Qui sont les salariés les moins motivés parmi nos voisins les plus proches ? Les Espagnols avec le moral plombé par la flambée du chômage, non. Les Italiens plombés par leur dette, non plus. Ce sont les Français ! Seuls 61% viennent au bureau remontés à bloc, contre 66% des Espagnols ou 64% des Italiens. Les plus enthousiastes étant les Allemands qui gardent confiance dans leur économie. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par Edenred, l'inventeur du désormais célèbre Ticket Restaurant, auprès de 7.200 salariés dans 6 pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Espagne et Italie).

Les salariés les plus motivés en Europe :

1. Les Allemands : 76% dont 14% pour qui la motivation augmente

2. Les Belges : 73% dont 8% pour qui la motivation augmente

3. Les Anglais : 71% dont 2% pour qui la motivation augmente

4. Les Espagnols : 66% dont 8% pour qui la motivation augmente

5. Les Italiens : 64% dont 11% pour qui la motivation augmente

6. Les Français : 61% dont 5 % pour qui la motivation augmente

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Quel que soit le pays les employés affichent un moral en berne. Une situation qui coïncide avec l'envolée du taux de chômage dans la zone euro, à 12,2% en avril 2013 selon Eurostat (26,8% en Espagne, 12% en Italie, 11% en France, 8,4% en Belgique, 7,7% au Royaume-Uni, 5,4% en Allemagne).

Cette crise de l'emploi inquiète naturellement les salariés. Pour près d'un tiers des sondés, et pour plus de la moitié des Espagnols et des Italiens, le maintien de leur emploi est devenu leur première préoccupation. Résultat : très peu d'employés comptent changer de job. Trop risqué à leurs yeux, et ce, malgré une insatisfaction croissante dans leur travail. "Ces postures par défaut sont porteuses de frustrations", prévient Edenred, qui incite les entreprises à trouver des solutions pour remonter le moral des troupes et, in fine, maintenir leur efficacité. Les budgets alloués aux augmentations de salaires étant gelés, elles peuvent, par exemple, miser sur la promotion interne pour combler le besoin de reconnaissance de leurs employés.

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Autre enseignement intéressant de ce sondage : cette insatisfaction au travail a un impact direct sur le bien-être des salariés. Les Français attribuent ainsi une note de 6 sur 10 à leur qualité de vie au bureau (contre 6,6 sur 10 pour les Allemands). Ces médiocres résultats sont confirmés par l'étude publiée récemment par l'Agence nationale des conditions de travail (Anact), où la note moyenne n'atteint pas plus de 6,1 sur 10. Près de la moitié des 1.000 sondés perçoivent une dégradation de leurs conditions de travail, depuis qu'ils ont commencé leur vie professionnelle. Ils dénoncent le manque de moyens, de temps, d'effectifs, de reconnaissance notamment financière, alors que les exigences restent les mêmes, voire progressent. Ce qui se répercute sur le stress et donc l'ambiance, souligne l'Anact.

Au-delà de l'intérêt du travail et de l'équilibre vie professionnelle/vie privée, être heureux au bureau passe par une reconnaissance de leur investissement et un épanouissement personnel, selon l'Anact. Contrairement à une idée couramment répandue dans les services RH, très peu attachent de l'importance aux "à côtés", tels les services de bien-être (espace détente, conciergerie, etc.) ou les moments de convivialité organisés par l'entreprise (séminaires internes, repas, etc.). Une bonne ambiance de travail se joue, en effet, davantage dans le mode d'organisation et les relations avec le management. N'en déplaisent à certains DRH plus focalisés sur les "petits avantages" que sur les dysfonctionnements internes...

Sandrine Chauvin