Garges-lès-Gonesse : la pointeuse biométrique retoquée par la Cnil

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) juge « disproportionnée » l'utilisation de la biométrie pour contrôler les horaires des agents municipaux de Garges.

Garges-lès-Gonesse : la pointeuse biométrique retoquée par la Cnil

    Les représentants CGT de la ville de Garges-lès-Gonesse peuvent crier victoire. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) vient d'émettre un avis défavorable à l'utilisation de la biométrie pour pointer les entrées et sorties des agents. Un système mis en place dans la commune il y a deux ans et controversé depuis. « A la suite d'une dizaine d'auditions, un consensus s'est clairement exprimé pour considérer comme disproportionnée l'utilisation de la biométrie aux fins des contrôles des horaires », estime la Cnil.

    C'est en septembre 2010 que la mairie de Garges décide de lancer un nouveau logiciel de gestion de temps pour le personnel municipal. Huit machines sont installées au début pour le centre technique municipal et la mairie. Les agents doivent appliquer deux doigts sur l'appareil pour badger matin et soir. L'identification se fait par le contour des doigts.

    « C'est un outil de gestion des ressources humaines, explique Jérôme Ragenard, directeur de cabinet de Maurice Lefèvre, maire UMP de Garges-lès-Gonesse. Avant, la présence des agents était basée sur le déclaratif. Certains se retrouvaient avec des heures supplémentaires qui dépassaient l'entendement. La badgeuse a mis fin à certaines pratiques. »

    Mais tout de suite, les syndicats crient au scandale et portent plainte devant la Cnil. « Pour nous, c'est du flicage, explique Valérie Ruiz, représentante CGT. Mes doigts m'appartiennent. Et où est le contact humain là-dedans? Vous nous voyez expliquer à la machine qu'on est en retard à cause d'un accident qui bloquait la circulation et que l'on était bloqué dans le trafic? »

    Des agents récalcitrants sont aussi sanctionnés par des avertissements et de mises à pied. Pour Hussein Mokhtari, chef de file (PS) de l'opposition et conseiller général, ce n'est pas le fait de badger qui dérange. « On n'est pas un laboratoire du CNRS avec des dossiers classés secret défense, réagit l'élu. Une badgeuse avec un système de cartes, pourquoi pas, mais la biométrie, c'est disproportionné! »

    Ce qui fâche, c'est aussi le coût. Aujourd'hui, le système va être étendu à l'ensemble des services de la commune, avec une cinquantaine de machines. « On avoisine les 200000 â?¬ pour une collectivité qui n'est déjà pas vraiment riche, assure Valérie Ruiz. Quand on voit l'état des véhicules, du matériel, on se dit qu'il y a d'autres priorités. »

    Si cette décision est une reconnaissance pour les syndicats, elle ne devrait pas entraîner de changement immédiat. En effet, la Cnil autorise les organismes où le dispositif fonctionne déjà à continuer de l'utiliser pendant une période de cinq ans. « Il faudra alors penser à un autre système », admet Jérôme Ragenard.