qui était le chef du Parti libéral à l’époque. Quand il est devenu premier ministre, il m’a demandé de diriger sa transition vers le gouvernement.

Quand je suis venu au Sénat, je voulais rendre l’institution moins partisane, plus indépendante. Durant ma première session, nous avons abordé un large éventail de questions et nous avons amendé beaucoup de projets de loi. Je pense que cela a montré la fonction de « second examen objectif » du Sénat sous un jour favorable.

Le sénateur Harder est accompagné des anciens premiers ministres Joe Clark et Jean Chrétien et de sa femme, Molly Seon, durant sa cérémonie d’assermentation en 2016.Le sénateur Harder est accompagné des anciens premiers ministres Joe Clark et Jean Chrétien et de sa femme, Molly Seon, durant sa cérémonie d’assermentation en 2016.

En tant que représentant du gouvernement au Sénat, le sénateur Harder était aux premières loges durant l’allocution du président des États-Unis Barack Obama à la Chambre des communes en 2016. (Photo par : Adam Scotti/Photo fournie par le Cabinet du Premier ministre/© Sa Majesté le Roi du Canada, 2016)En tant que représentant du gouvernement au Sénat, le sénateur Harder était aux premières loges durant l’allocution du président des États-Unis Barack Obama à la Chambre des communes en 2016. (Photo par : Adam Scotti/Photo fournie par le Cabinet du Premier ministre/© Sa Majesté le Roi du Canada, 2016)

Vos parents et vos grands-parents ont fui l’Union soviétique dans les années 1920 pour venir s’installer au Canada. Comment l’expérience de votre famille a-t-elle éclairé votre travail auprès des nouveaux arrivants?

En 1919, le Parlement du Canada a adopté un décret qui interdisait l’entrée au Canada de tous les mennonites, les huttérites et les doukhobors. Heureusement, trois ans plus tard, le décret a été révoqué et ma famille a pu s’installer ici. 

Quand j’étais enfant, j’ai appris à attacher de l’importance à la fonction publique, à aider les personnes démunies et à protéger les réfugiés. Ma famille m’a inculqué ces valeurs et je les ai conservées tout au long de ma carrière.

Quand j’ai travaillé comme adjoint de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Flora MacDonald à la fin des années 1970, j’ai facilité la réinstallation de 60 000 réfugiés du Vietnam. J’ai ensuite été le tout premier secrétaire général de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, puis sous-ministre de l’Immigration. À chaque personne qui se plaignait à moi de l’accueil que le Canada faisait aux réfugiés, je rappelais que ce n’était pas la première fois de notre histoire que ces problèmes se posaient. Nous devrions garder à l’esprit qu’à l’exception des peuples autochtones, nous avons tous été des immigrants ou des réfugiés. Je pense que l’immigration a enrichi l’expérience canadienne. 

Le sénateur Harder (à gauche), a travaillé sous Brian Mulroney (au centre) durant son premier mandat de premier ministre, puis comme sous-ministre de l’Immigration. L’ancien sénateur Jean Bazin figure aussi sur la photo. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder (à gauche), a travaillé sous Brian Mulroney (au centre) durant son premier mandat de premier ministre, puis comme sous-ministre de l’Immigration. L’ancien sénateur Jean Bazin figure aussi sur la photo. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

Vous avez été représentant du gouvernement au Sénat de votre nomination en 2016 jusqu’en 2020. Quels ont été les points saillants de ce rôle?

Je suis reconnaissant d’avoir eu l’occasion de contribuer au façonnement d’un Sénat moins partisan, plus indépendant. Je ne me considérais pas seulement comme le représentant du gouvernement au Sénat, mais aussi comme le représentant du Sénat au gouvernement. Pendant que j’ai rempli ce rôle, je pense que nous avons adopté 83 projets de loi, dont 29 ont été amendés d’une façon ou d’une autre.

Avant la prorogation, vous avez déposé une motion selon laquelle le Sénat ne devrait pas adopter de projet de loi contenant une déclaration liée à la disposition de dérogation, et vous avez récemment déposé un projet de loi qui limiterait la capacité du Parlement à invoquer cette clause. Pourquoi cette question est-elle importante pour vous?

