Le secrétariat d'Etat en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes va perdre plus de 25% de son budget. Une publication au Journal officiel vient le confirmer ce 21 juillet.
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>> Cet article a été publié une première fois le 10 juillet
Oui, le budget alloué au ministère des Droits des femmes devrait bien faire l’objet d’une coupe allant de 25% à 30%, comme le maintiennent les associations féministes depuis dimanche dernier. Un projet de décret qui a fuité ce mercredi 19 juillet l’atteste : 7,5 millions d’euros devraient être prélevés de l’enveloppe du secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes. Soit une restriction budgétaire de 27,88%.
Le document, signé par Edouard Philippe et le ministre de l’Action et des Comptes publics, détaille les coupes budgétaires touchant les ministères. L’enveloppe attribuée au ministère des Droits des femmes passerait pour sa part de 26,9 millions d’euros en 2016 – d’après un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes – à 19,4 millions d’euros. L’an dernier, cette enveloppe ne représentait que 0,006% du budget global de l’Etat, soit la plus petite.
Des économies épargnant les associations ?
Ce 20 juillet, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité des femmes et des hommes, a tenté de se montrer rassurante en audition à l’Assemblée nationale tout en confirmant la baisse de budget :"Il y aura une baisse structurelle de budget mais qui est compensée par l’interministérialité ; tout ce qui concerne la grande cause nationale du quinquennat est pris en charge par l’Élysée" . Elle précise qu’une dizaine d’associations seront concernées par la non-reconduction de leurs subventions : "Il n’y a plus de reconduction immédiate des subventions quand il n’y a pas de compte-rendu de ce qui est fait sur l’argent public". Enfin, elle insiste sur le fait que "le budget est en cours de construction".
Dans une note de cadrage budgétaire concernant les subventions datant du 11 juillet – que s’est procurée Libération le 18 juillet – la secrétaire d’Etat avait écrit qu’elle souhaitait "sanctuariser" les subventions versées aux associations dont l’objet est "la lutte contre les violences sexistes et sexuelles". Elle mentionnait également des économies sur "les frais de fonctionnement du Secrétariat d’Etat et du Service des droits des femmes et de l’égalité", et non sur les subventions. Enfin, elle demandait déjà à ce que ce soit le Service d’Information du gouvernement (SIG) qui prenne en charge "l’essentiel des actions de communication, de pédagogie et de sensibilisation liées à la mise en œuvre de la grande cause nationale du quinquennat". Elle précisait vouloir "ne plus systématiser les reconductions de subventions ponctuelles et étudier l’effectivité et l’efficacité des actions".
Fatima El Ouasdi, fondatrice et présidente de Politiqu'elles, une association luttant contre le sexisme et en faveur de la promotion des femmes dans la société, veut prendre la secrétaire d'Etat au pied de la lettre : "Pour moi, la polémique n’a aucun sens car Marlène Schiappa a bien dit que les associations qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles ne seront pas touchées par les coupes budgétaires. Or, par définition, toutes les associations féministes luttent contre les violences sexistes, donc si on la prend au pied de la lettre, aucune ne sera concernée". C’est d’ailleurs ce que défend la jeune femme dans un communiqué de presse paru ce 19 juillet.
D'autres associations ne partagent pas son calme. Le JDD relayait le 16 juillet l'inquiétude de "plusieurs associations de lutte contre les violences faites aux femmes" selon lesquelles "le gouvernement entend réduire d’un quart les subventions dont elles dépendent pour accueillir les victimes d’agressions ou de harcèlement"
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"Il faut faire confiance tout en restant vigilants, juge pour sa part Fatima El Ouasdi. Nous devons être constructifs, prendre au mot ce que dit le gouvernement, et, si jamais il ne tient pas ses engagements, là on pourra se mobiliser. Mais cette polémique est contre-productive, il nous manque encore trop d’informations. Il faut laisser du temps au temps."
Des retards dans le versement des subventions
Si des coupures de subventions ne sont pas à l’ordre du jour selon la secrétaire d'Etat, certaines associations attendent leur versement. En tête, l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, dont la convention 2017-2019 n’a toujours pas été signée par Marlène Schiappa. Le Planning familial souffre lui aussi d’un retard du gouvernement, puisqu’il n’a pas encore reçu la première moitié de son budget public pour cette année, tandis que la Fédération nationale solidarité femmes aurait d^ toucher 50% de la somme qui lui était destinée pour l’année en janvier.
"On a l’habitude, on a toujours des retards", a précisé Veronica Noseda, la coordinatrice nationale du Planning familial, à Libération. "Mais ce retard peut prendre une tout autre signification dans un contexte de restriction budgétaire. Là, on se demande : est-ce qu’on aura une tranche diminuée ou est-ce qu’on n’obtiendra rien de notre ancienne tranche ? C’est flou et très inquiétant".