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« Le contexte est favorable pour la Bourse »

En exclusivité, Edouard Carmignac nous livre sa vision des marchés en 2013 et ses pistes d’investissement. Attention, il reste vigilant quant au risque d’éclatement de la bulle obligataire.

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Edouard Carmignac (Antoine Antoniol/Bloomberg)
Publié le 11 janv. 2013 à 17:35
Edouard Carmignac, PDG de Carmignac Gestion

Les actionnaires individuels sont encore réticents à revenir en Bourse malgré un très bon cru 2012. Partagez-vous leur méfiance ?

Je trouve que le contexte est favorable pour la Bourse. Les actions sont belles, aujourd’hui. Par défaut, d’abord : elles sont plus attrayantes que les obligations, alors que les niveaux de taux d’intérêt actuels ne sont pas tenables. Il y a, en ce moment, une bulle obligataire avec des rendements réels négatifs sur les signatures d’Etat de qualité. Les bulles ne se dégonflent jamais en douceur. Mais je pense que les banques centrales seront vigilantes et peuvent éviter que le mouvement soit trop brutal. En témoignent les programmes d’achat des banques centrales américaine et japonaise. Ensuite, les actions sont intéressantes au regard de la prime de risque, qui doit diminuer du fait de la disparition du risque systémique en Europe. Enfin, l’environnement économique hors d’Europe est plutôt bon : les Etats-Unis sont capables de continuer à croître à un rythme d’au moins 2 % par an après l’accord de décembre sur le problème de la falaise fiscale et la situation s’est stabilisée dans les pays émergents.

Quel regard portez-vous sur la zone euro ?

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Il existe un risque de déconvenue sur la croissance, malgré une amélioration de la gouvernance européenne. Toutefois, la situation peut se stabiliser au second semestre si la croissance mondiale est plus forte que prévu, c’est-à-dire supérieure à 3 %, grâce à de potentielles bonnes surprises aux Etats-Unis. Cela permettrait à l’Europe de moins souffrir.

A grand renfort de publicité, vous aviez dit que vous ne regretteriez pas le départ de Jean-Claude Trichet de la tête de la BCE. Etes-vous satisfait du travail de Mario Draghi ? A-t-il sauvé l’euro ?

Mario Draghi a fait du très bon travail, mais il ne doit pas négliger les effets de change à un moment où les Etats-Unis et le Japon mettent en place des politiques affaiblissant leur devise. Il ne faut pas que l’euro s’apprécie. Les gouvernements européens doivent maintenant faire ce qu’ils ont à faire. Certains l’ont déjà compris. Mario Draghi ne peut pas faire ce travail seul.

Quelles sont les zones géographiques et les valeurs qui retiennent votre attention ?

Nous estimons qu’il faut toujours investir dans les pays émergents dans un contexte de création monétaire plus favorable. La Chine, principal moteur de la croissance mondiale, a notre préférence, mais aussi l’Inde. Ce pays se développe, même si c’est toujours un marché qui a des états d’âme. Nous investissons aussi au Brésil, qui a été une grande déception en 2012, mais la Bourse brésilienne devrait profiter de la bonne tenue des matières premières en 2013 et d’un soutien politique plus éclairé que par le passé. Dans ces conditions, nous choisissons des valeurs de consommation, qui profitent de l’amélioration du niveau de vie dans les marchés émergents, comme LVMH, Richemont, Hermès en Europe, et Yum! Brands, Mead Johnson Nutrition aux Etats-Unis. Nous jouons aussi cette augmentation de la consommation avec des véhicules locaux et des banques, qui vont financer les PME et les ménages dans ces pays. Aux Etats-Unis, deux axes ont notre préférence : l’immobilier, à travers la construction et les banques, notamment Bank of America, et l’industrie chimique, en raison de l’apparition d’un nouveau mix énergétique avec des prix du gaz très faibles. Enfin, il se passe des choses importantes au Japon. Alors que nous avons été absents de l’Archipel pendant quinze ans, ce pays représente près de 2 % de nos encours. La baisse du yen va relancer la compétitivité du Japon face à la Corée du Sud. A ce titre, nous apprécions Toyota et le groupe de robotique Fanuc Robotics, qui aide la Chine à s’automatiser dans un contexte de hausse des coûts salariaux. Pour éviter des pertes de change, nous sommes toutefois couverts à 100 %.

Comment voyez-vous évoluer l’euro par rapport au dollar et au yen ?

Cette année, on devrait voir l’euro perdre 5 % de sa valeur, compte tenu de la faiblesse de l’économie en Europe. Ce recul est toutefois freiné par la forte création monétaire aux Etats-Unis et au Japon.

Quelles sont les actions que vous évitez ?

Nous n’avons plus de positions dans Caterpillar, compte tenu des surinvestissements qui ont eu lieu dans le secteur des biens d’équipement. Dans le secteur minier, nous préférons le cuivre, utilisé dans la construction de logements, à l’acier, destiné au déploiement des autoroutes et des chemins de fer. Nous nous méfions des foncières. Leurs cours de Bourse ont été portés par des taux d’intérêt très bas et nous n’avons pas envie d’être exposés à la remontée des taux. Enfin, nous avons pris la moitié de nos bénéfices sur les financières européennes à partir de la mi-décembre, après avoir initié des positions importantes début août.

Depuis six semaines, l’or a chuté de près de 5,5 %. Est-ce le début d’une vague de baisse après douze ans de hausse ?

Il y a une telle création monétaire dans le monde que l’on voit mal l’or mal se comporter. Le métal jaune représente 4 % de nos encours. Les mines affichent des valorisations historiquement très basses.

Quel est votre secret de gestion ? Vous avez très bien traversé la crise de la bulle Internet et celle des subprimes.

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Nous travaillons sérieusement. Nous essayons d’anticiper ce qui peut arriver et nous n’aimons rien faire comme tout le monde.

Propos recueillis par François Monnier

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