Amundi embarque Lyxor sur la voie du 1er gé(r)ant européen d’ETF

Anne Barrat

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«Lyxor nous permet d’asseoir notre leadership sur le marché européen de la gestion passive et sur les actifs alternatifs liquides» explique Fannie Wurtz d’Amundi.

Le 6 janvier 2022 était confirmée la naissance d’un géant européen et mondial de la gestion passive réunissant Amundi et Lyxor. Elle intervenait quelque 8 mois après l’annonce du projet d'acquisition de Lyxor, qui était alors le 3e acteur en Europe, avec une part de marché de 7,7% et 95 milliards d’actifs sous gestion, pour un montant de 825 millions d’euros. Un temps record pour une opération d’une envergure unique dans son impact comme dans ses ambitions: construire le leader européen des ETF et le leader mondial des ETF ESG. Eclairage avec Fannie Wurtz, directrice de la division distribution & banques privées, de la gestion passive et alternative d’Amundi.

Jusqu’ici Amundi avait privilégié la croissance organique, est-ce un changement de stratégie?

La stratégie d’Amundi a toujours été de créer de la valeur. La création d’Amundi le 1er janvier 2010 participait déjà de cet objectif, puisqu’elle est issue de d’une mégafusion entre les activités de gestion d'actifs de Crédit Agricole Asset Management (CAAM) et de Société Générale Asset Management (SGAM), des poids lourds donc. La dernière décennie a été largement consacrée, il est vrai, à déployer des efforts en interne pour faire de cette fusion inaugurale la réussite que l’on sait: avec 1’811 milliards d'euros d'encours gérés à fin septembre 2021, Amundi se classait à la première place des gestionnaires d’actifs en Europe, 9e sur le plan international. Ce leadership s’illustre plus encore sur le segment de l’investissement responsable où Amundi, avec 399,2 milliards d’encours pour les fonds ouverts fait figure de n°1 mondial, loin devant le second BlackRock (selon le classement Broadridge de septembre). J’arrêterai là cet inventaire, dont le principal mérite est de montrer le chemin parcouru en un peu plus de dix ans, à la faveur de notre croissance organique. Laquelle ne nous a jamais interdit de regarder des opportunités de rapprochement stratégique dont Lxyor est le meilleur exemple. 

«Notre gamme d’ETF représentera plus de 170 milliards d'euros d'actifs sous gestion.»
Quels sont les objectifs de cette opération de croissance externe?

Les objectifs sont multiples. La taille en est un: l'acquisition de Lyxor le, pionnier européen des ETF, permettra à la plateforme combinée des deux entités de se hisser au 1er rang européen des fournisseurs européens d’ETF. Notre plateforme de gestion passive  (Solutions ETF, Indicielles & Smart Beta) représentera plus de 170 milliards d'euros d'actifs sous gestion. Nous aurons ensemble 14% de part de marché sur le segment des ETF UCITS. Les synergies ensuite, du point de vue des produits d’abord: nos gammes d’ETF se complètent bien, la belle franchise de Lyxor sur les ETF climatiques et thématiques renforce notre offre. Au final, nous aurons une des gammes les plus complètes du marché, composée de plus de 300 ETF. Du point de vue des équipes ensuite: là encore les complémentarités l’emportent largement, l’apport des compétences de Lyxor nous permettra de renforcer notre empreinte globale sur le segment des ETF climatiques et d’impact. Les perspectives de développement enfin: l’union d’Amundi et de Lyxor élargira l’accès des investisseurs à des produits cotés Ucits, qui remportent un franc succès en Asie et en Amérique latine.

A quoi ressemblera cette nouvelle entité?

Au terme du processus d’intégration, qui devrait prendre deux ans et verra la mise en œuvre progressive d’une nouvelle organisation, des fusions juridiques, de la migration informatique, le nouveau groupe bénéficiera de synergies de coûts avant impôts de l’ordre de 60 millions d'euros par an à partir de 2024 et de synergies de revenus de l’ordre de 30 millions d’euros par an à partir de 2025. Plus agile, plus profitable, le groupe comptera sur les talents des équipes réunies, sans restructuration à la clé. Les départs ne représenteront pas plus de 3% environ des effectifs combinés, soit un niveau inférieur au «turn-over» naturel des entités; aucun départ ne sera imposé.

«Au cœur de la philosophie de cette fusion figure la volonté d’équilibre et de respect des valeurs ajoutées de chacune des entités.»

Lionel Paquin, aujourd’hui CEO de Lyxor, a déjà rejoint le Comex d’Amundi, Arnaud Llinas, responsable ETF et solutions indicielles de Lyxor, a pris la responsabilité de la ligne métier ETF, Indiciel et Smart Beta pour l’ensemble du groupe Amundi tandis que Nathanaël Benzaken, le Chief Client Officer de Lyxor, a pris la responsabilité de la nouvelle ligne métier Alternatives chez Amundi. Au cœur de la philosophie de cette fusion figure la volonté d’équilibre et de respect des valeurs ajoutées de chacune des entités.

Que vous apportera Lyxor en plus de consolider votre positionnement sur le segment des ETF?

L’ajout de Lyxor ne permet pas seulement au nouveau groupe de bénéficier d’une gamme plus étoffée, elle permet également de diversifier notre réseau de distribution. Par ailleurs, Lyxor était extrêmement bien positionné sur la gestion alternative liquide. L’objectif est de développer ce secteur d’activités au sein de la nouvelle entité Amundi Alternatives, un secteur en plein essor, en lien avec la forte croissance de la demande des investisseurs pour des produits de type hedge funds. Amundi devrait connaître une croissance de 50% des encours de son offre de fonds UCITS d’ici 2025.

La marque Lyxor perdurera-t-elle?

Les produits existants seront progressivement migrés sous la marque Amundi. Un des secrets du développement des ETF tient à leur diversité: les besoins des investisseurs sont variés. Le choix est clé pour les investisseurs, aussi bien institutionnels qu’individuels.

Quelles sont les perspectives du nouveau groupe?

L’axe majeur de la stratégie du nouveau groupe sur l’activité de gestion passive concerne le leadership de son positionnement sur les ETF ESG. Ces derniers devraient représenter 40% de notre gamme d’ici 2025, ce qui signifierait que leur proportion aura doublé. Du côté du profil financier du nouveau groupe, la perspective 2024 est une augmentation du ROI de 10% sur trois ans (après prise en compte des seules synergies de coûts) et d’un multiple de résultats d’environ 10 fois les résultats 2021 estimés (après prise en compte des seules synergies de coûts) une création de valeur qui devrait séduire nos actionnaires.

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