La quantité de données informatiques pourrait être multipliée par 44 d’ici à une dizaine d’années. En 2020, selon le cabinet de conseil en informatique IDC, elle devrait donc atteindre 35 zettaoctets, soit 35 000 milliards de milliards d’octets ! «En sus de leurs propres documents, les entreprises ont aussi la lourde tâche de gérer les informations extérieures qui circulent sur les réseaux sociaux, les blogs ou YouTube», explique Patrice Poiraud, directeur chargé de la division smarter analytics & big data chez IBM France. Textes, sons, images, films vidéo, cartes interactives, ces informations à la croissance exponentielle prennent des formes variées.

Logiciels spécialisés. Pour faire face à ce déluge baptisé «big data», des sociétés s’équipent de logiciels capables de recueillir et d’analyser d’énormes masses de données. A la clé, un avantage compétitif de taille : d’après une étude lancée fin 2011 par le MIT, celles qui mènent ce type de projets sont deux fois plus performantes que les autres. Sur le plan marketing d’abord. L’Occitane a ainsi multiplié par 17 le taux de conversion de ses campagnes : l’enseigne envoie des messages ultraciblés à une clientèle soigneusement segmentée.

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Les solutions big data permettent aussi d’améliorer la conception ou le design des produits. Vestas, numéro 1 mondial des éoliennes, a ainsi compilé dix années de paramètres météorologiques. Le groupe danois est désormais en mesure de positionner idéalement chacune de ses installations par rapport au vent et donc de maximiser leur rendement. Autre application majeure, l’e-reputation. En analysant les innombrables messages postés sur les réseaux sociaux ou sur YouTube, de grands groupes assurent une veille sur leur image et celle de leurs concurrents.

Toutes ces problématiques génèrent une demande colossale en équipements, logiciels et services. Estimé à 5 milliards de dollars pour 2011, le marché devrait passer à 17 milliards d’ici à 2015 (IDC). A cette date, IBM compte réaliser un cinquième de ses revenus dans cette activité. Le géant américain a déjà finalisé plusieurs acquisitions de sociétés spécialisées comme Cognos, Vivisimo ou Tealeaf.

Fiez-vous à votre cerveau ! Mais la technique ne résout pas tout. Traiter massivement des données n’est utile que si l’on se donne les moyens de transmettre la bonne info à la bonne personne, au bon moment. «Pour gérer ce trop-plein d’informations, on doit se fier à son intuition», affirme Pascal Junghans, professeur à Skema Business School, qui a conduit une enquête sur les méthodes de décision auprès de 40 grands patrons (dont 17 du CAC 40). Résultat : ceux-ci se servent à 20% de données objectives (médias, tableaux de bord, etc.) et vont puiser les 80% restants dans leur réseau et surtout leur ressenti. Les neurobiologistes ont montré que des marqueurs somatiques, comme de petites douleurs au ventre, font office de pilote chez certains individus.

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Solutions onéreuses pour les PME. Il faudra attendre au moins deux ans pour que les plateformes informatiques soient à la hauteur des besoins des grandes entreprises. Les PME, quant à elles, s’équiperont beaucoup plus tard, quand les solutions seront devenues abordables. «En attendant, conclut Pascal Junghans, le dirigeant de PME utilise son cerveau et son intuition, et ça marche plutôt bien !»

Thomas Lestavel