Ce que les DRH pensent de l'enseignement supérieur

Morgane Taquet Publié le
Ce que les DRH pensent de l'enseignement supérieur
Forum étudiants-entreprises à l'université Paris 13 – Campus de Villetaneuse © Université Paris 13 // ©  Université Paris 13
Compétences des diplômés, contenu de l'offre de formation, relations avec les établissements… EducPros a demandé à une trentaine de DRH comment ils perçoivent l'enseignement supérieur. Les premiers résultats, en demi-teinte, laissent entrevoir la persistance de certains clichés.

Mitigés. C'est ainsi que l'on pourrait qualifier les premiers résultats d'une enquête menée par EducPros auprès de DRH sur leur perception de l’enseignement supérieur. Nous avons interrogé une trentaine de responsables du recrutement, travaillant en majorité dans des entreprises de moins de 300 salariés.

Sur l'université en particulier, les réponses restent timides. Si 57% des DRH considèrent que les services des relations avec les entreprises se sont "un peu" professionnalisés ces dernières années, un sur cinq estime que ces services n'ont pas vraiment évolué. D’ailleurs, lorsqu’ils veulent recruter des étudiants à l’université, 60% d’entre eux avouent ne pas savoir à qui s’adresser…

En revanche, les actions de mise en valeur des compétences des diplômés et non plus seulement des connaissances semblent porter leurs fruits : 61% des DRH interrogés soulignent que ces démarches facilitent leur travail de recruteur. Concernant les doctorants cependant, la formation est, sans surprise, jugée trop théorique par la plupart des recruteurs interrogés.

En outre, les interventions de salariés dans les établissements semblent appréciées des recruteurs : 67% précisent que cela renforce leurs liens avec l'enseignement supérieur. Des démarches qui demandent encore à être développées puisqu'un tiers de nos répondants a déclaré ne pas avoir entamé ce type d’échanges.

60% des DRH interrogés ne savent pas à qui s'adresser lorsqu'ils veulent recruter des étudiants à l'université

Un recrutement qui évolue

Recruter en université ? Les entreprises ne semblent visiblement pas hostiles à l’idée, mais encore faut-il savoir où chercher… "Nous ne réalisons pas de veille particulière des formations universitaires, l’offre est tellement large..." reconnaît une responsable de recrutement. Une idée encore largement partagée par les DRH interrogés, puisqu'ils sont 61% à estimer "ne pas être suffisamment informés des formations dispensées dans les écoles et universités". Une offre qui devrait pourtant être largement revue à la baisse dans les années à venir selon les objectifs de réduction de mentions et d’intitulés de licences et masters voulus par Geneviève Fioraso.

Majoritairement, quand il s'agit de recrutement, les entreprises disent ne pas se soucier du diplôme du recruté : elles sont une très large majorité à indiquer se décider au cas par cas selon le profil du candidat. En particulier, le traditionnel parcours "prépa puis école" ne semble plus être privilégié, puisqu’ils sont moins d'un sur dix à avoir une réelle préférence pour ce genre de profil – qui d'ailleurs n'est plus majoritaire dans les grandes écoles.

Toutefois, nuance Katia Marembert, responsable pour IMS Entreprendre d'une enquête réalisée auprès de six grands groupes (1), même si les entreprises disent embaucher plus de profils universitaires qu’il y a dix ans, "elles sont très peu à pouvoir quantifier la part de ces recrutés dans leurs équipes".

Des clichés persistants

Les clichés semblent avoir la vie dure, confirme IMS Entreprendre, dont l’étude traduit en général "une très forte méconnaissance des entreprises à l’égard du système universitaire, constate Katia Marembert. Une bonne partie de l’échantillon ignorait même l’existence de l’alternance !"

En effet, les DRH semblent peu s'intéresser à l'actualité de l'enseignement supérieur. Sur la question des rapprochements d’établissements par exemple, une quinzaine de DRH considèrent que la fusion d'Audencia est pertinente... alors que celle-ci n'a jamais existé ! Skema est davantage reconnue puisqu’elle recueille 35% des suffrages, tandis que Kedge Business school, tout juste sortie de terre, n'est approuvée que par moins de 9% des répondants. À noter d’ailleurs : un tiers des répondants ne s’est pas prononcé sur cette question.

Finalement, "le niveau de connaissance de l’enseignement supérieur est très variable d’une société à l’autre, insiste Katia Marembert. Il est fonction de l’impulsion de la direction et du profil du DRH." Et de l’impulsion des établissements : responsable des ressources humaines du cabinet Deloitte France, Jean-Marc Mickeler dit avoir reçu la visite de Kedge pour présenter la philosophie de la future école. Dans cette perspective, les fusions et regroupements pourraient être l'occasion pour les écoles et universités de renouveler leurs relations avec les entreprises.

(1) Dans cette enquête qualitative d’IMS Entreprendre pour la cité d’avril 2013, réalisée auprès des responsables RH et managers de six grands groupes (Accenture, Bouygues Telecom, AXA, Henkel, L’Oréal et la Société générale), le think-tank d’entreprises interroge les stéréotypes et clichés liés au recrutement de profils universitaires.


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Morgane Taquet | Publié le