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En Isère, des bénévoles « ouvrent leurs maisons » aux migrants

Créé en mai, un collectif d’habitants de la région de la Matheysine, en Isère, vient en aide aux migrants à hauteur de ses moyens. Un reportage de notre série #FrançaisesFrançais.

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Publié le 17 octobre 2016 à 14h02, modifié le 20 octobre 2016 à 14h01

Temps de Lecture 6 min.

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Maria (à gauche), arrivée du Kosovo en 2013, a fait une demande d'asile en France. Elle est hébergée par Elisabeth (à droite) et Pierre, membres du CARM (Collectif d’accueil des réfugiés en Matheysine) à Roizon, sur le plateau Matheysin (Isère).

Pour le déjeuner, Elisabeth Forest a fait réchauffer des haricots verts. « Elle adore ça, les haricots verts », dit-elle en se tournant vers la grande table du séjour où est assise Maria (le prénom a été changé). La jeune femme, discrète, acquiesce dans un sourire. Depuis le mois de mai, le régime alimentaire de cette jeune Kosovare de 35 ans est une des préoccupations principales d’Elisabeth et de son mari, Pierre. Mais aussi de dizaines d’autres habitants du plateau matheysin, en Isère. Lorsqu’elle est arrivée chez eux, Maria ne mangeait presque rien. « Elle est descendue à 39 kg pour presque 1,80 m », s’inquiète Marie-Paule André, qui habite à quelques kilomètres de là.

Maria, les cheveux tirés en arrière et le visage anguleux, a 35 ans. Quand elle est arrivée en France après avoir fui le Kosovo en 2013, elle a vécu dans la rue pendant trois ans. Jusqu’à ce que les membres du Collectif d’accueil des réfugiés en Matheysine (CARM) lui ouvrent leurs portes. Sur ce territoire perché à mille mètres d’altitude, à 40 kilomètres au sud de Grenoble, la crise migratoire est d’abord arrivée par les médias. La photo du petit Aylan, la situation à Calais, ont fortement marqué les esprits ici comme ailleurs. Mais c’est une exposition qui a servi de déclic.

En avril, Betsie Pequignot, artiste plasticienne de « presque 70 ans », figure de la vie locale, a disposé des dizaines de « bouteilles à la mer » remplies d’images et de témoignages de migrants sur le sol d’une ancienne chapelle. « Ce soir-là, les gens venaient sans arrêt me demander : “Qu’est-ce qu’on peut faire pour les aider ?” » raconte Betsie dans sa maison de La Mure, une commune de 5 000 habitants, la principale du territoire. Elle décide alors d’organiser une réunion publique pour réfléchir à des solutions. Le CARM est né dans la foulée. De douze membres au départ, ils sont aujourd’hui soixante-dix.

C’est suite à une exposition de l’artiste plasticienne Betsie Pequignot dans cette chapelle sur le plateau Matheysin que le CARM (Collectif d’accueil des réfugiés en Matheysine) a été créé.

« A 20 ans, je voulais changer le monde »

Si tous sont animés par le même désir de « faire », chacun a aussi ses propres raisons. Pour Jacqueline Zanichelli, 84 ans, c’est une histoire de famille : ses grands-parents ont accueilli des immigrés italiens dans les années 1930, ses parents ont caché des juifs pendant la seconde guerre mondiale. « Donc, pour moi, ça ne pouvait pas être autrement », affirme la doyenne du collectif.

Catherine Frier, enseignante de 54 ans, évoque plutôt un questionnement intérieur : « Je me suis toujours demandé comment je pourrais raconter qu’en 2016 des gens se noyaient aux portes de l’Europe et qu’on n’a rien fait. » Il y a encore Hubert Mingarelli, écrivain de 60 ans, qui prend part à une initiative collective pour la première fois : « J’ai eu un peu honte d’être indigné, d’avoir de bonnes idées, mais de ne jamais rien en faire. » Ou Gaëlle Poncet, qui elle a toujours été active sur le terrain humanitaire : « A 20 ans, je voulais changer le monde, à 45, j’ai compris qu’il était plus efficace d’agir à mon échelle. » Et il y a aussi Marie-Paule et Jacques André, tous deux retraités et membres de l’Action catholique ouvrière, qui ont pris la résolution « d’ouvrir davantage notre maison parce que, nous, on a trop de choses ».

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