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Réforme des retraites : les syndicats divisés, le patronat bien disposé

Les partenaires sociaux ont accueilli de manière très contrastée ce jeudi les propositions de réforme des retraites que leur a présentées le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye. Les syndicats contestataires se montrent très critiques, les réformistes comme la CFDT sont plutôt positifs. Les organisations patronales saluent globalement le projet mais attendent des précisions sur certains points clefs.

Syndicats et patronat ont accueilli de manière très contrastée les recommandations du haut-commissaire.
Syndicats et patronat ont accueilli de manière très contrastée les recommandations du haut-commissaire. (Bruno Levy)

Par Alain Ruello, Marie Bellan

Publié le 18 juil. 2019 à 13:37Mis à jour le 18 juil. 2019 à 16:01

Le front commun des syndicats contre la réforme de l'assurance-chômage ne va pas se reconstituer sur celle des retraites , en tout cas celle dessinée par Jean-Paul Delevoye dans un rapport qui leur a été présenté officiellement ce jeudi matin . Le projet provoque une fracture nette entre réformistes d'un côté, contestataires de l'autre, même si, au final, une des mesures préconisées par le haut-commissaire fait l'unanimité contre elle : l'instauration d'un « âge d'équilibre » à 64 ans.

« Système plus contributif »

Dans le premier camp, la CFDT a rappelé qu'elle revendique une « réforme globale […] depuis de nombreuses années ». Elle a salué la qualité de la méthode choisie pour la concertation, mais aussi le fond de la réforme. « Le système envisagé, plus contributif et plus juste, doit profiter aux travailleurs les moins favorisés, ceux qui ont les carrières les plus heurtées et les moins dynamiques. Il reste cependant à préciser le processus exact de transition et de garantie des droits acquis », a souligné Frédéric Sève, le secrétaire national en charge du dossier au sein de la confédération.

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« Pseudo-concertation », réforme « injuste », « individualiste » et « qui poussera une grande partie des retraités à vivre dans la précarité et/ou les travailleurs à s'épuiser au travail avant de pouvoir partir à la retraite » : à l'inverse de la CFDT, la CGT n'a pas pris de gants pour rappeler son opposition totale au projet Delevoye. « Avec les points, les pensions vont chuter de 10 à 30 % », affirme la centrale dirigée par Philippe Martinez, qui va même jusqu'à qualifier le système envisagé d'« antichambre de la mort » !

« Réforme paramétrique permanente »

Intervenant sur RTL avant même la rencontre avec le haut-commissaire, Yves Veyrier, le secrétaire général de FO, a été moins dur dans ses propos, mais tout aussi résolu dans son opposition. « Nous sommes en désaccord depuis le début avec l'idée d'un système universel », a-t-il rappelé. A ses yeux, il équivaut à « une réforme paramétrique permanente dans les mains du gouvernement ». Ce dernier pourra, par exemple, « agir sur la valeur du point de conversion » et, « de fait […] inciter voire imposer de travailler plus ».

Les réactions patronales ont été beaucoup plus positives. Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a salué « une réforme d'ampleur » et assuré que « le Medef soutiendra globalement les grands principes » présentés par Jean-Paul Delevoye. Mais plusieurs points doivent être éclaircis, a averti le président du Medef, en particulier la gouvernance du système dont les partenaires sociaux craignent d'être exclus. Mais aussi l'utilisation des fonds de réserve, comme celui de l'Agirc-Arcco, dont sont gestionnaires patronat et syndicats et qui est largement bénéficiaire, contrairement au régime général. Le patronat craint que les excédents de ce régime soient utilisés comme une variable d'ajustement pour le futur régime universel.

« Trop beau pour être vrai »

La CPME, par la voix de son président François Asselin, a surtout insisté sur le sort des professions libérales et des indépendants, qui forment une bonne partie de ses adhérents. S'il a salué le fait que le rapport prévoit une gradation des taux de cotisation en fonction du niveau de revenu pour « éviter que la réforme ne se traduise par une explosion brutale des cotisations », François Asselin reste « dubitatif sur l'instauration d'un âge pivot de 64 ans, facteur de confusion mais également d'incertitudes pour l'équilibre financier du régime ».

Le vice-président de l'U2P, Michel Pico, qui représente les artisans, commerçants et professions libérales, a accueilli avec soulagement les préconisations du rapport, estimant que les spécificités des indépendants avaient bien été prises en compte. En particulier le dispositif carrière longue, dont bénéficient beaucoup d'artisans et commerçants ayant commencé tôt à travailler.

Le patronat n'en reste pas moins méfiant sur la suite de la réforme et attend avec impatience davantage de détails. « C'est un peu Noël avant l'heure. Quand vous regardez leurs simulations, il n'y a que des gagnants. C'est un peu trop beau pour être vrai », confie l'un des responsables patronaux.

Alain Ruello, Marie Bellan 

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