Dépistage du cancer du côlon : qui est concerné ? quels examens ?

Publié par Sylvie Dellus  |  Mis à jour le par Sylvie Gotlibowicz

Repéré tôt, le cancer du côlon et du rectum se guérit dans 90 % des cas. Les plus de 50 ans bénéficient d'un dépistage gratuit du cancer colorectal. avec le test immunologique de recherche de sang dans les selles. Quelles personnes à risque sont incitées à se faire dépister par coloscopie, l'examen de référence du dépistage ?

Le cancer du côlon et de rectum, que l’on désigne par le terme de "cancer colorectal", touche chaque année plus de 43 000 Français. C’est le deuxième cancer le plus meurtrier (source 1).

Dépistage organisé du cancer colorectal : quand le faire et pourquoi ?

Toute personne de 50 à 74 ans sans symptômes ni facteurs de risque particuliers (antécédents familiaux de cancer du côlon, maladie de Crohn et autres MICIs…) est invitée à se faire dépister tous les deux ans, dans le cadre d’un dépistage organisé sur le même modèle que celui du cancer du sein. Objectif : rechercher des traces de sang occulte (non visible à l’œil nu) dans les selles, signature d’une possible anomalie, polype intestinal ou cancer du gros intestin.

Pourquoi se faire dépister ?

  • Ce cancer se développe lentement, à l’intérieur du côlon ou du rectum, à partir de lésions appelées polypes. Les repérer à temps permet de guérir dans neuf cas sur dix. Là est l’enjeu du dépistage organisé. Ce dispositif permet en effet de détecter 70 % des cancers colorectaux à un stade précoce. Le cancer du côlon et du rectum représente le deuxième cancer le plus fréquent chez les hommes et les femmes.
     
  • Si vous faites partie de la population concernée par le test (femme ou homme de 50 à 74 ans ne présentant pas de symptôme), ce dépistage proposé tous les deux ans est entièrement gratuit (aucune avance de frais).
     
  • Et il peut vous sauver la vie car l’âge est un facteur de risque important de cancer colorectal. 95 % des cas surviennent en effet après 50 ans.

Un taux de participation qui reste faible : seulement 34,3 % de la population concernée par ce dépistage organisé ont fait le test sur la période 2021-2022, selon Santé Publique France.

Qu’est-ce que le test immunologique de recherche de sang dans les selles ?

Le test immunologique, plus fiable, a remplacé l’Hemoccult (test au gaïac) dans le dépistage organisé du cancer du côlon. Il vise toujours à rechercher du sang dans les selles et se fait chez soi. Le test consiste à prélever un échantillon de selle et à l'envoyer par la poste au laboratoire de biologie médicale. Les résultats sont envoyés par courrier ou sur internet (resultat- depistage.fr) dans les 15 jours.

Avantages

  • Ce test est plus fiable que l’ancien test au gaïac. Il cible de façon spécifique l’hémoglobine humaine et ne réagit donc qu’en présence de sang humain : le résultat ne peut pas être influencé par l’alimentation (viande rouge crue). Il détecte ainsi 2,4 fois plus de cancers et 3,7 plus d’adénomes avancés (lésions précancéreuses) que l’ancien test, avec moins de risques de faux positifs.
  • Le test est indolore.
  • Il ne prend que quelques minutes. Un seul prélèvement est nécessaire. Il suffit de piquer les selles avec un bâtonnet et de l’introduire dans un tube qu’on envoie au laboratoire via l’enveloppe T fournie, dans les 24 h suivant le prélèvement. Penser à bien indiquer la date du prélèvement.

Inconvénients

  • L’autoprélèvement de selles peut rebuter.
  • Un test négatif ne signifie pas nécessairement absence de cancer : un polype qui ne saigne pas n’est en effet pas détecté
  • Lorsque le résultat est positif (il révèle la présence de sang), une coloscopie est indispensable pour confirmer le diagnostic.

En vidéo : Le test de dépistage du cancer colorectal est-il fiable ?

Comment faire le dépistage organisé du cancer colorectal ? Comment obtenir le kit de dépistage ?

Pour faciliter l'accès au dépistage, les modalités d'obtention du kit de dépistage se sont diversifiées.

