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On pourra bientôt imprimer son repas

Cette technologie permettrait de mieux nourrir les gens en Afrique et dans le Nord ou même nos aînés

L’imprimante 3D alimentaire de Structur3d a permis d’imprimer les mots « Star Wars » en sucre glacé ainsi que le Oreo en ganache au chocolat .
L’imprimante 3D alimentaire de Structur3d a permis d’imprimer les mots « Star Wars » en sucre glacé ainsi que le Oreo en ganache au chocolat . Photo courtoisie


Plutôt que de mettre deux tranches de pain dans un grille-pain, il sera bientôt possible d’avoir ses deux rôties en démarrant simplement une imprimante 3D alimentaire.

Ces nouvelles imprimantes, qui utilisent des cartouches contenant de la purée d’aliments plutôt que de l’encre, pourraient avoir un impact énorme sur la famine en Afrique ou aider les personnes âgées à garder le plaisir de manger, selon des experts.

Pour le moment, on les utilise surtout pour décorer des pâtisseries avec du sucre à glacer ou du chocolat. Mais il est également possible de créer des légumes comme des pois verts ou des brocolis. On pourrait aussi l’utiliser pour faire de la viande ou des pâtes.

L’imprimante 3D alimentaire de Structur3d a permis d’imprimer les mots « Star Wars » en sucre glacé ainsi que le Oreo en ganache au chocolat .
Photo courtoisie

«L’objectif serait que nous n’achetions que des cartouches de purée à l’épicerie pour nos imprimantes. Elles prennent moins d’espace et sont plus facilement transportables», souligne Charles Mire, fondateur de l’entreprise Structur3d en Ontario, qui est l’une des seules au Canada à produire des imprimantes 3D alimentaires.

«On pourrait facilement nourrir des gens en Afrique ou dans le Nord, où l’accès à la nourriture est plus difficile», ajoute-t-il.

À l’heure où la population vieillit, ces appareils pourraient s’avérer utiles pour nourrir des gens qui ont de la difficulté à ingérer les aliments ou à les mâcher.

Mieux que la purée

«On prend la purée de brocoli et on l’imprime en forme de brocoli. On pourrait faire la même chose avec la purée d’agneau et en faire un steak. Les gens ont donc l’impression de manger de vrais aliments, mais le résultat final est plus mou et plus moelleux », explique M. Mire.

Un programme impliquant de la nourriture imprimée a d’ailleurs été mis en place en Allemagne dans 1000 centres de soins pour personnes âgées. On y sert des impressions de chou-fleur, de pois, de poulet, de porc, de pommes de terre et de pâtes.

Les aînés sont heureux de voir de «vrais» aliments dans leur assiette plutôt que de manger leur nourriture en purée ou en smoothie, selon ce que rapporte le site britannique Wired.

Cinq services

Un premier repas cinq services de nourriture imprimée a été servi aux Pays-Bas en avril dernier lors de la Conférence internationale sur l’impression 3D alimentaire. Le restaurant mobile devrait faire le tour du monde au cours de l’année 2016. Il devrait être à Londres bientôt.

Des entreprises bien implantées s’y intéressent aussi et investissent dans la recherche. Barilla, notamment, finan­ce des chercheurs aux Pays-Bas qui impriment des pâtes alimentaires.

L’imprimante 3D alimentaire de Structur3d a permis d’imprimer les mots « Star Wars » en sucre glacé ainsi que le Oreo en ganache au chocolat .
Photo courtoisie

Pepsi travaille également à développer une croustille meilleure pour la santé.

Pour le moment, l’entreprise de M. Mire a vendu ses imprimantes 3D alimentaires à quelques cafés en Europe qui souhaitent décorer des pâtisseries, mais ses appareils servent surtout pour de la recherche dans des universités au Canada et en Australie. L’appareil est vendu 2500 $ US au détail.

«L’imprimante ne produit pas à grande échelle, mais offre plutôt un aliment personnalisé. Alors, ce n’est pas intéressant pour les grands manufacturiers. C’est aussi énormément de nouvelles méthodes à développer pour une petite entreprise plus traditionnelle, qui n’osera peut-être pas se lancer dans ce genre d’aventure», expli­que M. Mire.

Un modèle pour la maison ?

Les entrepreneurs européens sont nombreux à vouloir lancer la première imprimante alimentaire pour la maison.

La Foodini ou la Bocusini, des machines respectivement mises au point en Espagne et en Allemagne, devraient notamment se retrouver sur le marché d’ici la fin de l’année.

Pizza

Il est même possible de précommander la Bocusini pour environ 2000 euros (environ 2900 $).

À l’aide de ces appareils, il serait possible de s’imprimer de la pizza, des hamburgers ou des craquelins en appuyant sur un bouton.

«L’imprimante 3D ne peut pas tout faire. Si on utilise de la viande crue ou si on veut retrouver le croquant du craquelin, il faut tout de même faire cuire les aliments», insiste M. Mire.

Même si les imprimantes alimentaires ne semblent pas très utiles pour les consommateurs en ce moment, les choses pourraient changer rapidement selon Sylvain Charlebois, doyen de la faculté de management et professeur en distribution et politiques agroalimentaires à l’Université Dalhousie.

Nutrition

«À plus long terme, on pourrait avoir beaucoup plus de contrôle sur notre nutrition», soutient le spécialiste.

«Comme il est possible de savoir de plus en plus de choses sur nous avec les montres connectées, on saura peut-être bientôt qu’on est en manque de fibres. On pourra ainsi commander à notre imprimante de nous faire un biscuit qui comble toutes nos carences.»

Comment imprime- t- on des aliments ?

Les imprimantes 3D alimentaires fonctionnent sensiblement comme les imprimantes à la maison. Il faut y insérer des cartouches de nourriture pour qu'elles puissent imprimer un biscuit, un brocoli ou un steak, selon la forme demandée.

1. Trois produits doivent être mis dans la cartouche:

♦ Une purée d’aliment ou une pâte

♦ Un «épaississant» comme de la pomme de terre ou du riz

♦ Un «vernisseur» comme de la gélatine pour que le produit imprimé ait plus d’éclat. Sinon, il sera mat comme de la pâte à biscuit. La gélatine va aussi donner une texture plus lisse au produit imprimé.

2. Ces trois produits sont mélangés et mis dans la cartouche, qui s’apparente à une seringue en plastique avec une poche à pâtisserie. Cette manœuvre permet de réduire l’air qui se retrouvera dans la cartouche et évitera ainsi que l’impression soit inégale. La cartouche est ensuite branchée à l’imprimante 3D.

3. L’imprimante 3D crée un aliment en imprimant des milliers d’étages de fines couches d’«encre» sur une assiette. Les couches restent collées ensemble et forment l’aliment. Chaque couche est comme une fine tranche de l’aliment créé, coupée à l’horizontale.

4. Un bouquet de brocoli pourrait prendre entre 30 et 45 minutes à imprimer. Pour un fleuron de brocoli, il faudrait attendre entre 15 et 20 minutes.

5. Toutes les formes ou designs possibles pourraient théoriquement être recréés. Sur votre gâteau de mariage, on pourrait imprimer un couple en chocolat avec le visage des véritables mariés.

 

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