L’utilisation croissante de la disposition de dérogation par les provinces me préoccupe, et j’ai peur que nous en fassions une chose banale. Quand un gouvernement invoque cet article de la Charte canadienne des droits et libertés pour des choses comme les politiques sur l’utilisation des pronoms dans les écoles ou les conflits du travail, je trouve que c’est excessif.

Le gouvernement du Canada n’y a pas encore eu recours, mais je pense que le Sénat doit discuter de la manière et de la forme que cela devrait prendre s’il devait le faire. J’ai bien hâte de poursuivre la discussion à ce sujet avec mon récent projet de loi.

Vous étiez vice-président du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international quand le comité a publié un rapport de fond sur le service extérieur canadien. Qu’aimeriez-vous que le gouvernement fédéral et les Canadiens retiennent de ce rapport?

Les sénateurs Peter Harder et Peter Boehm, respectivement vice président et président du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, tiennent des exemplaires du rapport du comité Plus qu’une vocation : le Canada doit se doter d’un service extérieur adapté au XXIe siècle en 2023.Les sénateurs Peter Harder et Peter Boehm, respectivement vice‑président et président du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, tiennent des exemplaires du rapport du comité Plus qu’une vocation : le Canada doit se doter d’un service extérieur adapté au XXIe siècle en 2023.

Je pense que le Canada a été bien servi et qu’il continuera d’être bien servi par son service extérieur. Nous avons rédigé notre rapport pour conseiller le gouvernement sur la façon d’adapter son service extérieur aux besoins du 21e siècle. Notre pays dépend des relations internationales. Nous devons élargir le rôle que nous jouons dans le monde, et un service extérieur aligné sur les objectifs du gouvernement dans ce domaine pourra continuer de servir le Canada extrêmement bien. 

Vous avez été le sherpa du premier ministre aux sommets du G8. Comment décririez-vous votre expérience?

Les réunions sont extrêmement décontractées et il y a un véritable engagement de la part des chefs d’État. J’ai favorisé l’adoption des compromis nécessaires à la production d’un communiqué, ou déclaration finale, de tous les dirigeants participants. Les réunions ont porté entre autres sur l’action climatique, l’allégement de la dette africaine et les maladies transmissibles comme le VIH/sida. Je pense que le Canada a fait progresser la discussion sur ces questions. 

J’étais dans la salle quand on a remis une note au premier ministre du Royaume-Uni Tony Blair au sujet des attentats à la bombe du 7 juillet 2005 à Londres. Puis, au Sommet du G8 à Saint-Pétersbourg l’année suivante, il y a eu la guerre du Liban. Les hauts dirigeants ont aussitôt entrepris des conversations informelles sur les mesures possibles. Stephen Harper, qui était le premier ministre du Canada à l’époque, a beaucoup travaillé avec les autres dirigeants et représentants pour accélérer l’envoi d’une aide humanitaire. 

Le sénateur Harder (à droite) a été le sherpa du premier ministre Paul Martin (qui est assis à la droite du sénateur) aux sommets du G8 aux États-Unis et en Écosse. On voit aussi le président des États-Unis George Bush (deuxième à partir de la gauche) sur la photo. Le sénateur Harder a également été le sherpa du premier ministre Stephen Harper au Sommet du G8 à Saint Pétersbourg. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder (à droite) a été le sherpa du premier ministre Paul Martin (qui est assis à la droite du sénateur) aux sommets du G8 aux États-Unis et en Écosse. On voit aussi le président des États-Unis George Bush (deuxième à partir de la gauche) sur la photo. Le sénateur Harder a également été le sherpa du premier ministre Stephen Harper au Sommet du G8 à Saint‑Pétersbourg. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

Le premier ministre Paul Martin et le chanteur et activiste Bono discutent devant une Guinness sous le regard du sénateur Harder au sommet du G8 de 2005 à Gleneagles, en Écosse. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)Le premier ministre Paul Martin et le chanteur et activiste Bono discutent devant une Guinness sous le regard du sénateur Harder au sommet du G8 de 2005 à Gleneagles, en Écosse. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)

Vous allez atteindre l’âge de la retraite obligatoire en 2027. Que voulez-vous accomplir comme sénateur durant les deux prochaines années?

