S’adapter ou non aux Millennials, telle est la question. Vraiment ? Ne vous demandez pas si vous devez franchir le cap, mais plutôt comment vous y prendre. Afin d’attirer et de recruter les talents Y et Z, des entreprises ont choisi de bousculer leur stratégie de recrutement. Quelles sont leurs bonnes pratiques ?

Attirer les générations Y et Z : se mettre aux réseaux sociaux

Quoi ? Accenture se lâche sur Snapchat ? Depuis 2017, c’est une réalité. Le très sérieux cabinet de conseil surfe sur le social media aussi ludique que récréatif. A y regarder de plus près, il n’y a finalement rien d’étonnant. En effet, deux tiers des recrutements annuels de l’entreprise internationale concernent des stagiaires et de jeunes diplômés. Pour s’adresser à eux, autant se rendre visible sur les plateformes qu’ils utilisent le plus. CQFD. D’après une étude ComScore, 78 % des 18-24 ans disposent de Snapchat.

Pour attirer l’attention des générations Y et Z, Accenture n’est pas la seule entreprise à investir des réseaux sociaux spécifiques. Mazars, spécialiste de l’audit, du conseil et du service aux entreprises a plus récemment mené campagne sur Instagram pour capter les Millennials. Et pour cause, 71 % des 18-24 ans y sont présents !

Retours d’expérience authentiques : la force des collaborateurs ambassadeurs

Les générations Y et Z s’inscrivent dans une tendance de fond qui touche le monde du travail, à savoir la quête de sens. D’après une enquête menée par le cabinet Deloitte et le réseau social professionnel Viadeo, un salarié sur deux a choisi son métier pour répondre à une quête de sens au travail.

Acquérir de nouvelles compétences, assurer la transmission des savoirs ou encore reconnaître les performances des collaborateurs sont créatrices de sens aux yeux des collaborateurs. Pour attirer les Millennials, il est important de leur prouver par A+B que ces valeurs existent bien au sein de l’entreprise.

Les témoignages des stagiaires, alternants, étudiants et jeunes diplômés restent un bon moyen de rassurer ces talents lors du recrutement, tout en leur donnant des éléments objectifs leur permettant de se projeter dans l’organisation. Que peuvent-ils apprendre ? Quel est le degré d’autonomie ? Seront-ils accompagnés ? Quel est le modèle en matière de management ? Ont-ils des perspectives d’évolution ? Et de quel ordre sont-elles ? 

Mais ces récits ne seront que du bla-bla s’ils manquent d’authenticité et d’exemples précis. Une étude réalisée par la start-up PathMotion et Immersion Neuroscience souligne que trop d’entreprises mettent en avant des témoignages « formatés » et « couvrant la même poignée de sujets ».

A bon entendeur.

Jobdating et escape game pour se rencontrer autrement

Pour attirer les Millennials, les recruteurs leur proposent aussi des rencontres fun et décalées « IRL », c’est-à-dire In real life, dans la vraie vie. En mars 2018 a eu lieu par exemple la 5e édition de How I met my Start-Up, une référence à peine voilée à la série humoristique à succès How I met my mother. Le ton est donné !
26 entreprises innovantes ont ouvert leurs portes à 150 étudiants issus de onze grandes écoles ainsi qu’à des demandeurs d’emploi. En revisitant le principe de portes ouvertes, les start-ups ont ainsi échangé avec de potentiels candidats, voire même démarré un processus de recrutement.

Les entreprises se creusent les méninges pour organiser des événements susceptibles d’intéresser leur cible, notamment lorsqu’elles visent à recruter des profils pénuriques. Pour toucher de jeunes ingénieurs, Segula Technologies a lancé en 2017 une soirée escape game autour d’un scénario comprenant une dizaine d’énigmes. Etaient visés les étudiants en école d’ingénieurs à qui l’entreprise a proposé au terme de la partie une rencontre informelle pour découvrir les opportunités professionnelles au sein du groupe.

Le bien-être au travail : un angle incontournable de communication

Ne dit-on pas que les jeunes générations sont sensibles à l’environnement de travail ? L’ambiance, mais aussi l’équilibre vie professionnelle/ vie personnelle, le management… seraient autant de facteurs susceptibles de les séduire comme de les faire fuir. Le bien-être au travail apparaît donc comme un enjeu fondamental pour le recrutement.

Une étude publiée par AssessFirst conforte cette idée puisqu’un jeune de 18 à 25 ans interrogé sur deux voit une corrélation forte entre épanouissement personnel et bien-être au travail. Ils préfèrent même opter pour un emploi moins ambitieux avec des collègues qu’ils apprécient, plutôt que d’exercer un métier passionnant dans une ambiance plus hostile.

Lorsqu’elles prennent le sujet avec sérieux, les entreprises ne manquent pas de créativité en la matière et n’hésitent pas à communiquer sur le sujet en interne comme en externe, à l’image de My Little Paris. L’entreprise ouvre volontiers les portes de ses bureaux aux médias et n’est pas avare en détails. 

A l’heure où le télétravail est plébiscité par les salariés, tout est fait pour leur donner l’impression de travailler de chez eux. My Little Paris occupe les sept étages d’un immeuble parisien et à chaque niveau, les collaborateurs retrouvent une vraie cuisine, une salle de bains, un espace bibliothèque, quand le mobilier a été chiné par les salariés eux-mêmes.

Tout est également orchestré pour que les collaborateurs se rencontrent, échangent et partagent des idées, un esprit collaboratif qui plaît aux Millennials. Aussi, My Little Paris a mis sur pied plusieurs rendez-vous comme les Mega Labs qui ont lieu tous les mois dans un ancien théâtre. Chacun évoque les sujets du moment qui l’inspirent. Les Friday Drinks, quant à eux, ont lieu les vendredis et sont l’occasion de célébrer les bonnes nouvelles liées à l’organisation.

Quels sont les moyens dont dispose aujourd’hui l’entreprise pour attirer et fidéliser les générations Y et Z, ces « digital natives » ? Les innovations technologiques, certes, qui permettent dans le même temps de réduire la fracture numérique entre l’entreprise et le reste de la société. Mais l’entreprise a une autre corde à son arc : l’humain. C’est en remettant les collaborateurs au centre du jeu, en leur proposant une expérience de qualité que l’entreprise sera susceptible de capter leur attention, de les séduire et de les fidéliser. A méditer.