En juin dernier, le fournisseur liégeois d’électricité Lampiris, entrait dans le giron de la multinationale française Total. Environ 3000 clients qui l’avaient choisi pour son électricité verte et locale, ont alors décidé de le quitter. " On n’est pas des pigeons " fait le point : il y a des erreurs sur le site internet de Lampiris qui se voit, aujourd’hui même, ce mercredi 28 septembre, rétrogradé aux dernières places dans le classement des fournisseurs d’électricité établi par Greenpeace.
Ils ont rapidement réagi : 3000 clients de Lampiris l’ont quitté lors de l’annonce de son rachat par Total. Chez le fournisseur d’électricité, on accuse le coup. Pour Tom Van De Cruys, l’administrateur-délégué de Lampiris, " nous avons, aujourd’hui, grâce à une politique de prix bas, regagné ces clients et même, nous en avons fait de nouveaux grâce au battage médiatique qui a fait parler de nous… ". C’est clair, chez Lampiris, on garde le moral ! Mais, les critiques fusent : l’électricité de Lampiris est-elle aussi verte et locale qu’il veut bien le faire croire ?
Anomalies
Nous avons passé en revue son site internet et découvert, il y a quelques jours, d’importantes anomalies. Lampiris met en avant son achat d’énergie à " plus de 1000 producteurs locaux d’énergie verte ". Il va même jusqu’à détailler le pourcentage de ces producteurs par source d’énergie (éolienne, hydraulique, solaire…). Mais voilà : Lampiris " oublie " plus de 50 % dans ce décompte. Un " oubli ", vraiment ? Nous l’avons fait remarquer à son administrateur-délégué. Tom Van de Cruys l’admet : " Il y a clairement une erreur. On va bien sûr la corriger. Ce qui manque ? Il y a une partie " incinérateurs " qui manque clairement ici sur le site. Une partie qui s’élève à 51% de nos producteurs locaux "
L’erreur sur leur site est maintenant corrigée : https://www.lampiris.be/fr/gaz-et-electricite/nos-producteurs-electricite-verte 51% de l’électricité vendue à Lampiris par ses producteurs locaux est produite aussi à partir d’incinérateurs de déchets Mais sur le site, on ne parle pas " d’incinérateurs ", on préfère plutôt les mots " recyclage de déchets " et " combustion ". Pourquoi ?
Greenpeace s’en mêle
Parce le sujet est sensible : l’électricité issue des incinérateurs - qui n’est pas de l’énergie renouvelable selon Greenpeace - est une des raisons qui a poussé l’ONG environnementale à rétrograder Lampiris aux dernières places de son classement des fournisseurs d’électricité. Ce classement vient tout juste de sortir (http://www.greenpeace.org/belgium/fr/). Il y a deux ans, Greenpeace classait Lampiris dans les premiers avec 13/20. Aujourd’hui, il est rétrogradé avec moins de 5/20. Pourquoi ? " Lampiris a trop peu de production propre, 22% seulement ", précise Juliette Boulet, la porte-parole de Greenpeace qui ajoute : " Il achète de l’électricité sur le marché de gros, une électricité provenant du nucléaire et d’énergies fossiles. ". Voilà notamment pourquoi Lampiris chute dans le classement et passe avec Eni, Essent et Luminus, par exemple, à la dernière place, avec " zéro soleil " : des fournisseurs, selon Greenpeace, à déconseiller ! Greenpeace estime que ce qui a précipité l’effondrement de Lampiris c’est aussi son nouvel actionnaire : Total ! Juliette Boulet est claire : " Total, c’est le troisième plus grand groupe pétrolier au monde. Il fore encore en Arctique. Ils exploitent des sables bitumineux aux Etats-Unis et au Canada. Et donc ça, nous, ONG environnementale, on ne peut pas fermer les yeux là-dessus. Et donc c’est pour ça aussi qu’ils se retrouvent dans la catégorie zéro soleil ".
Mais alors, l’électricité de Lampiris a-t-elle changé depuis le dernier classement établi il y a deux ans ? La réponse est : non ! En fait, c’est la méthodologie de Greenpeace pour réaliser son classement qui a changée. Avec la COP21 et le récent engagement des Etats pour réduire le dérèglement climatique, Greenpeace a tenu compte de critères plus stricts pour évaluer les fournisseurs d’électricité. Voilà qui explique aussi la mauvaise note de Lampiris.
Réactions de Lampiris
Tom Van de Cruys, l’administrateur-délégué de Lampiris réagit aux critiques de Greenpeace :
Total ?
Tom Van De Cruys : " Je trouve que c’est une véritable insulte. On est dans une approche où on donne un avis pour les consommateurs au niveau des produits qu’ils peuvent consommer. Greenpeace mélange ça avec notre actionnariat. On est repris par Total et tout d‘un coup, on tombe. Greenpeace fait une bataille politique avec Total sur base de cette comparaison avec nos produits et ça, je ne trouve pas ça juste. On a une offre pour le client qui est très écologique. L’actionnariat n’a rien changé de tout ça ".
Trop peu de production propre ?
Tom Van De Cruys : " On nous reproche de ne pas produire nous-même assez d’énergie. On a un modèle assez participatif. Notre énergie verte vient des petits producteurs, des petites PME. Il y en plus que 1000 en Flandre et en Wallonie. Et là, ils nous reprochent de ne pas produire nous-même. On a un modèle participatif et on veut en faire participer toute l’économie. Je ne trouve pas acceptable qu’ils cotent ça, comme ça ".
Les incinérateurs ?
Tom Van De Cruys : " On brûle des déchets qui ne sont plus recyclables, qui sont à la fin de leur vie. Greenpeace, comme nous, n’aime pas les déchets mais, à la fin, il faut faire quelque chose avec. On peut brûler des déchets qui ne sont plus recyclables. On peut en faire de l’électricité et de la chaleur. Avec des filtres et de la haute technologie, ça produit de l’énergie assez écologique. C’est une approche très écologique pour gérer les déchets ".