Les sénateurs ont le mandat d’examiner les projets de loi du gouvernement, alors ma priorité est d’en faire les meilleurs projets de loi possible. 

J’ai lancé une enquête sénatoriale sur la réforme de la GRC, y compris pour renforcer son rôle de service de police fédéral et le soulager du travail qui relève de la compétence provinciale, et j’aimerais continuer à y mettre mon énergie. 

Je continue aussi de m’intéresser à la politique étrangère, un domaine dans lequel les problèmes ne manquent pas. 

Vous avez longtemps été choriste. Quelle place la musique occupe-t-elle dans votre vie?

La musique a toujours fait partie de ma vie. Durant mon enfance, j’ai joué du violon, du violoncelle et du piano et j’ai chanté dans des chorales – et j’étais le membre le moins musicien de ma famille! J’aime la musique classique. Je suis récemment allé voir Angela Hewitt jouer du Bach et du Mozart au Centre national des arts à Ottawa. L’orchestre a ensuite interprété la Symphonie no 5 de Beethoven, ce qui m’a rappelé des souvenirs, puisque je l’avais jouée au violoncelle dans l’orchestre des jeunes. 

Vous aimez aussi lire dans vos temps libres. Avez-vous des livres à nous recommander?

Dans notre monde populiste et isolationniste, je vous recommanderais le tout dernier livre d’Anne Applebaum, Autocratie(s). Timothy Snyder, un grand historien spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est à l’Université Yale, a publié un excellent livre assez récent, De la liberté. J’aime aussi les romans policiers et les romans d’espionnage, comme les œuvres de John le Carré et de son fils, dont le nom de plume est Nick Harkaway. Et je suis un admirateur d’Ian Rankin. Il flotte une odeur de cigarette et d’alcool quand on lit ses romans. 

Senator Harder poses for a Christmas photo in Centre Block in 2017.Le sénateur Harder pose pour une photo de Noël dans l’édifice du Centre en 2017.

Le sénateur Harder et son épouse Molly Seon rencontrent le gouverneur général Roméo LeBlanc en 1996. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder et son épouse Molly Seon rencontrent le gouverneur général Roméo LeBlanc en 1996. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

La gouverneure générale Adrienne Clarkson décerne le prix pour services insignes (ou prix du premier ministre) au sénateur Harder pour son leadership dans la fonction publique en 2000. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)La gouverneure générale Adrienne Clarkson décerne le prix pour services insignes (ou prix du premier ministre) au sénateur Harder pour son leadership dans la fonction publique en 2000. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)

Rencontre avec le sénateur Peter Harder

Le sénateur Peter Harder pose pour une photo devant une fenêtre décorative dans son bureau.

Durant sa carrière de haut fonctionnaire sous cinq premiers ministres et 12 ministres, le sénateur Peter Harder a appris à collaborer avec des parlementaires de tous les partis.

Cette aptitude lui a été très utile lorsqu’il est devenu sénateur de l’Ontario en 2016. À titre de représentant du gouvernement, il a passé ses quatre premières années au Sénat à faire cheminer des projets de loi du gouvernement à la Chambre haute, dont un sur la légalisation du cannabis et un autre sur l’aide médicale à mourir.

Apprenez-en plus sur la longue carrière du sénateur Harder à la fonction publique et sur le travail qu’il accomplit au Sénat.

Avant d’être nommé au Sénat, vous avez passé près de 30 ans dans la fonction publique. Qu’est-ce qui vous a attiré vers la fonction publique au départ?

J’ai grandi dans une famille qui attachait de l’importance à la fonction publique et à l’engagement communautaire, et j’ai aussi commencé très tôt à m’intéresser à la politique étrangère et au Parlement. Je suis arrivé à Ottawa il y a 50 ans, dans le cadre du Programme de stage parlementaire, qui m’a permis d’observer la Chambre des communes de près en y jouant un rôle non partisan. 

J’ai toujours su que j’allais travailler à la fonction publique d’une façon ou d’une autre. En tout, j’ai servi cinq premiers ministres et 12 ministres à titre de sous-ministre, ce qui m’a permis de connaitre un large éventail de personnalités et de points de vue. Cette expérience m’a été bien utile au Sénat.

