Transport d’animaux par temps de canicule : Truck Alert, une application pour tirer la sonnette d’alarme

L’application Truck Alert permet de signaler des conditions de transport douteuses, surtout par forte chaleur. L’ONG Welfarm, basée à Metz (Moselle), veut étoffer son dossier pour peser dans le débat public en faveur de la protection animale. Sans volonté d’identifier les transporteurs.

Aux commandes de l'ONG Welfarm, Judith Dei Rossi et Romain François présentent l'application Truck Alert qui permet de signaler un transport d'animaux effectué dans des conditions de chaleur anormales. LP/Antoine Pétry
Aux commandes de l'ONG Welfarm, Judith Dei Rossi et Romain François présentent l'application Truck Alert qui permet de signaler un transport d'animaux effectué dans des conditions de chaleur anormales. LP/Antoine Pétry

    « Je signale un transport. » Le principe se veut simple et efficace. Vous vous sentez indigné de croiser sur la route une bétaillère remplie d’un nombre d’animaux anormalement élevé, et par une forte chaleur ? Un clic sur le téléphone et Truck Alert se charge du reste. Cette application a été créée par Welfarm, une association engagée pour la protection mondiale des animaux de ferme. Avec son siège à Metz (Moselle), cette ONG œuvre pour la prise en compte du bien-être animal, sur les questions d’élevage, de transport et d’abattage en particulier.

    Un clic pour alerter, donc, et Truck Alert donne la possibilité de prendre des photos du chargement aux conditions de transport suspectes. L’appareil permet de géolocaliser le lieu et l’expéditeur peut également donner quelques éléments de témoignage. Conçue en 2020, Truck Alert a été relancé en 2022 dans le cadre d’une campagne intitulée Chaud dedans. Elle vise à sensibiliser le grand public aux conditions de transport des animaux, surtout dans un contexte de réchauffement climatique.

    Près de 200 signalements ont été enregistrés depuis mai

    « La loi est un peu complexe en la matière, précise Judith Dei Rossi, chargée d’études et de recherche en matière juridique pour le mouvement. Un règlement européen de 2005 considère que les températures d’un transport doivent être maintenues entre 5 et 30 °C, avec une tolérance de 5 °C dans l’habitacle. Mais en France, un arrêté cible l’interdiction de 13 heures à 18 heures dans un département placé en vigilance rouge ou orange, la veille. » Ce qui, de fait, valide une autorisation en temps de canicule à 11 heures, midi, ou 18h30.

    Insuffisant pour Welfarm, qui entend donc peser sur le débat en étoffant le dossier à charge en faveur d’une meilleure prise en compte de la potentielle souffrance animale. Il existe six densités de chargement par espèce (porcins, volaille, équidés, bovins, ovins, caprins), mais le calcul est spécifique, et parfois complexe pour les non-initiés. « Les témoins qui nous signalent un transport aux conditions suspectes sont parfois désemparés ou ne maîtrisent pas forcément la législation. Notre propos n’est pas de dénoncer, ni d’identifier », ajoute Romain François. Les photos sont recensées, compilées mais aussi floutées afin d’empêcher toute identification de plaque minéralogique.



    Près de 200 signalements ont été enregistrés depuis mai sur l’application. L’équipe de juristes de l’ONG messine a analysé les dossiers, et écarté les 10 % de situations licites. Objectif : étoffer un argumentaire qui sera, à l’automne, transmis à la Commission européenne d’une part, et au gouvernement d’autre part. Ce, afin d’étayer le point de vue de la défense animale. « La responsabilité de la densité des animaux dans le camion revient aux entreprises de transport, poursuit Judith Dei Rossi. Mais nos relations avec l’environnement des éleveurs sont satisfaisantes. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs, sont labellisés et luttent contre les abus. »