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« De plus en plus, le métier de designer recourt à la 3D »

« C’est déjà demain ». Entretien avec Luc Fusaro, 27 ans, designer au studio innovation del’équimentier sportif New Balance, à Boston, depuis 2013.

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Publié le 23 novembre 2016 à 18h45, modifié le 23 novembre 2016 à 18h45

Temps de Lecture 4 min.

Un étudiant fait de la modélisation design sur ordinateur

Le métier de Luc Fusaro allie ses deux passions : le design et le sport. Au quotidien, il conçoit des chaussures de running pour le grand public et de sprint pour le champion Trayvon Bromell. En parallèle, ce mordu d’athlétisme s’entraîne cinq fois par semaine. Encore étudiant, il s’est fait remarquer en concevant, avec plusieurs camarades, le podium des Jeux olympiques de Londres, en 2012, choisi par le Comité olympique à l’issue d’un concours. Cet Isérois a commencé sa carrière en Allemagne, chez Adidas, avant de rejoindre New Balance. Il raconte son parcours et donne ses conseils aux aspirants designers

Quels cursus d’études avez-vous suivi ?

Quand j’avais 6 ou 7 ans, je voulais déjà être designer, je dessinais beaucoup de chaussures et de maillots de foot. Par la suite, comme j’étais très bon en maths, j’ai suivi la voie traditionnelle : un bac S, option sciences industrielles, puis une classe préparatoire scientifique avant d’être reçu à Centrale Lyon. La formation me plaisait, mais un jour, j’ai eu un déclic. Un intervenant nous a demandé quel serait notre job de rêve et j’ai répondu : designer ! Dans le cadre d’une troisième année à l’étranger, j’ai intégré le double master « Innovation Design Engineering » du Royal College of Art et de l’Imperial College de Londres. C’est une formation très réputée, avec seulement 4 % d’admis. Son originalité : il n’y a ni cours ni classe. L’apprentissage se fait sous forme de projets, seul ou en petit groupe. Toutes les semaines, le travail est évalué par des tuteurs. Pour mon projet personnel, en 2012, j’ai imaginé des chaussures d’athlétisme en impression 3D, ce qui m’a valu des articles dans la presse. New balance ou Nike commençaient tout juste à tester cette technique.

Vous travaillez aux Etats-Unis, après une première expérience en Allemagne. L’international est-il incontournable chez les équipementiers sportifs ?

Trois zones du monde rassemblent quasiment toutes les entreprises : Puma et Adidas se trouvent à Nuremberg, en Allemagne ; Reebook, New Balance et Saucony à Boston, et Nike à Portland sur la côte Ouest, aux Etats-Unis. Elles travaillent les unes à côté des autres pour faciliter les mouvements et attirer les talents. C’est un petit monde très fermé. Pour preuve, un de mes collègues de New Balance est parti chez Nike où il travaille aujourd’hui avec un de mes anciens collègues d’Adidas ! Dans cette industrie très concurrentielle, les entreprises américaines savent reconnaître les talents et la valeur des individus. Elles n’hésitent pas à promouvoir un salarié pour le garder.

En matière de design, quelles sont les compétences recherchées par New Balance ?

Il faut avoir de très bonnes idées, mais aussi savoir les visualiser et les communiquer. Le designer travaille au sein d’une équipe qui comprend des ingénieurs, des développeurs et des professionnels du marketing. Ils n’ont pas forcément la même habileté que lui pour imaginer le projet futur. Il est donc essentiel de représenter l’objet via un dessin, un prototype, de la 3D, puis de suivre son développement en usine. New Balance est en quête de talents déjà repérés. Moi, j’ai été recruté en 2013 juste après un contrat de six mois chez Adidas Innovation Team en Allemagne. Aux Etats-Unis, je bénéficie d’un visa accordé à des professionnels dotés de compétences spécifiques. C’est mon double profil de designer et d’ingénieur qui a fait la différence, ainsi que les concours que j’ai remportés dans le passé, comme celui qui m’a permis de concevoir le podium des JO de Londres, en 2012. Au quotidien, j’utilise mes savoirs en ingénierie et je comprends plus facilement les procédés technologiques et les résistances des matériaux qu’un designer classique.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui rêvent de travailler dans le design ?

Les entreprises recherchent un « côté unique » que l’on aura, par exemple, si on maîtrise certains procédés de fabrication ou logiciels. Moi, c’est notamment mon projet de chaussures d’athlétisme en impression 3D conçu pendant mes études qui m’a aidé à être repéré. Je conseille donc aux jeunes d’être curieux et aussi de se former à l’étranger. Le Royal College of Art de Londres est considéré comme la meilleure école de design au monde. Aux Etats-Unis, le College of Design, Architecture, Art and Planning de l’université de Cincinnati est également très coté. Parmi les écoles françaises, Créapole semble particulièrement réputée pour le design automobile.

Dans ce secteur innovant, comment vont évoluer les besoins dans les années à venir ?

De plus en plus, le design se déplace vers la 3D. On nous encourage à travailler entièrement avec cette technique, c’est un phénomène très nouveau. D’ici cinq à dix ans, je pense qu’on ne fera plus de design en 2D. En fait, la 3D représente juste un outil pour communiquer plus facilement un projet, mais elle nécessite des compétences digitales, comme la maîtrise de logiciels de conception assistée par ordinateur. Quant à l’impression 3D, elle génère aujourd’hui beaucoup d’essais, mais son coût reste un frein majeur. Son développement est un des gros défis du futur !

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