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Retraites : après l'accord sur l'âge-pivot, l'exécutif appelle à la fin de la grève

Le Premier ministre Edouard Philippe a défendu dimanche soir sur France 2 le compromis sur la conférence de financement trouvé avec les réformistes (CFDT, Unsa) et appelé les grévistes à la « responsabilité ». Il retire la mise en place d'un âge pivot dès 2022 et laisse le soin aux partenaires sociaux de dégager les mesures pour atteindre l'équilibre en 2027 d'ici à fin avril. 

Le Premier ministre Edouard Philippe, ici avec le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, a proposé de retirer du projet de loi la mise en place d'un âge pivot à soixante-quatre ans dès 2022.
Le Premier ministre Edouard Philippe, ici avec le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, a proposé de retirer du projet de loi la mise en place d'un âge pivot à soixante-quatre ans dès 2022. (Jacques Witt/POOL/REA)

Par Isabelle Ficek

Publié le 12 janv. 2020 à 18:07Mis à jour le 12 janv. 2020 à 20:49

Ce n'est pas un début, encore moins une fin, y compris de la grève, mais tout de même un tournant, espère l'exécutif, dans le conflit sur la réforme des retraites. « Cela change l'atmosphère », se félicite-t-on à Matignon au sujet du compromis validé samedi entre le Premier ministre et la CFDT, l'Unsa, la CFTC ainsi que le Medef, la CPME et l'U2P.

« Ce n'est pas la fin du marathon, mais c'est un marathon que nous allons reprendre ensemble et pas les uns contre les autres pour trouver des accords sur la pénibilité, la fonction publique, les fins de carrière… », assure l'entourage du Premier ministre qui ce dimanche soir sur France 2 a salué ce compromis comme « une excellente nouvelle » et défendu le régime universel en assurant que le gouvernement irait « jusqu'au bout ». « Il y a une voie pour sortir de la crise, on est sortis d'une logique d'affrontement à une logique de dialogue », avait assuré dimanche matin la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, lors du Grand Jury RTL. 

Conserver l'essentiel

« Chacun revient avec le sentiment d'avoir conservé l'essentiel, d'avoir trouvé un bon compromis », estime encore l'entourage d'Edouard Philippe. « C'est une victoire », a pour sa part lâché le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Car dans son courrier aux partenaires sociaux envoyé samedi, le Premier ministre propose - c'est un geste et c'était un préalable pour la CFDT - de « retirer du projet de loi la mesure de court terme consistant à converger progressivement à partir de 2022 vers un âge d'équilibre à 64 ans en 2027 ».

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En clair, il retire la mise en place d'un âge pivot dès 2022. Et il laisse le soin à la « conférence sur l'équilibre et le financement des retraites », constituée notamment des partenaires sociaux qui participeront à la future gouvernance du système, de dégager les mesures pour atteindre l'équilibre en 2027« sans baisser les pensions » ni augmenter le coût du travail. Ce qui laisse toutefois la porte à une légère hausse des cotisations, s'il y a compensation, ou au fléchage d'une recette existante vers les retraites. «C'est un acte de confiance », a martelé le Premier ministre sur France 2.

Ordonnances

Si la conférence arrive à un accord d'ici fin avril, avant, donc, la deuxième lecture du projet de loi au Parlement, le gouvernement « prendra une ordonnance transcrivant cet accord dans la loi ». Sinon, Edouard Philippe prendra ses « responsabilités », mais il le fera, précise-t-il alors que les partenaires sociaux sont très échaudés par l'épisode de l'assurance chômage, « éclairé par les travaux de la conférence ». Cela laisse entendre que les mesures prises ne seraient alors pas uniquement une mesure d'âge. «Je suis ferme sur l'équilibre du système », a-t-il répété dimanche soir, «mais ce qui compte, ce n'est pas l'instrument, c'est l'objectif (...) et le calendrier. Chacun a bougé. »

Pour le futur système universel, le Premier ministre assume, afin qu'il soit financé, qu'il comporte « un âge d'équilibre » qui sera « un des leviers de pilotage collectif du système dans la durée », mais qui pourra être modulé selon les cas. Si le gouvernement usera des ordonnances, il récuse vouloir user du 49-3.

Ce compromis ne met pas fin à la grève, qui se poursuit dans les transports, ni à la contestation, l'intersyndicale ayant déjà appelé à une journée de manifestation mardi. Et Jean-Luc Mélenchon pour LFI, ou Olivier Faure au PS, à un retrait total du texte. Mais l'exécutif brandit cet accord pour appuyer sur les divisions syndicales et appeler, à l'instar de la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, à arrêter la grève. Le Premier ministre sur France 2 a lui appelé les grévistes à la « responsabilité » et évoqué le fameux « il faut savoir terminer une grève » de Maurice Thorez. Un message à l'attention des grévistes de la RATP et de la SNCF. Mais aussi - et surtout - de l'opinion publique. « Ils vont voir qu'ils sont isolés et que l'ambiance est à l'apaisement. Les Français ne comprendraient pas les logiques d'énervés », veut croire un proche du Premier ministre.

Renoncement

Alors que LR crie au « renoncement » et à « l'abandon de la réforme », le gouvernement insiste sur le terme de « compromis » et récuse celui de « concession », quand il ne veut pas être accusé de recul dans l'électorat de droite. « Un compromis, a insisté le Premier ministre, ce n'est pas un recul, c'est un pas en avant. Tout le monde a mis le temps de bouger ». Et puis Edouard Philippe a dit et redit que « chacun a bougé » mais que « l'équilibre n'est pas négociable » , assurant qu'il ne laisserait « pas passer un projet de loi qui ne prévoirait pas les mesures à l'équilibre en 2027 car ce serait totalement irresponsable. »  C'est un point qui inquiète l'électorat de droite et concentre les critiques de LR. « Un accord avec la suppression des régimes spéciaux, la droite en rêve depuis quarante ans ! Et l'équilibre du système à court, moyen et long terme, elle n'y est pas parvenue non plus », réplique l'entourage d'Edouard Philippe.

« On est plus fort aujourd'hui politiquement, à l'Assemblée nationale, socialement, d'avoir conclu ce compromis au moment où, au vu de la mobilisation, certains disaient de faire sans », avance un proche du Premier ministre. Au vu du sondage Ifop pour le « JDD » publié dimanche et réalisé avant l'accord, avec un soutien à la grève en hausse de 5 points en une semaine à 30 %, il était toutefois grand temps pour le gouvernement de pouvoir montrer à l'opinion qu'il fait bouger les lignes. Et continue d'avancer, avec, mardi, un nouveau round sur la pénibilité . La nette amélioration du trafic SNCF (quasi normal pour les TGV) ce lundi vient aussi conforter sa position.

Isabelle Ficek   

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