Le sénateur Harder (à droite), en compagnie du chef de l’opposition Joe Clark et sa fille Catherine Clark en 1982. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder (à droite), en compagnie du chef de l’opposition Joe Clark et sa fille Catherine Clark en 1982. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

Le sénateur Harder répond aux questions d’une journaliste lors du congrès à la direction de 1983 du Parti progressiste-conservateur du Canada. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder répond aux questions d’une journaliste lors du congrès à la direction de 1983 du Parti progressiste-conservateur du Canada. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)

Dans une photo tirée d’un article de 1971 du Hamilton Spectator, le futur sénateur Peter Harder (à gauche) se promène avec le chef conservateur Robert Stanfield venu faire une visite à l’école secondaire de Beamsville, dans le sud de l’Ontario. (Crédit photo: Hamilton Spectator/Bureau du sénateur Peter Harder) Dans une photo tirée d’un article de 1971 du Hamilton Spectator, le futur sénateur Peter Harder (à gauche) se promène avec le chef conservateur Robert Stanfield venu faire une visite à l’école secondaire de Beamsville, dans le sud de l’Ontario. (Crédit photo: Hamilton Spectator/Bureau du sénateur Peter Harder)

Vous avez été nommé au Sénat en 2016. Qu’est-ce qui vous a incité à troquer un travail en coulisses contre un rôle public?

Je suis institutionnaliste, mais je pense aussi que, de temps à autre, nos institutions politiques doivent être modernisées. En 2015, plusieurs années après mon départ de la fonction publique, on m’a demandé de rencontrer Justin Trudeau, qui était le chef du Parti libéral à l’époque. Quand il est devenu premier ministre, il m’a demandé de diriger sa transition vers le gouvernement.

Quand je suis venu au Sénat, je voulais rendre l’institution moins partisane, plus indépendante. Durant ma première session, nous avons abordé un large éventail de questions et nous avons amendé beaucoup de projets de loi. Je pense que cela a montré la fonction de « second examen objectif » du Sénat sous un jour favorable.

Le sénateur Harder est accompagné des anciens premiers ministres Joe Clark et Jean Chrétien et de sa femme, Molly Seon, durant sa cérémonie d’assermentation en 2016.Le sénateur Harder est accompagné des anciens premiers ministres Joe Clark et Jean Chrétien et de sa femme, Molly Seon, durant sa cérémonie d’assermentation en 2016.

En tant que représentant du gouvernement au Sénat, le sénateur Harder était aux premières loges durant l’allocution du président des États-Unis Barack Obama à la Chambre des communes en 2016. (Photo par : Adam Scotti/Photo fournie par le Cabinet du Premier ministre/© Sa Majesté le Roi du Canada, 2016)En tant que représentant du gouvernement au Sénat, le sénateur Harder était aux premières loges durant l’allocution du président des États-Unis Barack Obama à la Chambre des communes en 2016. (Photo par : Adam Scotti/Photo fournie par le Cabinet du Premier ministre/© Sa Majesté le Roi du Canada, 2016)

Vos parents et vos grands-parents ont fui l’Union soviétique dans les années 1920 pour venir s’installer au Canada. Comment l’expérience de votre famille a-t-elle éclairé votre travail auprès des nouveaux arrivants?

En 1919, le Parlement du Canada a adopté un décret qui interdisait l’entrée au Canada de tous les mennonites, les huttérites et les doukhobors. Heureusement, trois ans plus tard, le décret a été révoqué et ma famille a pu s’installer ici. 

Quand j’étais enfant, j’ai appris à attacher de l’importance à la fonction publique, à aider les personnes démunies et à protéger les réfugiés. Ma famille m’a inculqué ces valeurs et je les ai conservées tout au long de ma carrière.

Quand j’ai travaillé comme adjoint de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Flora MacDonald à la fin des années 1970, j’ai facilité la réinstallation de 60 000 réfugiés du Vietnam. J’ai ensuite été le tout premier secrétaire général de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, puis sous-ministre de l’Immigration. À chaque personne qui se plaignait à moi de l’accueil que le Canada faisait aux réfugiés, je rappelais que ce n’était pas la première fois de notre histoire que ces problèmes se posaient. Nous devrions garder à l’esprit qu’à l’exception des peuples autochtones, nous avons tous été des immigrants ou des réfugiés. Je pense que l’immigration a enrichi l’expérience canadienne. 

