Frantz Gault, expert en télétravail : "la productivité bondit de 13 % en télétravail"

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Publié le , mis à jour
Lucas Serdic

Entretien avec Frantz Gault, expert en télétravail et cofondateur de la plateforme de réservation d’espaces de coworking Neo-nomade.

D’après les études que vous avez pu réaliser, comment les Français perçoivent-ils aujourd’hui le télétravail depuis la période de confinement ?

Quel que soit le type d’entreprise ou de secteur qu’on a pu sonder, le constat est le même : on a ce chiffre impressionnant de 80 % de gens qui ont bien vécu la période de télétravail et qui souhaitent continuer, à temps plein ou à temps partiel, de télétravailler. C’est assez parlant.

C’est l’effet confinement ? Il y a eu un changement de perception par rapport à la pratique durant cette période ?

C’est surtout sur les employeurs que cette période forcée de télétravail a eu un effet. Ça a changé leur perception du télétravail, alors qu’au niveau des employés français, le souhait a toujours existé en réalité, mais il y avait énormément de blocages. On sait par exemple que parfois, ça pouvait être mal vu de demander à télétravailler. Donc on avait finalement assez peu de salariés qui y avaient accès. Le confinement a permis de démocratiser la pratique.

Et les employeurs sont-ils rassurés depuis ?

Oui, c’est ce qui ressort. Les managers ont découvert que le télétravail fonctionnait bien, tant en termes de performances individuelles que collectives. Toutes les études le montrent : en moyenne, on est à +13 % de productivité. Ils ont été surpris également de constater que ça pouvait être positif en termes de relations humaines, d’autonomie, de confiance, et même de convivialité. Pour certaines entreprises, c’est même devenu un enjeu majeur que de rendre possible le télétravail, sous peine de voir de précieux collaborateurs leur filer entre les doigts. C’est désormais un critère de choix pour les "jeunes talents" prisés par les grandes entreprises. Et ce constat est vrai que l’on travaille à Paris ou à Toulouse.

Demain, tous "télétravailleurs" ?

Il y a toujours d’irréductibles Gaulois qui ne veulent pas en entendre parler, comme le montre la récente sortie de Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, qui a dit la semaine dernière qu’il était "temps de retourner au travail"… C’est un bel exemple pour illustrer la confusion qui existe encore entre le bureau et le travail. C’est une façon d’insinuer que les gens ne travaillent pas quand ils sont en télétravail, ce qui est extrêmement violent parce que les salariés se sont tous démenés durant le confinement pour que ça continue de tourner, dans des conditions compliquées, sans parfois l’équipement qu’il leur fallait, avec les enfants à domicile… Ils se sont beaucoup donnés, et Valérie Pécresse vient leur dire : la récréation est terminée, il est temps de revenir au bureau. C’est malvenu de sa part, mais il n’y a pas qu’elle, certains dirigeants du CAC-40 tiennent le même genre de discours.

Y’a-t-il des profils d’entreprises qui sont en avance, ou en retard, sur cette question du télétravail ?

En France, il y a clairement un secteur où on est extrêmement en retard sur ce point, c’est la fonction publique. En moyenne en France, si on s’appuie sur les études européennes, on est environ à 20 % de la population active qui fait plus ou moins du télétravail (pas forcément officiellement, avec signature d’un avenant au contrat, mais aussi officieusement ou de façon très ponctuelle). Dans la fonction publique, on est à 3 %

Parmi les Français qui ont pris goût au télétravail, y a-t-il des profils qui ressortent ?

Pas vraiment. En revanche, parmi ceux qui y sont le moins favorables, on retrouve… les jeunes. Ça peut paraître contradictoire parce qu’on se dit qu’ils sont à l’aise avec les nouveaux moyens de communication, qu’ils aiment la modernité dans le travail. Et c’est vrai qu’ils en auraient envie, mais il y a un autre enjeu qui est plus important pour eux, c’est celui de s’intégrer dans l’entreprise et de monter en compétences. Et pour favoriser cela, ils ont l’impression qu’il vaut mieux être présent sur place. Donc ils sont un peu plus réservés, en tout cas au début de leur carrière, parce qu’une fois qu’ils ont pris leurs marques, ils redeviennent très favorables au télétravail.

Quelles autres raisons sont avancées par les 20 % de salariés qui ne souhaitent pas faire du télétravail ?

Il y en a deux, principalement : l’isolement pour certains, mais aussi une forme de saturation, liée au fait que les gens confondent aujourd’hui télétravail et confinement. Le télétravail confiné, ça veut dire avec les enfants et/ou avec le conjoint, et on sait que ça peut être compliqué. Mais le télétravail en temps normal, ce n’est pas ça.

Certaines entreprises pourraient être très négativement impactées par la généralisation du télétravail, quel impact cela représente-t-il pour l’économie en France ?

Effectivement, toutes les boîtes qui font du service aux entreprises vivent une période très difficile et craignent que ça se poursuive. Mais en termes d’impact sur l’économie, ce qu’il faut se dire, c’est que ça fonctionne un peu comme en chimie : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Par exemple pour la restauration, le télétravail permet de relocaliser une partie du travail dans des zones dortoir (villages, banlieues…), et donc de redynamiser la consommation locale. On le constate dès aujourd’hui avec le boom immobilier en campagne.

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Les commentaires (1)
Duck31 Il y a 3 années Le 08/09/2020 à 16:40

Quelle crédibilité accorder à une étude réalisée par un monsieur qui y a un intérêt direct. Un peu de sérieux !