Selon plusieurs analystes et médias spécialisés, Snapchat aurait l'ambition de créer des lunettes à réalité augmentée.

Snapchat, l'appli de partage de photos à la mode chez les ados.

L'Express

Ce n'est plus un téléphone, c'est un greffon. De quoi vous faire regretter de lui avoir offert un forfait, ou vous donner envie de verrouiller le réseau WiFi familial. Combien de fois vous êtes-vous demandé ce qu'il pouvait bien fabriquer le nez collé à son portable? Que votre ado passe sa journée à envoyer des textos, ça, vous le savez déjà. Que le deuxième usage privilégié soit les réseaux sociaux, vous vous en doutez. Mais si pour vous le monde se limite à Facebook, voire à Twitter, ou que vous en êtes restés aux Skyblogs, vous êtes au moins en retard d'une génération.

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L'adolescent français moyen reçoit son premier téléphone mobile à 11 ans, selon Médiamétrie. Il envoie 381 SMS par semaine entre 12 et 17 ans, selon une étude du Credoc. Et il délaisse Facebook, qu'il continue à utiliser mais a minima.

A cela, une raison assez simple: la majorité des adolescents sont "amis" avec leurs parents sur Facebook. Aux Etats-Unis, c'est le cas de 70% des ados. Or, moins d'un sur cinq restreint la visibilité de ses publications à une partie seulement de ses amis. Sur Facebook, la règle, c'est que ce qu'on poste est visible par tous. Comme il ne faut pas prendre les jeunes pour des idiots et qu'ils maîtrisent beaucoup mieux qu'on voudrait le croire leur identité numérique, ils choisissent donc ce qu'ils postent en fonction du réseau.

Et il ne faut pas se voiler la face, ce à quoi leurs parents ont accès, c'est juste un glaçon échappé de la partie immergée de l'iceberg. 70% des ados cachent à leurs parents ce qu'ils font en ligne. Encore une statistique américaine, dénichée par l'agence de communication Heaven, mais sans doute extrapolable à la France. D'où leur nette préférence pour le smartphone, qui préserve davantage leur jardin secret que le PC familial.

Il n'en faudra pas plus pour que les parents imaginent le pire. Cyber-harcèlement, photos compromettantes... Bien sûr, cela peut arriver. Mais ces lieux où les ados se créent leurs propres règles et utilisent un langage crypté pour les adultes, ont toujours existé. Pour la sociologue Joëlle Menrath, interrogée par Petitweb, ils ont toujours du sens. "Les adolescents vivent dans un contexte public par défaut. Ils doivent conquérir le sens de l'intime". Quant aux craintes de voir les jeunes se couper de "la vraie vie", c'est une idée reçue. Par exemple, les ados qui envoient le plus de SMS et les gens qui interagissent le plus sur les réseaux sociaux sont aussi ceux qui ont le plus d'interactions "in real life".

Tour d'horizon des applis avec lequelles jonglent aujourd'hui les ados.

Facebook, leur carte d'identité officielle

Facebook, c'est leur couverture, dans les multiples sens du terme. Une sorte de carte d'identité officielle sur internet, une page chapeau qui peut renvoyer vers leurs diverses identités numériques, un profil idéal, aseptisé et socialement valorisant. "Sur Facebook ou Instagram on poste ses photos officielles et sur Snapchat, celles prises sur le pouce", résume Joëlle Menrath à Petitweb. "Facebook, c'est plus pour la famille et les personnes plus âgées", nous confie Aurore, 15 ans. Pas question d'y raconter sa vie. Pour ça, maintenant les jeunes se tournent plutôt vers Twitter, où Korydwen, 16 ans, a par exemple l'impression "qu'il y a moins d'adultes". En revanche, ils utilisent Facebook Messenger pour envoyer des messages privés, en complément d'autres messageries instantanées.

Les ados que nous avons interrogés font tous très attention à ce qu'ils postent sur Facebook, et sont tout à fait conscients des problématiques liées à la protection de la vie privée ("Je demande l'autorisation à mes amis avant de poster une photo, je suis un peu parano", "je ne voudrais pas que certains contenus me fassent du tort plus tard quand je chercherai un travail"). Emma (14 ans), elle, n'a pas accepté ses parents en "amis" sur Facebook, mais elle a réglé avec eux les paramètres de confidentialité de son compte, et applique leurs conseils sur les autres réseaux sociaux qu'elle utilise.

