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Nicolas Mathieu : « Mon parcours d’étudiant n’avait aucune valeur sur le marché du travail »

« J’avais 20 ans » : « Le Monde » interroge une personnalité sur ses années d’études et son passage à l’âge adulte. Ce mois-ci, Nicolas Mathieu, Prix Goncourt en 2018 pour « Leurs enfants après eux ».

Propos recueillis par 

Publié le 27 novembre 2019 à 06h00, modifié le 12 février 2021 à 18h10

Temps de Lecture 8 min.

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Nicolas Mathieu.

Originaire d’Epinal (Vosges), Nicolas Mathieu a obtenu le prix Goncourt en 2018 pour son livre Leurs enfants après eux (Actes Sud, 2018). Le roman évoque, le temps de quatre étés des années 1990 dans une vallée de l’est de la France, les destinées scolaires de jeunes lycéens : la fragmentation des horizons à l’orée du passage à l’âge adulte et la difficulté d’échapper à son conditionnement social. Un livre qui fait écho à son propre parcours d’étudiant, sur lequel il revient.

Quel était, dans votre famille, le rapport à l’institution scolaire ?

Ma famille appartient à la classe moyenne inférieure. Mon père, qui était électromécanicien, avait arrêté l’école à 14 ans. Ma mère, comptable, l’avait aussi quittée très tôt, à 16 ans. J’ai été un fils unique très choyé. Sur les parcours scolaires, mes parents étaient un peu largués. Certes, ils m’avaient inscrit dans un bahut privé, choisissant allemand et latin pour que je me retrouve dans les bonnes classes.

Mais, à côté de cette ébauche de stratégie, ils pensaient que tout n’était pas accessible. « Tout le monde ne peut pas devenir ingénieur », répétait ma mère. On ne dirait pas ça dans une famille bourgeoise… Mes parents croyaient simplement que, si je travaillais bien, je réussirais à aller au lycée – pour eux, ce n’était pas une évidence. Et que, si je faisais des études, j’aurais nécessairement un bon travail…

« J’ai adoré la fac d’histoire. Ces études m’ont entraîné vers le refus de l’univocité »

Etiez-vous bon élève ?

Au collège oui, mais j’ai plongé ensuite. Je n’en foutais pas une. Et, à 17 ans, je n’étais vraiment pas bien dans ma tête, j’ai fait une dépression. J’avais des peines de cœur, je détestais le côté moutonnier du lycée, la classe toute la journée, les sports collectifs… A l’heure du déjeuner, je m’enfermais pour lire Voyage au bout de la nuit, de Céline, à la bibliothèque de l’établissement. J’ai eu mon bac L avec 10 de moyenne, des notes en langues et en maths lamentables. Mais j’avais quand même eu 18 à l’oral du bac français, l’épreuve portait sur L’Invitation au voyage de Baudelaire.

Après votre bac, à Epinal, vous allez à l’université de Nancy. Etait-ce par choix ou par défaut ?

Ma prof de français, mademoiselle Martin, m’avait conseillé des lectures pour me remonter le moral, comme les Mémoires d’une jeune fille rangée, de Simone de Beauvoir. Je lis cela, et je lui dis que, moi aussi, j’aimerais vivre à Paris, fumer des cigarettes et étudier à Normale-Sup. Elle me dit : « Vous savez, avec vos notes, les prépas, cela risque d’être compliqué… » C’était la première fois que j’entendais parler de cet univers : les grandes écoles, les voies royales – dans ma famille, cela n’existait pas.

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