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Énergies renouvelables : comment les faire passer à 65 % du total?

Panneaux solaires

Panneaux solaires

Photo : Standard Solar Inc

Radio-Canada

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) lance un message clair. Pour nous assurer de ne pas dépasser un réchauffement planétaire de 2 degrés Celsius en 2100, avec un taux de probabilité de 66 %, nous avons besoin d'une « transition énergétique d'une ampleur exceptionnelle, vaste et rapide ».

Une analyse de Gérald Fillion

Il faut que les émissions de CO2 atteignent leur sommet en 2020, dans trois ans, et elles doivent avoir chuté de 70 % en 2050 par rapport au niveau d’aujourd’hui pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris.

On ne peut plus faire semblant de s’attaquer à la question environnementale. Les énergies renouvelables, les sources énergétiques à faibles émissions de carbone, le nucléaire et les énergies fossiles qui peuvent être technologiquement captées et stockées doivent répondre à 70 % de la demande en énergie en 2050, selon l’AIE. Les énergies solaire et éolienne devraient devenir les premières sources d'électricité en 2030.

Les solutions sont connues, mais elles doivent être appliquées dès maintenant. Il faut cesser de subventionner les énergies fossiles, le prix du carbone doit grimper à 190 $ US la tonne et il faut des politiques écoénergétiques solides, affirme l’AIE dans un rapport qui contient également des évaluations de l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA).

Effets positifs sur l'économie

Il faut agir immédiatement. Les États doivent travailler ensemble, doivent mettre au point des technologies ensemble. L’AIE prévoit qu’en additionnant ces mesures, on aura un effet positif sur le PIB mondial de 0,8 % en 2050. Les pertes économiques que certains craignent ne tiennent généralement pas compte d’un prix du carbone beaucoup plus haut et de la fin des soutiens financiers aux producteurs d'énergie fossile. En ajoutant les gains de l’efficacité énergétique, cette transition est nettement rentable, selon l’AIE et l’IRENA.

« La transformation du système énergétique pour arriver à la cible plus faible que 2 degrés de l’accord de Paris est techniquement possible, est-il écrit dans le rapport, mais elle demande des réformes significatives, un prix du carbone fortement incitatif et des innovations technologiques additionnelles. »

Il faut arriver à ce que 95 % de l’électricité fournie en 2050 provienne de sources à faibles émissions de gaz à effet de serre. Et à 70 % d’autos électriques. L’intensité du secteur industriel devra être 80 % plus faible qu’aujourd’hui.

Ce que montre l’Agence internationale de l’énergie, c’est que nous ne sommes plus à l’ère des demi-mesures. Il faut agir de façon draconienne. Ça veut dire qu’il faut en moyenne 3500 milliards de dollars américains en investissements annuels dans les énergies renouvelables d’ici 2050. C’est le double de l’argent qui était injecté dans ces secteurs en 2015. Déjà, on assiste à forte poussée de l’énergie solaire aux États-Unis. Il faudra en faire encore plus.

Pour éviter un réchauffement planétaire de plus de 2 degrés Celsius, il faut éliminer le charbon, réduire notre consommation de pétrole de moitié par rapport à aujourd’hui. Il faut faire passer la part des énergies renouvelables de 15 % à 65 % en 2050. Les programmes actuels sur la question des gaz à effet de serre ne nous amènent qu’à 24 %. Pour arriver à 65 %, l'AIE affirme qu'il faut multiplier par sept le taux de croissance annuel de la part de l'énergie renouvelable.

Ce sont six millions d’emplois qui seront créés par ce virage, selon l’AIE et l’IRENA, qui prévoient que cela va largement compenser les pertes à prévoir dans les énergies fossiles.

Et donc?

Dans ce contexte, il est difficile de comprendre la politique de Donald Trump, qui refile la facture à ses petits-enfants. Il est difficile également de saisir pleinement la politique d'expansion du secteur pétrolier au Canada, même s'il est vrai et répété dans le rapport de l'AIE que la demande va dépasser l'offre pendant un certain temps encore.

Avec une forte poussée des énergies renouvelables dans le monde, le gouvernement Trudeau, qui vient d'approuver la construction et le prolongement de pipelines, devrait noter un passage important du rapport : « Le monde ne se retrouvera pas privé d'énergies fossiles, mais ça va stopper l'utilisation des ressources les plus difficiles, qui ont des coûts de production élevés, comme les sables bitumineux et le pétrole de l'Arctique. »

On est très loin des gestes de rupture nécessaires pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris. « Nous sommes tout simplement incapables, aujourd’hui, écrit Normand Mousseau dans son ouvrage Gagner la guerre du climat, de définir avec un tant soit peu de précision les technologies et les choix sociaux qui nous permettront de réduire de 80 % les émissions de GES des pays riches tout en continuant à améliorer notre qualité de vie. »

Il est pourtant plus que temps d'agir.

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