Snapchat, pour échanger des photos sur le vif

C'est LE réseau social à la mode chez les jeunes, et le premier outil de partage de photos dans le monde (100 millions d'inscrits). Il s'y échange 400 millions de photos par jour, contre 350 millions sur Facebook, et 55 millions sur Instagram. C'est simple, ça va vite, on est sûr que le destinataire a bien vu la photo, et ça cartonne. Matteo, 12 ans, dont les parents "ne connaissent pas Snapchat", en échange ainsi 15-20 par jour avec ses amis (ce qui semble être un minimum pour les adeptes de cette appli). Lui utilise un iPod Touch mais ses camarades ont déjà pour la plupart un smartphone.

Snapchat, "c'est le grand défouloir, comparé à la tyrannie de la belle apparence exigée sur Facebook. Ces images traduisent le besoin d'insignifiance de cette génération", estime Joëlle Menrath dans son interview. La particularité de cette appli réside dans le fait que les destinataires n'ont que quelques secondes pour visionner les photos, qui "s'autodétruisent" ensuite. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'aspect "éphémère" des contenus sur Snapchat ne semble pas être la motivation principale pour utiliser l'appli. En effet, les utilisateurs peuvent contourner ce dispositif en faisant des captures d'écran (ils "screenent"), et ils ne s'en privent pas. Mais dans ce cas, celui qui publie la photo en est averti. 9 fois sur 10, les photos sont envoyées à une seule personne.

WhatsApp, la messagerie qui a rattrappé Facebook Messenger

La messagerie instantanée WhatsApp est devenue le cinquième réseau social mondial avec 350 millions d'utilisateurs actifs par mois, derrière Facebook (1,16 milliard par mois), YouTube, Qzone et Sina Weibo, deux sites chinois. En décembre, c'était la deuxième appli gratuite la plus téléchargée sur Google Play dans le monde, derrière Facebook et devant Facebook Messenger, d'après les chiffres de Distimo.

Ce type d'application de messagerie instantanée est en plein boom. Les jeunes en installent plusieurs, 2,1 en moyenne. Les alternatives à WhatsApp, la plus populaire, sont légion et offrent toutes à peu près les mêmes services (discussion à plusieurs, envoi de photos et de vidéos...): WeChat (100 millions d'utilisateurs actifs dans le monde), Viber (200 millions d'inscrits), ChatOn (100 millions d'inscrits), Kik, KakaoTalk...

Ask.fm, le site de questions-réponses provoc'

Sur Ask.fm, tous les contenus sont publics. Les utilisateurs se posent des questions entre eux, et peuvent rester totalement anonymes. Sur ce réseau social, "certaines questions, qui se distinguent par leur tenue orthographique et leur teneur bienséante, émanent des administrateurs du site eux-mêmes. Toutes les autres questions traitent presque exclusivement de sexualité, d'amitié, d'amour" indique dans une étude réalisée pour le compte de la Fédération française des télécoms Joëlle Menrath, qui le compare à un "action ou vérité" moderne, "à la tonalité facilement agressive". Le site est décrié pour êtreun haut lieu de cyber-harcèlement, mais la sociologue nuance ce jugement dans son étude: "La fréquentation d'Ask.fm et le risque qu'elle fait courir à l'image de soi comporte une dimension initiatique".

Ask.fm a réuni 821.000 visiteurs uniques de 15-24 ans en novembre 2013 selon Médiamétrie. Plus de 11% des 15-24 ans le fréquentent et l'audience du site est constituée de 44% de cette tranche d'âge, toujours selon Médiamétrie.

Skype, pour les conversations vidéo

Skype n'est pas mort, loin de là. Les jeunes l'utilisent toujours pour avoir des conversations vidéo, par exemple pendant une partie de jeu vidéo, ou pour rester en contact avec un amour de vacances qui habite une autre région... Certains ados en font une utilisation plus étonnante: en laissant tourner Skype dans leur chambre même quand ils ne sont pas en conversation, un peu comme dans une télé-réalité où la caméra filme en permanence.

Line, le chat où les images règnent

Encore une messagerie instantanée. Sa particularité: recourir beaucoup aux "émoticônes" dans les chats, ces petits visages expressifs qui permettent de faire passer des émotions, et dont les adolescents raffolent. "Des smileys, j'en mets tout le temps, explique Korydwen, sinon j'ai l'impression de parler à un robot, sans émotions". Line gagnerait 10 millions de dollars par mois en vendant des "vignettes" à 0,99 dollar, sortes d'émoticônes améliorées. 1 milliard de stickers seraient ainsi échangés par jour. L'appli compte 300 millions d'inscrits dans le monde.

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