A69 - Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports : «L’utilité publique doit l’emporter»
SOULAGEMENT. Après le feu vert de la justice à la reprise du chantier de l’A69, le ministre aux Transports défend un projet « indispensable » pour désenclaver le territoire. Il plaide pour que l’intérêt général ne soit plus entravé par des recours interminables.
Le JDD. Vous vous félicitez de la reprise du chantier. Pourquoi avoir qualifié son arrêt de « catastrophe » ?
Philippe Tabarot. Je me réjouis des conséquences de la décision de la cour administrative d’appel et de la reprise prochaine des travaux. En février, j’avais immédiatement fait appel de la décision du tribunal administratif : il est nécessaire de mener ce chantier à son terme, j’ai pu le constater en me rendant sur place. Cette autoroute est indispensable pour ce département enclavé : la route nationale est dangereuse, et malgré tous les investissements qu’on pourrait faire, la ligne de chemin de fer ne pourra pas atteindre une vitesse suffisante pour offrir une option attractive de liaison entre Toulouse et Castres. Enfin, ce projet est porté par une région, un département, des parlementaires et élus de tous bords… Ce n’est pas si fréquent ! Le coût de l’arrêt était important et les conséquences de l’empêchement prolongé d’un tel chantier auraient pu s’avérer particulièrement lourdes à tous les niveaux.
Pensez-vous au risque de recours sans fin ?
Bien sûr : les recours se sont multipliés contre d’autres projets, en prenant appui sur la décision de février. S’agissant de l’A69, le sursis à exécution prononcé par les juges mercredi me donne bon espoir que la décision qui sera rendue au fond établira définitivement la « raison impérative d’intérêt public majeur » (RIIPM). Dans le cas contraire, le jugement ferait jurisprudence et pratiquement tous les projets d’infrastructures seraient en danger. Au-delà de ce dossier et sans attendre, le gouvernement a souhaité éclaircir ces procédures qui se sont empilées dans un millefeuille administratif. La RIIPM doit pouvoir être établie au début du processus, au moment de la déclaration d’utilité publique, et non pas si tardivement. C’est le sens de l’amendement au projet de loi sur la simplification que j’ai fait adopter cette semaine à l’Assemblée : il clarifie les choses pour les futurs projets.
Une opposition déterminée s’est manifestée. Est-ce une fatalité de voir s’affronter des positions irréconciliables sur les grands projets ?
Certaines personnes ne souhaitent plus aucun développement dans notre pays. Ce sont en partie les mêmes qui manifestent contre le GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest), contre la ligne Lyon-Turin, le plus grand projet de fret ferroviaire en Europe, contre Notre-Dame-des-Landes à l’époque… Ils opposent leur vision, quels que soient les projets de mobilité, à la position de l’État qui soutient qu’on peut allier transition écologique, projets ferroviaires – c’est le mode de transport le plus vertueux – et projets de désenclavement de certains territoires par la route. Chaque citoyen, quand il a intérêt à agir, doit pouvoir défendre ses positions lors d’enquêtes publiques, et la justice doit pouvoir continuer à se prononcer, puisqu’on est dans un État de droit, quand il est temps de le faire. Mais pas quand les deux tiers du chantier sont réalisés ! Dès lors que l’utilité publique est déclarée, elle doit pouvoir prévaloir.
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