Le sénateur Harder (à gauche), a travaillé sous Brian Mulroney (au centre) durant son premier mandat de premier ministre, puis comme sous-ministre de l’Immigration. L’ancien sénateur Jean Bazin figure aussi sur la photo. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder (à gauche), a travaillé sous Brian Mulroney (au centre) durant son premier mandat de premier ministre, puis comme sous-ministre de l’Immigration. L’ancien sénateur Jean Bazin figure aussi sur la photo. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

Vous avez été représentant du gouvernement au Sénat de votre nomination en 2016 jusqu’en 2020. Quels ont été les points saillants de ce rôle?

Je suis reconnaissant d’avoir eu l’occasion de contribuer au façonnement d’un Sénat moins partisan, plus indépendant. Je ne me considérais pas seulement comme le représentant du gouvernement au Sénat, mais aussi comme le représentant du Sénat au gouvernement. Pendant que j’ai rempli ce rôle, je pense que nous avons adopté 83 projets de loi, dont 29 ont été amendés d’une façon ou d’une autre.

Avant la prorogation, vous avez déposé une motion selon laquelle le Sénat ne devrait pas adopter de projet de loi contenant une déclaration liée à la disposition de dérogation, et vous avez récemment déposé un projet de loi qui limiterait la capacité du Parlement à invoquer cette clause. Pourquoi cette question est-elle importante pour vous?

L’utilisation croissante de la disposition de dérogation par les provinces me préoccupe, et j’ai peur que nous en fassions une chose banale. Quand un gouvernement invoque cet article de la Charte canadienne des droits et libertés pour des choses comme les politiques sur l’utilisation des pronoms dans les écoles ou les conflits du travail, je trouve que c’est excessif.

Le gouvernement du Canada n’y a pas encore eu recours, mais je pense que le Sénat doit discuter de la manière et de la forme que cela devrait prendre s’il devait le faire. J’ai bien hâte de poursuivre la discussion à ce sujet avec mon récent projet de loi.

Vous étiez vice-président du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international quand le comité a publié un rapport de fond sur le service extérieur canadien. Qu’aimeriez-vous que le gouvernement fédéral et les Canadiens retiennent de ce rapport?

Les sénateurs Peter Harder et Peter Boehm, respectivement vice président et président du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, tiennent des exemplaires du rapport du comité Plus qu’une vocation : le Canada doit se doter d’un service extérieur adapté au XXIe siècle en 2023.Les sénateurs Peter Harder et Peter Boehm, respectivement vice‑président et président du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, tiennent des exemplaires du rapport du comité Plus qu’une vocation : le Canada doit se doter d’un service extérieur adapté au XXIe siècle en 2023.

Je pense que le Canada a été bien servi et qu’il continuera d’être bien servi par son service extérieur. Nous avons rédigé notre rapport pour conseiller le gouvernement sur la façon d’adapter son service extérieur aux besoins du 21e siècle. Notre pays dépend des relations internationales. Nous devons élargir le rôle que nous jouons dans le monde, et un service extérieur aligné sur les objectifs du gouvernement dans ce domaine pourra continuer de servir le Canada extrêmement bien. 

Vous avez été le sherpa du premier ministre aux sommets du G8. Comment décririez-vous votre expérience?

Les réunions sont extrêmement décontractées et il y a un véritable engagement de la part des chefs d’État. J’ai favorisé l’adoption des compromis nécessaires à la production d’un communiqué, ou déclaration finale, de tous les dirigeants participants. Les réunions ont porté entre autres sur l’action climatique, l’allégement de la dette africaine et les maladies transmissibles comme le VIH/sida. Je pense que le Canada a fait progresser la discussion sur ces questions. 

J’étais dans la salle quand on a remis une note au premier ministre du Royaume-Uni Tony Blair au sujet des attentats à la bombe du 7 juillet 2005 à Londres. Puis, au Sommet du G8 à Saint-Pétersbourg l’année suivante, il y a eu la guerre du Liban. Les hauts dirigeants ont aussitôt entrepris des conversations informelles sur les mesures possibles. Stephen Harper, qui était le premier ministre du Canada à l’époque, a beaucoup travaillé avec les autres dirigeants et représentants pour accélérer l’envoi d’une aide humanitaire. 

