Négociation emploi : les syndicats se divisent mais renvoient le patronat à sa copie
Après une première journée de négociation qui entrait enfin dans le dur avec un premier texte rédigé par le patronat, les syndicats se divisent sur son évaluation. L’arc des réactions va de la "régression" pour la CGT, au "vaporeux" pour FO en passant par la perception de "portes entrebaillées" pour la CFDT. Tous veulent un nouveau texte
A la mi-journée la CGT a bien tenté de pousser les autres organisations à quitter la table de négociation, dans l’attente d’un texte entièrement revu par le patronat, mais les autres syndicats n’ont pas suivis.
Même FO très critique sur un texte qu’elle juge "vaporeux" et "totalement déconnecté de la réalité des salariés" selon les termes de son négociateur Stéphane Lardy a préféré pousser le patronat dans ses retranchements LA CGT n’a pas voulu jouer seule à la politique de la chaise vide et est donc finalement restée.
Globalement, les organisations étaient là pour entrer enfin dans la négociation et elles ont préférées tenter d’éclaircir un texte qu’elles trouvent obscurs, indigents ou très incomplets sur les points qui constitueraient des avancées pour les salariés. Elles s’accordent, en revanche, à rejeter en l’état la question de la révision des modalités du licenciement économique. Les neuf heures de discussion ont donc tenté de balayer l’ensemble des propositions du patronat.
Ses propositions se divisent en quatre blocs :
- "la sécurisation des parcours" : nouvelles garanties pour les salariés, (complémentaire prévoyance pour tous, accès à la formation au logement pour les contrats courts …) contre aménagement du CDI et sécurisation juridique des licenciements individuels...
- "l’anticipation de l’emploi et des compétences" : partage de l’information économique de l’entreprise avec les instances représentatives du personnel, lien entre plan de formation et GPEC…
- "la mobilisation en faveur du maintien de l’emploi" : amélioration des modalités d’accès au chômage partiel et conditions de mise en œuvre des accords compétitivité-emploi.
- "Repenser les procédures du licenciement économique" : suppression de la notion de licenciement économique lorsqu’il s’agit d’adaptation n’impliquant pas de suppression d’emplois mais des offres de reclassement, révision complète de la procédure des PSE pour les alléger.
En fin de journée la CGT a fustigé "des propositions qui demandent énormément d’effort au salarié tandis que le volet sécurisation est totalement absent." La confédération reproche au patronat de ne pas arriver "à penser la mutualisation entre entreprise au sein des branches ou des bassins d’emplois".
FO a estimé que le texte devait avoir été écrit par un "juriste fou" tellement il était incompréhensible mais "au bout de la brume, il y aura peut-être une éclaircie".
La CFDT, qui s’est placé dès le début dans une logique d’aboutir a préféré lister les points d’avancée dégagé en fin journée. Elle en a noté un certain nombre qu’elle demande à voir figurer dans le prochain texte qui "en tout état de cause ne devra pas concerner uniquement 20 % des salariés français". (Tout le volet information des instances représentatives du personnel est calé sur les entreprises de plus de 300 salariés, ce qui limite sa portée).
Patrick Pierron, le négociateur de la CFDT a donc cru voir "des portes entrebâillées" sur : l’idée d’accéder non pas à une complémentaire prévoyance mais santé, de moduler les cotisations chômage en fonction de la durée des contrats utilisés, de droits au chômage rechargeables, d’un partage des données économiques de l'entreprise avec les salariés qui ne se contenteraient pas d’une information mais d'une consultation, d’intégrer dans les démarches de GPEC les salariés à temps partiel, d’examiner un dispositif unique de chômage partiel, d’encadrer dans les accords compétitivité emploi le "retour à meilleure fortune". .. Le vrai point dur selon lui reste l’idée de ne pas soumettre à un licenciement économique les salariés qui refuseraient les conditions d’un accord compétitivité emploi. La CFE-CGE a fait également preuve d’un certain optimisme sur la capacité du patronat à revoir sa copie.
Compte-tenu de l’ampleur des points à revoir, la négociation de jeudi prochain est annulée et le patronat proposera un nouveau texte le 30 novembre prochain. Patrick Bernasconi, le négociateur patronal a de son côté déclaré "n’avoir aucun doute sur le fait de parvenir à un accord mais qu’il faudra équilibrer les blocs." Sur les critiques des organisations syndicales, il s’est voulu rassurant en soulignant que "dans cette phase chacun est dans son rôle".
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