A quoi sert l’identité professionnelle, si vous n’avez pas d’employabilité ! Ce fut la réponse d’une DRH lors de la matinée organisée par l’APEC, sur le thème de la mobilité professionnelle des cadres.

La question qui lui a été posée était la suivante : Travaillez-vous sur l’identité professionnelle de vos salariés ? (sous-entendu la connaissance de l’identité professionnelle des salariés favorise-t-elle la gestion des mobilités ?).

La réponse de la DRH : « L’identité n’a aucun intérêt, si la personne n’est pas employable ».

La réponse en mode « circulez, il n’y a rien à voir » a clôturé le débat, avant qu’il ne commence…

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Mais quand on s’appelle id-carrières et que id, c’est justement l’identité professionnelle au service de l’emploi et du parcours professionnel, quand la responsabilité individuelle n’a jamais été aussi grande en matière d’employabilité, et que l’identité numérique joue un rôle croissant dans une recherche d’emploi, la réflexion devait se poursuivre. C’est ce que je vous propose

Identité professionnelle, reconnaissance et employabilité

Je me suis rappelée les échanges avec Valérie Laroche et Claude Dubar  au sujet de l’employabilité et de la reconnaissance.

L’identité professionnelle, selon Claude Dubar, est le fait de se définir individuellement à partir des caractéristiques de son travail, de ses réalisations professionnelles, de ses compétences professionnelles, de l’appartenance à un groupe professionnel (formation, équipe, entreprise, métier, secteur, filière, statut…).

Il distingue 2 identités professionnelles :

l’identité professionnelle biographique, celle que chaque individu formule par lui-même.

Ce sont les caractéristiques professionnelles que la personne pense avoir et souhaite avoir. Le projet professionnel fait partie de l’identité biographique (à relier aussi au CV, au profil social, etc.).

Un des éléments particulièrement intéressants à noter est que la biographie et donc l’identité biographique a aussi pour objectif de corriger et influencer la façon dont les autres nous connaissent et nous reconnaissent cf. Comment faire un CV, ne pas se résumer mais se raconterRédiger votre profil social comme une invitation ).

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l’identité professionnelle relationnelle, celle que les autres nous attribuent.

Elle s’alimente, en complément des éléments que nous leur communiquons, de leurs propres représentations, référentiels ou jugements.

Biographique et relationnelle, la construction d’une identité professionnelle vise à être connu et reconnu. La construction d’une identité professionnelle a pour objectif la reconnaissance par les autres.

L’identité professionnelle peut donc bien servir à l’appréciation de l’employabilité d’un individu.

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Un détour par l’identité numérique professionnelle…

C’est bien ce qui se joue aussi aujourd’hui sur les médias sociaux en matière de recrutement :

– Elaborer son identité professionnelle numérique : elle est de nature biographique au départ.
– La compléter de son identité relationnelle : ce que les autres disent de nous (recommandations, interactions), pour être visible (connu) et si possible être reconnu (la réputation), donc potentiellement employable.

Seulement « potentiellement employable » ! Les normes plus classiques du recrutement se mettent en effet ensuite en action pour finaliser l’évaluation.

Une identité professionnelle numérique forte ne conduit donc pas nécessairement à l’emploi.

Tout l’intérêt originel du recrutement sur les réseaux sociaux, en résonnance avec les nouveaux besoins des entreprises, les fameux talents, résidait justement dans sa capacité à faire évoluer les normes de la sélection pour les ouvrir à de nouveaux critères.

On s’en éloigne de plus en plus.

A l’exception peut-être des métiers du digital et des métiers à forte composante relationnelle. Ces métiers trouvent plus naturellement sur le Web un dispositif de reconnaissance adapté, des normes en résonance avec leur métier ?

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« La reconnaissance professionnelle n’est pas éternelle et les individus sont appelés à se reconstruire une identité reconnue » disait Claude Dubar.

Il ajoutait que « les individus développent des stratégies pour rechercher de nouveaux espaces de reconnaissance où ils sont moins discriminés ».  L’entrepreneuriat ou les activités en free lance sont peut-être ces nouveaux espaces de reconnaissance professionnelle ?? Ils ont aussi leurs normes (celles des clients et des concurrents ?). Peut-être ces nouvelles normes sont-elles moins exclusives et plus évolutives ?

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