Le sénateur Harder (à droite) a été le sherpa du premier ministre Paul Martin (qui est assis à la droite du sénateur) aux sommets du G8 aux États-Unis et en Écosse. On voit aussi le président des États-Unis George Bush (deuxième à partir de la gauche) sur la photo. Le sénateur Harder a également été le sherpa du premier ministre Stephen Harper au Sommet du G8 à Saint Pétersbourg. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder (à droite) a été le sherpa du premier ministre Paul Martin (qui est assis à la droite du sénateur) aux sommets du G8 aux États-Unis et en Écosse. On voit aussi le président des États-Unis George Bush (deuxième à partir de la gauche) sur la photo. Le sénateur Harder a également été le sherpa du premier ministre Stephen Harper au Sommet du G8 à Saint‑Pétersbourg. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

Le premier ministre Paul Martin et le chanteur et activiste Bono discutent devant une Guinness sous le regard du sénateur Harder au sommet du G8 de 2005 à Gleneagles, en Écosse. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)Le premier ministre Paul Martin et le chanteur et activiste Bono discutent devant une Guinness sous le regard du sénateur Harder au sommet du G8 de 2005 à Gleneagles, en Écosse. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)

Vous allez atteindre l’âge de la retraite obligatoire en 2027. Que voulez-vous accomplir comme sénateur durant les deux prochaines années?

Les sénateurs ont le mandat d’examiner les projets de loi du gouvernement, alors ma priorité est d’en faire les meilleurs projets de loi possible. 

J’ai lancé une enquête sénatoriale sur la réforme de la GRC, y compris pour renforcer son rôle de service de police fédéral et le soulager du travail qui relève de la compétence provinciale, et j’aimerais continuer à y mettre mon énergie. 

Je continue aussi de m’intéresser à la politique étrangère, un domaine dans lequel les problèmes ne manquent pas. 

Vous avez longtemps été choriste. Quelle place la musique occupe-t-elle dans votre vie?

La musique a toujours fait partie de ma vie. Durant mon enfance, j’ai joué du violon, du violoncelle et du piano et j’ai chanté dans des chorales – et j’étais le membre le moins musicien de ma famille! J’aime la musique classique. Je suis récemment allé voir Angela Hewitt jouer du Bach et du Mozart au Centre national des arts à Ottawa. L’orchestre a ensuite interprété la Symphonie no 5 de Beethoven, ce qui m’a rappelé des souvenirs, puisque je l’avais jouée au violoncelle dans l’orchestre des jeunes. 

Vous aimez aussi lire dans vos temps libres. Avez-vous des livres à nous recommander?

Dans notre monde populiste et isolationniste, je vous recommanderais le tout dernier livre d’Anne Applebaum, Autocratie(s). Timothy Snyder, un grand historien spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est à l’Université Yale, a publié un excellent livre assez récent, De la liberté. J’aime aussi les romans policiers et les romans d’espionnage, comme les œuvres de John le Carré et de son fils, dont le nom de plume est Nick Harkaway. Et je suis un admirateur d’Ian Rankin. Il flotte une odeur de cigarette et d’alcool quand on lit ses romans. 

Senator Harder poses for a Christmas photo in Centre Block in 2017.Le sénateur Harder pose pour une photo de Noël dans l’édifice du Centre en 2017.

Le sénateur Harder et son épouse Molly Seon rencontrent le gouverneur général Roméo LeBlanc en 1996. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)Le sénateur Harder et son épouse Molly Seon rencontrent le gouverneur général Roméo LeBlanc en 1996. (Crédit photo : Bureau du sénateur Peter Harder)

La gouverneure générale Adrienne Clarkson décerne le prix pour services insignes (ou prix du premier ministre) au sénateur Harder pour son leadership dans la fonction publique en 2000. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)La gouverneure générale Adrienne Clarkson décerne le prix pour services insignes (ou prix du premier ministre) au sénateur Harder pour son leadership dans la fonction publique en 2000. (Crédit photo: Bureau du sénateur Peter Harder)

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