A en croire les expatriés, l’herbe est sacrément plus verte ailleurs et pour rien au monde ils ne reviendraient dans ce pays bloqué au XIXe siècle qu’est la France. C’est de bonne guerre, quand on a choisi de s’expatrier, on est prêt à faire preuve de pas mal de mauvaise foi pour justifier cette décision. Mais si on gratte un peu, si on fouille au fond du cœur de nos enfants prodigues, il y a bien deux ou trois trucs qui manqueront toujours aux Français déracinés. Non, il y en a 10.

Les croissants

Nul n’est plus franchouillard que le grand voyageur : rien de tel qu’un bout de camembert dans l’avion arrosé d’un vin rouge moyen, rien ne vaut le fromage ramené par un compatriote au nez et à la barbe des douanes locales, nul n’égale le premier croissant payé trop cher dans une brasserie parisienne une fois revenu en France. Et si en plus le serveur peut être odieux, c’est encore mieux.

La sécurité sociale

En général les expat’ sont très critiques à l’égard du système français. Et dans toutes les capitales du monde vous pouvez entendre un Français gueuler contre l’administration de son pays natal. Dans ce cas, une seule réponse, sortez votre petite carte verte, et il va se calmer tout de suite, et vous demander :« Tu l’as eue où ? Tu l’as eue où ? ». Parce que vraisemblablement, là où il est, on ne prend pas la carte vitale. Juste du cash.

L'identité régionale

Partir à l’étranger durablement, c’est devenir un « Français » aux dépens de ce qu’on était avant. Si vous étiez « le Corse » ou « l’Auvergnat » dans votre cercle d’amis en France, c’est terminé une fois à l’autre bout du monde. Et quand on vous demandera « Tu es Français ? De Paris ? » vous vous tuerez à expliquer que non, vous êtes de Bretagne, que c’est vachement mieux, mais tout le monde s’en foutra.

Le dentiste

Que fait un expatrié de passage en France pour les vacances ? Un petit contrôle dentaire. Et après il va dire bonjour à la famille. Parce que si ce n’est pas très engageant d’aller se faire examiner les chicots par nos dentistes, on est au moins convaincu de leur compétence. A l’autre bout du monde, on n’est pas à l’abri d’un malentendu, surtout que les langues étrangères avec une moitié de bouche anesthésiée, ça n’est pas évident…

Crédits photo (CC BY 2.0) : Matthew Logelin

Des mets raffinés (et hors de prix)

Certes, il y a beaucoup d’endroits dans le monde où la gastronomie est très respectable, mais l’expatrié digne de ce nom ne rate jamais un salon du vin délocalisé ou une occasion de s’incruster dans les jardins de l’ambassade quand son Président ou son premier Ministre est en visite officielle, il vendrait père et mère pour une petite spécialité d’Auvergne.

La télé

Ceux qui pensent que ça y est, la télé est finie et que Youtube et le streaming ont changé la donne, que la culture est mondialisée et que l’exception culturelle est morte et enterrée n’ont jamais été expatriés : oui, secrètement, l’expat’ utilise un VPN pour regarder « Envoyé Spécial » et « La Maison France 5 » sur Pluzz, il télécharge les grosses comédies françaises, il se débrouille pour récupérer les plus affligeantes télé-réalités bien de chez nous. Le mauvais goût télévisuel, ça ne disparaît pas avec un voyage long-courrier.

Crédits photo (Domaine Public) : TV5 Monde

Les sites touristiques les plus fréquentés

Ça ne vous aurait jamais traversé l’esprit de visiter le Mont Saint-Michel ou le Sacré Cœur avant, et pourtant, c’est ce que vous avez fait au cours des deux semaines de vacances qui vous ont permis de repasser en France. Et si on allait au Futuroscope ? Allez…

La littérature

On a beau parler la langue locale parfaitement et se montrer désireux de se plonger dans la culture de notre pays d’accueil, on est bien content de tomber sur un Centre Culturel français pour y emprunter le dernier Houellebecq ou un vieux Louis Calaferte. Sinon, on peut compter sur la famille qui a glissé le dernier Astérix dans le colis de bouffe.

Nos marrronniers

C’est à l’autre bout du monde qu’on prend conscience du caractère rassurant de ces sujets qui fleurissent dans les infos tous les ans. Il n’y a pas de sujets sur « les soldes » en Chine et on ne fait pas de micro-trottoir sur les sujets du bac de philo au Canada. Quel est l’intérêt de vivre dans un pays qui se passe de débat sur la galette frangipane contre la galette briochée chaque année au mois de janvier ?

Des Français, malgré tout

Parce que l’expérience à l’étranger ne vaut que lorsqu’elle est terminée, l’expat’ n’a qu’une hâte, c’est de retrouver ses compatriotes pour leur conter ce qu’il a vécu. Si votre bagnole est arrêtée par un kangourou et que les gens autour de vous trouvent ça tout à fait normal, vous n’aurez qu’une perspective : retrouver vos potes français dans un bar et leur raconter ça.