Les musées s'emparent des réseaux sociaux

Twitter, Facebook et les autres réseaux sociaux sont devenus des outils habituels de communication pour nombre d'institutions culturelles.

Par Clio Weickert

Publié le 15 mars 2013 à 11h28

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 04h58

Facebook n'entend rien à l'art. Début mars, le musée du Jeu de Paume s'est attiré les foudres du réseau social pour avoir publié sur son « mur » une photographie de Laure Albin Guillot. L'objet du délit ? Le cliché d'une femme allongée, le bas ventre voilé d'un drap blanc, la poitrine découverte. Une étude de nu en somme très classique, mais avec un bout de sein. Scandale ! Car dans sa « Déclaration des droits et responsabilités », le géant américain interdit toute image « pornographique ou contenant de la nudité ». La page du musée a été bloquée durant 24 heures et menacée de fermeture en cas de récidive. L'événement n'est pas anecdotique. Le Centre Pompidou pour une toile de Gerhard Richter, la galerie à Londres pour un Dalí, et plusieurs médias et internautes pour L'Origine du monde de Courbet ont également été censurés par le numéro un des réseaux sociaux.

Si le monde numérique semble à mille lieues de l'art, les institutions culturelles s'y intéressent néanmoins. « Les réseaux sociaux font partie de la vie quotidienne de nos publics, explique Roei Amit, directeur du numérique à la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais. « Pour pouvoir dialoguer avec eux, nous devons être là où ils se trouvent. »

Twitter, Youtube, Instagram, et bien sûr Facebook sont donc devenus des outils de communication privilégiés pour les musées car ils permettent de diffuser des informations rapidement, à un large public. Et comme animer ces espaces prend du temps, les musées font de plus en plus souvent appel à un community manager. Sur un ton volontairement informel, il a pour tâche de relayer les événements de l’établissement, relancer les expositions en cours, et d'instaurer un échange avec les internautes.

Rémy Hoche, du Cube, centre de création numérique à Issy-les-Moulineaux, considère d'ailleurs les internautes comme de véritables visiteurs auxquels il propose des activités numériques. A l’occasion des « Rendez-vous du futur », émission diffusée sur la web TV du Cube, tout le monde peut donc débattre avec les invités, en posant des questions par le biais de Twitter.

Au Louvre, le community manager Niko Melissano adopte une communication décalée et organise des concours de beauté ! Parmi dix œuvres majeures, les internautes peuvent élire sur Facebook leur Miss Louvre 2013, et beaucoup se prennent au jeu. 12 000 internautes ont ainsi « liké » la page, près de 600 ont voté en laissant un commentaire. Entre la Vénus de Cranach et la Belle Ferronnière, sur qui porterait votre choix ?

Avec près de 880 000 fans, le Louvre confirme son statut de blockbuster sur Facebook. Il se classe dans le top 10 des institutions culturelles les plus likées au monde, derrière le Moma de New York (1 318 377 fans) et la Saatchi Gallery (899 324). L'image de marque participe bien sûr au succès, cependant le lien entre influence du réseau et affluence du musée semble difficile à évaluer. Pour preuve, alors que le Grand Palais a obtenu un nombre record de visiteurs lors de son exposition sur Monet en 2011 (910 000 environ), sa page sur le réseau social n’affiche que 69 261 likes. Le Grand Palais ne ménage pourtant pas sa peine sur les espaces communautaires. Sur le site de partage de photos Instagram notamment, l’institution diffuse des clichés inédits de la préparation de sa prochaine exposition, Dynamo. Un jeu de piste exclusif réservé aux internautes.

Car n’est-il pas tentant de se glisser dans les coulisses ? Sébastien Magro, responsable des nouveaux médias au musée du Quai Branly l’a bien compris. En plus de valoriser certains métiers – conservateurs, techniciens – cela participe selon lui à « démystifier » le musée, le rendre plus accessible. A l'aide d'autres community managers, il a créé le hashtag  #jourdefermeture. L'idée est de profiter du lundi ou du mardi, jours traditionnels de fermeture aux visiteurs, pour montrer la face cachée et poster des photos de lieux a priori inaccessibles aux visiteurs en temps normal. Le musée Carnavalet, le Château de Versailles, Cluny, Guimet, la Maison Européenne de la Photographie… nombreuses sont les institutions à respecter ce rendez-vous hebdomadaire.

Et si ce n'était pas encore assez, les plus passionnés se rassemblent même sous la bannière #museogeeks sur Twitter, ou se retrouvent sur le projet collectif Muzeonum pour explorer de nouveaux territoires numériques. De quoi donner de nouvelles idées aux institutions culturelles. A Facebook désormais de se sensibiliser au monde de l'art ?

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