La dernière épreuve d’un champion
Un pionnier du mouvement paralympique recevra l’aide médicale à mourir jeudi matin
Un pionnier du mouvement paralympique québécois et canadien, le cycliste Gary Longhi, recevra l’aide médicale à mourir jeudi matin à Montréal, le jour de son 56e anniversaire de naissance.
Courageux, déterminé et résilient, le sportif hors-norme aura marqué toute une génération d’athlètes par ses exploits, mais aussi par les épreuves qu’il a surmontées depuis son accident de motocyclette en 1983.
Son incroyable force de caractère en dépit d’un handicap sévère réussissait à tirer une larme à la plupart des gens qui l’ont côtoyé depuis une trentaine d’années.
Une quinzaine d’amis lui ont rendu un dernier hommage mardi devant son domicile du quartier Saint-Michel.
« Mon cousin, c’est un héros caché. Il a toujours voulu vivre une vie normale, mais il n’a pas pu. Il était toujours là pour tout le monde », a confié son cousin, l’artiste Marco Calliari.
Atteint de deux cancers foudroyants, dont l’un incurable, il a lui-même choisi la date de son départ. Les médecins lui donnaient quelques semaines à vivre tout au plus. Fier compétiteur, Gary Longhi a tracé sa ligne d’arrivée.
« On n’y croit pas, mais il est en paix avec ça. C’est un privilège de choisir sa date », a expliqué Marco Calliari.
Longue réadaptation
Gary Longhi est né à Montréal en 1964. Sa vie a basculé alors qu’il n’avait que 19 ans.
Après trois mois dans le coma et une trachéotomie, il ne pouvait rien faire sauf ouvrir les yeux et respirer sans aide selon le témoignage de son entourage.
Trois ans plus tard, à Cuba, Gary a commencé à s'entraîner en vélo. Miraculé, il a pris part à quatre Jeux paralympiques, en commençant par ceux de Séoul en 1988.
En 1992, à Barcelone, il a remporté la médaille d'argent dans le contre-la-montre. En 1996, à Atlanta, il a mis la main sur l'or dans le contre-la-montre et le bronze dans la course de 20 km.
Il fut également le porte-drapeau du Canada pour les Jeux paralympiques de Sydney, Australie, en 2000. Des problèmes de santé l’ont forcé à prendre sa retraite l’année suivante.
Le cyclisme était un exutoire pour lui. « Parfois, dans la société, je me sens comme un marginal. Mais sur le vélo, je suis normal. Rien n’y paraît. Tout semble plus lisse. C'est la liberté pour moi », peut-on lire dans un superbe texte rédigé par la compagne de son cousin, Christyna Pelletier.
Parler en public était parfois pour lui une source de gêne, mais son attitude évacuait les malaises, précise-t-elle. Malgré son état, il était l’aidant naturel de sa mère.
Parcours impressionnant
Gary Longhi est membre du Temple de la renommée de la Fédération québécoise de sport cycliste (FQSC) et du Temple de la renommée du cyclisme canadien. Il est le premier athlète en paracyclisme à y être intronisé.
« Ce qui distingue Gary, c’est sa gentillesse, sa grande générosité et son incroyable sens de l’humour. Je ne connais personne qui a connu Gary qui n’a pas été touché par lui », a conclu Louis Barbeau, directeur général de la FQSC.