L’e-commerce va créer 5 000 emplois
Le gouvernement assouplit le recours au travail de nuit dans l’e-commerce.Le secteur applaudit.
- Publié le 18-10-2016 à 06h52
- Mis à jour le 18-10-2016 à 06h53
Une des mesures phares du gouvernement visant à renforcer la marge de manœuvre des entreprises en matière d’emploi est certainement celle qui va autoriser le travail de nuit dans le secteur de l’e-commerce. Le besoin se faisait sentir depuis quelques années, singulièrement depuis que les Pays-Bas ont assoupli le régime de travail dans le secteur (en 2008). Cet assouplissement avait incité plusieurs centres logistiques à s’installer aux Pays-Bas tout près de la frontière avec la Belgique, leur permettant de prendre des parts de marché. Il fallait donc réagir. C’est désormais chose faite.
Travailler de 20 heures à 6 heures du matin
En clair, les entreprises du secteur qui souhaitent accélérer leurs processus d’envoi de commandes chez leurs clients, vont pouvoir bénéficier d’une loi autorisant l’organisation d’équipes de nuit travaillant à partir de 20 heures jusqu’à 6 heures du matin.
Le travail de nuit dans l’e-commerce avait été autorisé en 2015. Mais cette disposition avait été peu suivie. "En effet, cette disposition n’était possible que sous réserve de l’implémenter dans les entreprises au terme d’une négociation avec les syndicats , explique Carine Moitier, administratrice-déléguée de l’association sectorielle BeCommerce. Le dispositif n’a été suivi pratiquement que par quelques webshops comme Newpharma.be, Pizza.be ou Torfs en raison de la lourdeur de la procédure de négociation. La différence, maintenant, c’est que le texte sera inscrit dans la loi. Les entreprises concernées pourront dès lors organiser leur activité de nuit sans concertation."
Il y a un peu plus d’un an, BeCommerce assurait que l’instauration du travail de nuit permettrait la création de quelque 5 000 emplois en Belgique. Il maintient ce chiffre. "Nous avions effectué un calcul de proportion par rapport à ce qui est observé chez nos voisins, en France et aux Pays-Bas. Et nous estimons toujours que cette masse d’emploi sera créée dans les trois années à venir" , assure Carine Moitier.
Quels seraient les bénéfices d’une telle adaptation pour le secteur ? "La demande de la clientèle va vers des livraisons de plus en plus rapides, ce qui est réalisable lors du traitement des commandes la nuit pour une livraison le lendemain. Le nouveau cadre légal va nous permettre de lutter à armes égales avec nos concurrents étrangers. Je pense surtout aux webshops qui vont pouvoir organiser une activité continue dans leurs entrepôts. On parle ici d’emplois peu qualifiés, consistant en la réalisation des colis, leur enlèvement et leur acheminement."
Amazon aux aguets
Est-ce que cette nouvelle disposition est de nature à attirer chez nous des géants du secteur ? "Oui, vous le savez, Amazon a décidé d’ouvrir un bureau à Bruxelles. Je vois cela comme une première étape avant le développement de nouvelles activités ici. Il faut savoir qu’Amazon expérimente déjà des livraisons dans l’heure à Berlin et à Paris… Et le géant américain de l’e-commerce a entamé les grandes manœuvres pour attaquer le marché néerlandais et la Flandre au passage."
Et cela toucherait quels secteurs en particulier ? "Tous les secteurs et tous leurs clients sont demandeurs d’un raccourcissement des délais de livraison. De grandes enseignes de l’électroménager proposent déjà d’emporter les appareils achetés, dans l’heure, dans leurs dépôts ou leurs magasins…" , conclut Carine Moitier.
bpost attend de voir
Le secteur belge du transport devrait lui aussi tirer profit d’une accélération de l’e-commerce dont le chiffre d’affaires a atteint l’an passé 8,2 milliards d’euros (selon l’étude BeCommerce Market Monitor). On peut imaginer que bpost aussi aura à cœur de profiter de cette aubaine. Une porte-parole de bpost confirme que par nature, l’entreprise est liée à l’e-commerce. "Un éventuel changement dans la réglementation aura un possible impact indirect, au travers d’une augmentation des volumes de paquets transportés. Mais le marché B2C belge est occupé par la plupart des opérateurs du secteur."