Prix du livre RH : l’entreprise doit repenser sa mission responsable

Le prix du livre RH a été remis cette année à Blanche Segrestin et Kevin Levillain pour leur ouvrage La mission de l’entreprise responsable.

L'entreprise doit repenser sa mission responsable. (GettyImages/Yagi-Studio)

Blanche Segrestin est chercheuse à l’école des Mines ParisTech. Kevin Levillain, lui, est enseignant-chercheur au sein de la même institution, et co-dirige la chaire Théorie de l’entreprise de parisTech. Tous deux sont à l’origine de l’ouvrage La mission de l’entreprise responsable avec lequel ils ont remporté le prix du livre RH. Ce livre part d’un constat : la puissance créatrice de l’entreprise transforme le monde qui l’accueille. Cette puissance est à la fois indispensable pour répondre aux défis contemporains, mais aussi potentiellement dangereuse. Or, face à cette puissance, les mécanismes de responsabilité de l’entreprise ont atteint leurs limites : l’État ne peut canaliser les capacités d’innovation des entreprises, ni innover à leur place et les initiatives volontaires de RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) montrent leurs limites. Ce livre propose donc une nouvelle approche de la mission des entreprises pour sortir de cette impasse et proposer de nouveaux schémas de responsabilité de l’entreprise.

Selon vous quelle est la mission de l’entreprise responsable ?

La véritable question qui se pose est comment faire pour permettre à l’entreprise de préserver sa capacité d’innovation et s’assurer qu’elle mobilise ses forces dans le sens d’une innovation responsable adaptée aux enjeux d’aujourd’hui. Il nous semble en effet essentiel de repenser la notion de responsabilité de l’entreprise car celle-ci ne peut pas être réduite à ses impacts du passé. Aujourd’hui, il faut reconnaître que l’entreprise est actrice de cette notion et il faut mobiliser celle-ci pour répondre à ces défis.

Vous parlez de crise contemporaine de l’entreprise : qu’entendez-vous par là ?

Nous sommes au cœur d’un mouvement responsable et sociale depuis maintenant longtemps grâce à la RSE.  S’il y a déjà eu des avancées, nous sommes tout de même dans un moment critique aujourd’hui car nous sommes au terme d’un moment où l’entreprise ne pense qu’à ses profits et aux profits des actionnaires. Aujourd’hui, on sait que cela conduit à un grand nombre de dégâts, de scandales et de débâcles. Il nous semble que la loi Pacte arrive à un moment où il faut remettre une certaine confiance dans l’entreprise quand la RSE ne suffit pas. Un modèle juridique différent permettrait de mieux mettre en avant ces initiatives de responsabilités sociétales et environnementales de l’entreprise .

Allier profit et respect de l’environnement, est-ce compatible selon vous ?

Nous pensons qu’il n’y a pas de raison qu’une certaine rentabilité soit incompatible avec des valeurs sociales mais cela suppose que les entreprises aient une approche innovante de ces notions. Mais il est évident que si les profits sont prioritaires sur le reste, cela posera des problèmes. Il faut pouvoir développer des modèles économiques adaptés avec la création notamment de sociétés à mission.

Vous avez des exemples ?

L’entreprise Nutriset, une ETI de Rouen, a développé des produits de lutte contre la malnutrition dans les pays du sud. C’est un bon exemple car elle est à but lucratif mais qui, au travers de son innovation a inventé un produit qui est aujourd’hui distribué par toutes les ONG. Ils ont mis au service de cet enjeu leur capacité d’innovation.

La mission de l’entreprise responsable de Blanche Segrestin et Kevin Levillain

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