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Pierre-Olivier Labbé : «J'avais l'angoisse d'être déconnecté»

Le journaliste a vécu 3 mois sans Internet pour son documentaire Digital Detox, diffusé ce soir sur Canal+. Il raconte son expérience sur le plateau du Buzz TV.

Journaliste et réalisateur, Pierre-Olivier Labbé a décidé de mener une drôle d'expérience: vivre 90 jours sans accès à Internet. Le résultat de ces trois mois de sevrage, c'est le documentaire Digital Detox, diffusé en prime time sur Canal+. Mais comment lui est venue cette drôle d'idée? «Il y a deux ans, j'étais en vacances au Maroc dans un endroit magnifique, raconte le journaliste. Et je suis resté connecté 15 jours sur ma tablette et mon smartphone! Puis j'ai quitté cette maison pour une autre dans laquelle il n'y avait aucune connexion ni aucun réseau téléphonique. Et, pendant trois jours, j'ai eu un vrai manque. La réflexion de ce sujet est née de là.» La «digitalisation» de la société impressionne par les chiffres égrenés au long du reportage: 50 % des Français possèdent un smartphone, 32 millions ont un compte sur un réseau social (Twitter, Facebook, Instagram...), 75 % d'entre eux se connectent dès le réveil... «Ça donne d'autant plus le vertige que c'est arrivé récemment et très vite dans nos vies, analyse Pierre-Olivier Labbé. En 5 ans, on a été submergés à une vitesse phénoménale! Je voulais savoir comment ça avait pris une place aussi grande et surtout comment on faisait avant!»

«En 2015, rien n'est infaisable sans Internet...»

Suivi par un psychologue tout au long de ces trois mois, le journaliste souffre de ce qu'on appelle des syndromes 2.0: «Ce sont les nouvelles maladies du XXIème siècle, avoue-t-il. La FOMO (Fear Of Missing Out) est la peur de manquer quelque chose ou une information. Quant à la NoMoPhobia (No Mobile Phobia), c'est une phobie générée par la peur de ne pas avoir son téléphone sur soi, et d'être prêt à traverser la ville pour aller le chercher!»Pour démarrer son sevrage, Pierre-Olivier Labbé est parti une semaine en Lozère, le département le moins peuplé de France et surtout le moins bien couvert par les réseaux: «C'était un sevrage plutôt agréable car on retrouve des activités de vacances comme faire du sport ou lire un livre. J'avais perdu l'habitude de prendre du temps pour lire un livre car, à chaque moment d'inactivité que j'avais, je dégainais mon smartphone!» Le retour à Paris s'avère d'autant plus difficile que l'angoisse d'être déconnecté est bien présente. «J'ai vite distingué deux sortes Internet, explique le journaliste. L'Internet utile, qui manque tout de suite et demande de se réorganiser totalement: faire un virement bancaire, prendre un billet de train... Quant à l'Internet social, c'est celui qui était chronophage chez moi. Et s'en passer dans un premier temps, c'est plutôt agréable. [...] J'ai surtout constaté qu'en 2015, rien n'est infaisable sans Internet! Mais ça va très vite ne plus être le cas... Quelques administrations comme le fisc ou Pôle Emploi vont passer au tout numérique.»

«La Corée du Sud, c'est un choc dément!»

Pour son documentaire, Pierre-Olivier Labbé s'est rendu dans la Silicon Valley, en Californie. C'est dans ce berceau des nouvelles technologies qu'est né le mouvement Digital Detox: «Ici, les gens qui bossent dans les grands groupes ou les start-up passent 18 heures par jour sur l'ordinateur! À un moment donné, ils n'en peuvent plus et se forcent à abandonner de temps en temps leur smartphone. La Digital Detox organise des summer camps de plusieurs semaines où ils partent dans un endroit isolé sans avoir accès au numérique. Et il y a aussi des fêtes hebdomadaires appelées les "no phone parties" où il faut laisser ses appareils numériques à l'entrée.» Autre voyage radicalement opposé au premier: la Corée du Sud. Autoproclamé pays le plus connecté du monde, c'est dans la capitale, Séoul, que Pierre-Olivier Labbé s'est rendu: «C'est un choc dément!, avoue le journaliste de Canal+. Sur Gangnam qui est l'équivalent des Champs-Élysées à Séoul, tous les gens qui marchent ont un smartphone à la main avec un casque sur la tête, sans exception! Il y a une borne d'accès Internet tous les 20 mètres... Dans le métro, ils ont une norme supérieure à notre 4G qui fonctionne partout... Il n'y a pas un cm² de cette ville qui ne soit pas connecté!» Le bilan de cette expérience est plutôt positif pour Pierre-Olivier Labbé: «Ça m'a aidé à renouer le fil. À un moment donné, vie réelle et vie numérique sont deux mondes intimement liés et on ne fait plus la différence ni la part des choses entre réel et virtuel.»

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