L’explosion de la vente de baskets donne des idées aux start up
En un an les ventes de skeakers, principalement utilisées en ville ont progressé de 5,5 millions. Face à la domination des géants comme Nike, de petits entrepreneurs tentent de relancer la fabrication
Par Julie Chauveau, Léa Delpont, Guillaume Roussange, Stanislas du Guerny
Un rendez vous professionnel ? Un dîner dans un restaurant chic le même jour ? Pas besoin de se changer, les sneakers sont devenues LES produits à la mode. Kanye West a fait trembler les foules avec ses Yeezy.... Et pendant la fashion Week, les manequins ont défilé avec des Balenciaga flashy. Dans un domaine où la fabrication des chaussures de sport se fait pratiquement uniquement en Asie, où les cinq premières marques pèsent les trois quart du marché (voir encadré), une nouvelle génération de designers et de concepteurs , installés aux quatre coins de l’hexagone rivalisent d’invention.
Concept ultra léger
Vincent Guillet, designer parisien qui a fait ses armes chez LVMH a lancé Anonyme-Paris, une gamme d'accessoires de modes « made in France ». Mais la moitié de son chiffre d’affaires se fait avec des sneakers premium, dessinées dans ses bureaux, et produites au Portugal. Après avoir accueilli à son capital le family office Mirabelle, il lance depuis quelques jours ENSO, avec le soutien de l’acteur Omar Sy un concept ultra léger, chaque pièce ne pesant pas plus de 250 grammes, en cuir velour lavé. «J’ai essayé au début mais il n’est vraiment pas possible de fabriquer en France car les savoirs se sont perdus. Les sneakers sont devenus un accessoire de mode tellement fort que les leaders ont tiré les prix vers le haut » explique-t-il. Autre parisien, François Chastang, a, lui aussi conçu une marque haut de gamme marque National Standard en cuir fabriquée au Portugal. Il a réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de 1,9 millions d’euros contre 1,5 millions en 2015 grâce à sa présence dans plus de 250 points de vente et sur internet. Ces deux concepteurs ont choisi de travailler avec des ateliers portugais, considérant que le savoir faire du piquage s’est perdu dans l’hexagone. Virgile Caillet, délégué général du syndicat des industries du sport note l’arrivée de start up sur le marché de la chaussure de sport mais surtout rappelle que Adidas a annoncé l’ouverture cette année de sa deuxième usine « speed factory » aux Etats Unis à Atlanta, après l’Allemagne.
Lancement sur ulule
A Romans, terre de la chaussure, certains trouvent eux aussi leur salut par la basket. InSoft, dirigée par un ex de chez Lafuma et d’Aigle a lancé avec succès sur ulule son sneaker tricoté. Baptisé Ector, il est fabriqué à partir de fil recyclé et surtout réalisé pour le dessus de la chaussure en une seule pièce avec des zones renforcées. « Nous sommes sur un marché où la technique évolue. Le tissage permet d’éviter de nombreuses opérations de coutures » explique-t-il.
Crée il y a cinq ans, Insoft fabrique ses propres chaussures et espère lever des fonds suppémentaires prochainement pour acheter de nouvelle machines. Son atelier est sous traitant pour plusieurs marques dont les fameux jeans 1080, qui vendent également 5.000 paires de bakets par an (de 99 à 129 euros). Lamarque aux jeans travaille avec deux autres ateliers Venexan, MagicFeet.Thomas Huriez, patron de 1080 espère que les volumes vont augmenter pour ouvrir un atelier supplémentaire dans l’usine de Jourdan qu’il a rachetée (un projet de tourisme industriel à 5 millions d’euros).Comme pour ses jeans, il vend sur Internet avec en plus 4 boutiques en propre Modetic pour économiser les frais de distribution.
Scratch réversibles
Victor & Zoé a également démarré en novembre 2015 sur Internet. Ses baskets de ville de type Richelieu sont fabriqués en sous-traitance dans une usine en Dordogne, qui travaille pour des marques comme Repetto. La jeune marque produit un modèle en cuir décliné en quatre couleurs. « Nous avons choisi de réduire la marge pour garder la qualité de la fabrication française », dit Guillaume Vizioz, président de Victor & Zoé. La marque vend pour l’instant 150 paires par mois et prépare un nouveau modèle.
Le développement passe aussi par l’innovation. Trois étudiants d’Amiens se sont lancé le pari de la basket à scratchs. Leur marque, Bardan’s, propose neuf modèles et une douzaine de scratchs différents. «Soit plus de 100 000 combinaisons possibles », vante Maxime David, l’un des fondateurs. En sept mois, le concept a déjà séduit un millier de client. Soit un chiffre d’affaires de 50.000 euros pour les créateurs, qui comptent arrêter leurs études l’année prochaine pour se consacrer à fond à leur aventure.
Extérieur en micro-fibres
Ancien basketteur professionnel, Louis-Florent Beng a créé la marque « 24 secondes » à Quimper. Il propose des baskets pour les sportifs. « Ce sont, indique-t-il, des produits techniques, nous avons travaillé sur l’adhérence de la semelle, l’absorption des chocs. L’extérieur de la chaussure est en micro-fibres ». Chaque paire est vendue entre 115 et 130 euros selon les modèles « qui sont tous fabriqués en Anjou », continue Louis-Florent Beng. La jeune entreprise qui s’est adressée à la plateforme de financement Ulule pour pré-vendre ses chaussures, en a déjà écoulé « près de 1.000 ». Trois personnes forment l’équipe de la startup qui vend ses modèles uniquement sur Internet et se prépare à lever des fonds pour accélérer sa croissance.