  • Chez le médecin : entre 50 et 74 ans, une lettre d’invitation au dépistage est envoyée tous les deux ans au domicile des personnes concernées. Elles la présentent ensuite à leur médecin traitant pour qu’il leur remette le test. Après 74 ans, la lettre d’invitation n’est plus envoyée, et le médecin n’est pas censé remettre un kit pour une prise en charge à 100 %. En revanche, il peut prescrire une recherche de sang dans les selles, remboursée à 60 % par l’Assurance-maladie et à 40 % par la mutuelle. La personne doit se présenter au laboratoire d’analyses, avec cette ordonnance.
     
  • Faire une demande en ligne : il est possible de recevoir le kit de dépistage directement à son domicile, sans être obligé d’aller chez le médecin pour le récupérer. II suffit de s’identifier en ligne sur le site de l’Assurance Maladie : monkit.depistage-colorectal.fr en renseignant le n° d’invitation reçue par courrier et de répondre à quelques questions. La réception du kit se fait sous 15 jours.
     
  • Chez un pharmacien participant : le pharmacien, qui a reçu une formation spécifique, s’assure que le test est le dépistage adapté à la personne qui en fait la demande. Le cas échéant, il lui remet le test de dépistage.

Bon à savoir : chez le médecin ou chez le pharmacien, le test peut être retiré avec ou sans l'invitation envoyée par courrier.

Combien ça coûte ? Est-ce remboursé ?

Ce dépistage organisé du cancer du côlon est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale, sans avance de frais. Une enveloppe préremplie est fournie (pas besoin de timbre) pour l’envoi au laboratoire pour analyse.

En vidéo : Mode d’emploi du test immunologique, dépistage cancer du côlon

Kit de dépistage cancer colorectal : comment obtient-on les résultats ?

Les résultats sont disponibles :

  • en ligne, par lien adressé par SMS 3 jours ouvrés après l’envoi du test (resultat- depistage.fr) ;
  • par courrier : il faut compter 15 jours ouvrés après l’envoi.

Détection d’une tumeur intestinale : dans quels cas faire une coloscopie ?

La coloscopie est un examen permettant de visualiser le côlon. En pratique, un tuyau flexible muni de fibres optiques est introduit dans le côlon. Ce geste est pratiqué sous anesthésie légère et remboursé. Plusieurs indications rendent nécessaires la réalisation d’une coloscopie.

  • Si votre test immunologique de dépistage est positif : seule une coloscopie permet de vérifier la présence de polypes (de petites tumeurs qui, à l’analyse, peuvent s’avérer cancéreuses) et de les ôter aussitôt.
  • Si vous êtes un patient à risque élevé : en cas d’antécédents familiaux de cancer colorectal (15 à 20 % de la population), d’anémie, de modifications inhabituelles du transit, de maladie inflammatoire du côlon… la coloscopie reste l’examen le plus fiable, qui protège à 90 % sur dix ans.
  • Hors facteur de risque et hors dépistage organisé, si vous constatez du sang dans les selles ou présentez des douleurs abdominales associées à des troubles du transit.

Faire un coloscanner à la place d’une coloscopie ?

Examen invasif, nécessitant une préparation rigoureuse, la coloscopie est souvent redoutée. Dans certains cas, une coloscopie virtuelle ou coloscanner, qui fait appel aux rayons X, peut être proposée. Toutefois, elle ne permet pas de faire une biopsie (prélèvement de la paroi pour analyse) ni de retirer un polype.

Dépister le cancer du côlon par une prise de sang ?

Il existe une alternative au test immunologique à partir des selles, jugé rebutant par certains patients. Il s’agit du test Septine 9, ou Epi proColon. Disponible en France depuis 2012, il recherche dans le sang l’ADN modifié du gène Septin 9, un marqueur de cancer du côlon. Principal avantage : une simple prise de sang suffit.

Inconvénients

  • Il coûte environ 150 euros, non remboursés par la Sécurité sociale. Quelques mutuelles — très peu nombreuses — le prennent en charge à hauteur de 50 %.
  • Sa fiabilité n’est pas confirmée : "Il n’existe pas d’études réalisées en population de masse en situation de dépistage qui ont été publiées et qui démontreraient la fiabilité et les performances de ce test sanguin", tient à préciser l’Institut national du cancer.

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