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Économie

Les bas salaires bien moins nombreux en France qu'ailleurs en Europe

Selon une étude d’Eurostat, la moyenne européenne atteignait 17% en 2010 contre 6,2% dans l’Hexagone.

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Une figurine posée sur une fiche de paye
Le salaire minimum augmentera de 0,3% au 1er janvier, à 9,43 euros l'heure, soit 1.430,22 euros bruts mensuels pour 35 heures, a-t-on appris lundi auprès du ministère du Travail, confirmant des déclarations des partenaires sociaux.
(c) Afp

Comparant les données recueillis dans les 27 pays membres de l’Union Européenne, l’institut communautaire Eurostat vient de calculer qu’en moyenne, 17% des personnes travaillant sur le sol de l’UE percevait en 2010 ce que les spécialistes de la statistique appellent un bas salaire. Il s’agit d’employés qui ne gagnent pas plus des deux-tiers du salaire horaire brut médian constaté dans leur pays. Cette moyenne européenne cache en fait de très importantes disparités. Dans 5 pays, ce taux reste inférieur à 10% : Suède (2,5%), Finlande (5,9%) ; France (6,1%), Belgique (6,4%), Danemark (7,7%). Mais il dépasse les 20% dans 10 pays dont l’Allemagne (22,1%) et le Royaume-Uni (22,2%).

Comment expliquer ces différences ? A priori on pourrait penser que l’existence d’un salaire minimum influe sur le nombre de ce qu’on appelle communément les travailleurs pauvres. A voir la forte proportion de bas salaires en Allemagne – élément qui contribue à la compétitivité de la première économie européenne – le premier élément d’explication qui vient à l’esprit est l’absence de salaire minimum dans ce pays. Sauf que ni au Danemark, ni en Suède, ni en Finlande, l’Etat n’interfère dans la façon dont les entreprises privées doivent rémunérer leurs employés les moins qualifiés.

Le niveau du Smic n'explique pas tout

On peut alors penser que c’est le niveau du Smic qui est en cause. En France comme en Belgique, le salaire minimum a effectivement progressé plus vite que l’inflation entre 2000 et 2010. +28% dans l’Hexagone et + 27% outre-Quiévrain. Et dans ces deux pays, ils sont parmi les plus élevés de l’Union européenne. La Commission européenne s'est dit d'ailleurs cette année favorable à l'instauration d'un salaire minimum dans tous les pays de l'UE pour éviter de voir croître le nombre de travailleurs pauvres.

Mais là encore, il y a des contre-exemples. Fin 1999, le gouvernement travailliste de Tony Blair a instauré un salaire minimum à 3,60 livres de l’heure. Dix ans plus tard, il avait progressé de 65% pour atteindre un niveau certes encore légèrement inférieur à celui de la France ou de la Belgique mais néanmoins supérieur à 1.000 euros par mois, ce qui n’était le cas en 2010 que dans 6 pays de l’Union européenne. Et en Irlande, pays où en 2010, le salaire minimum était, après le Luxembourg, le plus élevé d’Europe (1.462 euros par mois), la proportion des bas salaires dépassait les 20%.

Ces différences sont-elles alors liées à l'échelle des revenus dans chacun des pays ? Sur le papier, il pourrait sembler logique que dans un pays où la proportion de ceux qui gagnent bien ou très bien leur vie est importante, celle de ceux qui doivent se contenter de moins des 2/3 du salaire médian soient plus importante. Rappelons que la médiane se définit ainsi : niveau séparant la moitié des salariés qui gagne moins de ceux qui gagne le plus. De fait le salaire médian est nettement plus élevé au Royaume-Uni et en Irlande qu’en France. Mais c’est au Danemark, qu’il atteint son maximum.

Explication plausible : la politique d'indemnisation du chômage

La seule explication qui semble ne souffrir aucun contre-exemple tient en fait à la politique en matière de lutte contre le chômage. La part des bas salaires est en effet plus élevée dans tous les pays où les demandeurs d’emplois sont fortement incités – via leurs indemnités – à accepter un poste vacant, quelle que soit leur qualification (voir ici tableau comparatif). En Irlande comme au Royaume-Uni, les chômeurs n'ont droit qu'à une très faible allocation forfaitaire. Et en Allemagne, depuis l'instauration voici 10 ans des lois dites "Hartz IV", les demandeurs d'emploi qui n'auraient pas trouvé de poste correspondant à ce qu'ils recherchent après 12 mois de recherche peuvent être conduits à accepter des "jobs" payés 1 euro de l'heure.

 

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