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Jalousie : preuve d’amour ou sentiment égoïste ?

Jalousie : preuve d’amour ou sentiment égoïste ?
Thinkstock

Une fois qu’elle s'immisce dans un couple, elle fait souffrir aussi bien la personne qui la subit que celle qui la ressent. La jalousie est à sa manière un poison pour les relations. Fernando de Amorim, psychanalyste, décrypte ce sentiment qui est loin d’être une marque d’affection.

« Le soir j’attendais qu’il rentre et dès qu’il avait le dos tourné je faisais ses poches, regardait son portable. Avant qu’il parte travailler je scrutais d’éventuels changements dans sa manière d’être, de se préparer… Chaque changement était considéré comme de l'infidélité », confie Marielle. Le jaloux est un très bon scénariste, capable de monter de toutes pièces une histoire farfelue à partir de quelques constats et qui pourrait faire un bon thriller. Les autres personnages du film ont beau se justifier, démentir, tenter d’expliquer, rien n’y fait : la jalousie demeure.

La jalousie : entre psychose et syndrome d’OEdipe

Je l’aime, un peu, beaucoup, à la folie… « La jalousie c’est de la paranoïa, une psychose, explique Fernando de Amorim, psychiatre et directeur de la consultation publique de la psychanalyse. Le jaloux sera persuadé que son ou sa partenaire le trompe et il en démord rarement ». Oui, car tout se passe dans sa tête. Lorsque le jaloux a cette certitude mais qu’il ne peut pas expliquer son sentiment, il va être question de combler un vide pour se justifier. D’où la création de signes, d’interprétations, poussées à l’extrême.

Ce sentiment vient souvent d’un état d’esprit bien profond : le complexe d’OEdipe. Si un enfant a été dévalorisé, ou au contraire très materné, il y aura des répercussions au niveau du développement psychoaffectif. L’enfant aura alors en grandissant du mal à se détacher de ses parents, ou ressentira au contraire un manque d’attachement. Et il aura intégré une image déformée du couple. Une autre répercussion est la présence plus tard d’une névrose qui persiste lorsque ce complexe n’est pas résolu. « Il est déjà arrivé à des enfants de ressentir de la jalousie vis-à-vis d’une personne qui était trop proche de leur mère en pensant que cette personne allait la séduire et leur enlever », explique le spécialiste. Un sentiment qui peut donc rester et s’appliquer sur d’autres personnes.

La recherche d’un partenaire se fait la plupart du temps en fonction de ce qui pourrait ressembler à notre figure parentale, construite en tant qu’idéal pendant l’enfance. Le premier modèle que nous ayons est souvent celui de nos parents. C’est pour cela que si ce modèle n’a pas été sain, la reproduction se fera en contradiction avec une relation dite « normale » et pourra se traduire par de la jalousie excessive, de la dépendance affective, des troubles de l’humeur ou une dépression.

La jalousie est-elle naturelle ?

« Quels bénéfices y a t-il à être maltraité au nom de l’amour, s’interroge le spécialiste. Le jaloux ne veut pas satisfaire un manque d’amour, il vient nourrir une relation de pouvoir. » La question de la confiance en soi ne serait pour Fernando de Amorim qu’une excuse pour expliquer ce sentiment mais n’explique en rien la jalousie. Aucun individu n’est confiant par nature. Donc serions nous jaloux naturellement ? « Parfois c’est un comportement séducteur de la part du conjoint, un changement d’attitude, qui va faire naître en certains de la jalousie », explique Fernando de Amorim. Car ce sentiment tient d’abord au désir de posséder l’autre, le jaloux ne veut pas que l’autre lui échappe. Derrière cette volonté d’emprise se cache un état de dépendance affective. Souvent, les jaloux répètent à leurs conjoints qu’ils ne peuvent pas vivre sans eux, qu’ils sont terrorisés à l’idée d’être seuls.

Mais selon le spécialiste, la jalousie se soigne dès lors que l’on parle à un psychanalyste, ce qui n’est pas toujours évident puisque le jaloux considère bien souvent que son comportement est normal. Dès lors, il faut interroger la relation avec les parents, naviguer dans l’inconscient pour découvrir la raison de ce ressenti. Le travail du psychanalyste consiste à sortir le jaloux de cette relation fusionnelle en lui inculquant les principes de l’autonomie, lui apprendre à s’épanouir seul, sans l’autre. « Bien souvent il faut garder à l’esprit que le jaloux souffre autant que son conjoint, rappelle Fernando de Amorim. Il y a une perte d’énergie à épier, on se fait du mal à surveiller l’autre sans cesse pour se rassurer ou conforter son sentiment, chercher des éléments qui mettront l’autre en faute. De l’autre côté, le surveillé souffre d’être privé de liberté. »

La jalousie est par ailleurs un sentiment applicable aussi bien au féminin qu’au masculin. La fréquence et l’intensité de la jalousie est égale aussi bien pour les hommes que pour les femmes. En revanche, les changements s’observent dans la manière de réagir : pour les femmes, la jalousie révèle un comportement hystérique et dépressif tandis que, chez les hommes, elle a un caractère paranoïaque et obsessionnel, ce qui la rend plus difficilement guérissable. « La jalousie ce n’est pas une preuve d’amour. C’est asseoir une autorité sur l’autre, souligne Fernando de Amorim. Si la personne jalouse ne veut pas se rendre compte de son état il vaut mieux partir. »

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