Doctolib : la plate-forme de rendez-vous médicaux s’engage à ne jamais vendre vos données

Alors qu’un Français sur deux utilise Doctolib, son fondateur, Stanislas Niox-Chateau, s’engage à ne jamais monnayer leurs données. 250 millions de rendez-vous médicaux ont transité l’an dernier par la plate-forme à laquelle sont abonnés 115000 praticiens.

 Le fondateur de Doctolib, Stanislas Niox-Chateau, le mardi 11 février au siège de la société à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Le fondateur de Doctolib, Stanislas Niox-Chateau, le mardi 11 février au siège de la société à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). LP/Yann Foreix

    Qui eut cru, en 2013, que Doctolib, petite société par actions simplifiée, allait envahir le quotidien des Français, et maintenant des Allemands, avant, sans doute, les Anglais et les Italiens? Utilisée dorénavant par un Français sur deux, selon un bilan que nous avons pu consulter, la plate-forme étend chaque jour un peu plus son emprise sur la planète e-santé, au point de faire craindre à certains la constitution d'un monopole du rendez-vous médical en ligne et des téléconsultations.

    Les chiffres donnent le tournis : 50 millions de visiteurs uniques en janvier 2020, 250 millions de rendez-vous et 150 000 téléconsultations enregistrées sur l'année 2019. Sans compter le seuil des mille salariés franchi en fin d'année dernière et celui des… 32 millions de comptes actifs de patients !

    Une «Charte de protection des données de santé»

    Mais à l'heure où les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) sont critiqués, voire boudés, pour utiliser les données personnelles de leurs clients/visiteurs, Doctolib doit montrer patte blanche. D'autant que certains l'accusent de monnayer les données de santé. « Totalement faux! Il y a des rumeurs, mais il n'y a jamais eu de faits. Ça n'est pas notre modèle économique. Nous nous rémunérons en louant nos services aux professionnels de santé, c'est tout », s'insurge le PDG et fondateur de Doctolib, Stanislas Niox-Chateau, qui lance ce 12 février, à l'adresse de ses patients et des 115 000 professionnels de santé abonnés à la plate-forme, une « Charte de protection des données de santé » avec dix engagements.

    Respect de la directive européenne dite «RGPD (Règlement général sur la protection des données personnelles), contrôle total et exclusif de ses données par le patient, sécurité des données par cryptage dès la collecte, utilisation des informations pour, exclusivement, aider les patients et professionnels à organiser et gérer les rendez-vous, et engagement de ne pas vendre des données personnelles. « C'est interdit par la loi sous peine de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende », rappelle la charte. Enfin, s'agissant de santé, le texte rappelle que toutes les données sont stockées chez un hébergeur certifié par le ministère de la Santé.

    Et si demain la société, valorisée à plus de 1,2 milliard d'euros, était vendue ? Quid des données de santé ? « Les peines de prison et d'amende s'appliqueront de la même manière », réplique Stanislas Niox-Chateau, qui assure que « ça n'est absolument pas d'actualité ». « Nous voulons montrer que contrairement à certains grands acteurs du digital, il est possible d'innover sans renoncer aux valeurs d'humanité et d'éthique », martèle le PDG qui espère « obliger les autres acteurs de la e-santé, présents et futurs, à s'aligner ».

    Jusqu'à 4000 professionnels de santé s'inscrivent chaque mois

    La prise de rendez-vous via Doctolib est désormais un réflexe pour des millions de Français. LP/ Guillaume Georges
    La prise de rendez-vous via Doctolib est désormais un réflexe pour des millions de Français. LP/ Guillaume Georges LP/Yann Foreix

    Cet engagement de non-exploitation des données personnelles est devenu un passage obligé pour la société qui ambitionne de devenir le Google de la santé européen en imposant, petit à petit, sa vision du cabinet médical de demain. Et c'est bien parti, car la licorne française ne cesse de battre ses propres records.

    Pas un mois ne passe sans que 3000 à 4000 nouveaux médecins, infirmiers, dentistes, pédiatres, kinés… ne viennent grossir l'effectif des professionnels abonnés à Doctolib, et donc l'offre de rendez-vous. Un cercle vertueux, pour la jeune entreprise, devenue aussi l'un des acteurs majeurs de l'alternative aux urgences hospitalières. En 2019, révèle son président, 13 millions de rendez-vous ont été pris dans les vingt-quatre heures précédant les consultations. Grâce notamment au temps médical gagné par la baisse de 60 % des rendez-vous non honorés. Une dynamique qui pousse Doctolib à prévoir déjà l'embauche de « 3 à 4000 personnes d'ici 2024 ».

    La concurrence se raréfie