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La santé, un secteur en pleine révolution

LES MATINS DE L'ECO – Réunis au siège de OnePoint à Paris, chefs d'entreprise et acteurs de l'économie ont débattu jeudi 29 mars de la santé de demain. Une discussion animée par Rémy Dessart, rédacteur en chef au JDD, et Valérie Hoffenberg, présidente du Connecting Leaders Club, co-organisatrice de l'événement.

Rédaction JDD
Thibault Lanthier (Mon Docteur), Kiryakos Chebel( Accenture), Valérie Hoffenberg (CLC), Jacques de Peretti (Axa France), Rémy Dessarts (Le JDD), Cécile Morvan (Proximité e-Santé) et Vincent Champain (GE Digital Europe).
Thibault Lanthier (Mon Docteur), Kiryakos Chebel( Accenture), Valérie Hoffenberg (CLC), Jacques de Peretti (Axa France), Rémy Dessarts (Le JDD), Cécile Morvan (Proximité e-Santé) et Vincent Champain (GE Digital Europe). © Erez Lichtfeld

A quoi ressemblera la santé de demain? De la prise de rendez-vous à l'acte médical, l'innovation numérique transforme toutes les étapes du parcours de soins et notre rapport à la santé s'en trouve bouleversé. Un progrès qui nourrit de grandes perspectives mais suscite aussi des craintes. S'ils insistent sur la nécessité d'encadrer les nouvelles pratiques, les invités des Matins de l'économie veulent voir dans ces innovations un pas en avant. "Les technologies provoquent des révolutions en matière d'amélioration des soins qui dépassent les fantasmes et les craintes qui existent, estime Vincent ­Champain, directeur général de GE Digital ­Foundry Europe. On va mieux outiller les médecins, qui, en gagnant du temps sur le diagnostic, pourront se concentrer davantage sur les soins."

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Il assure que l'innovation technologique ne remplacera en rien l'humain mais générera un "médecin augmenté" capable de répondre à de nouvelles problématiques. "La technologie va permettre de réduire considérablement le coût global des soins", souligne Kiryakos Chebel, directeur exécutif santé chez Accenture. Comme les autres intervenants, il note que la santé connectée va permettre de développer la prévention, un aspect sur lequel le gouvernement a insisté fin mars en dévoilant son plan dans le domaine.

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Le rôle moteur du secteur privé

Les opportunités offertes par Internet décuplent les offres à distance, à commencer par la prise de rendez-vous, un secteur dans lequel le site MonDocteur est un pionnier en France. "Nous avons déjà géré 50 millions de consultations en quatre ans", explique Thibault Lanthier, cofondateur et directeur général du site. Le patient redevient acteur de sa santé et peut interagir différemment avec son médecin. Il assure que la prise de rendez-vous n'est qu'une "porte d'entrée" dans ce secteur en plein essor. "On n'est qu'au début de cette révolution numérique. La téléconsultation sera une autre étape, une autre façon de parler avec son médecin. Il existe un certain nombre d'actes pour lesquels il sera plus simple de voir son médecin sur son smartphone ou sa tablette que via une consultation physique pas toujours nécessaire."

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Pour le PDG d'Axa France, Jacques de Peretti, le secteur privé doit jouer un rôle moteur dans cette révolution en apportant son "agilité". Son entreprise a déjà développé un système de consultations médicales par téléphone accessible 24 h/24 et 7 j/7, un service complémentaire au suivi par le médecin traitant. "Nous déployons aussi chez nos clients, en partenariat avec H4D, des cabines de téléconsultation qui permettent de faire un bilan de santé de façon autonome accompagné d'un didacticiel qui offre la possibilité de réaliser jusqu'à 12 examens médicaux à distance", assure-t‑il. Une façon de lutter contre l'engorgement des services d'urgence et les déserts médicaux. "Pour répondre à certaines carences de la santé au travail, nous travaillons avec la start-up Padoa, qui, grâce à une ­plateforme technologique innovante, permet aux équipes médicales d'y voir plus clair sur le diagnostic santé des collaborateurs et d'élaborer des plans de prévention ciblés", détaille Jacques de Peretti.

Rassurer médecins et usagers

Des projets qui se heurtent trop souvent aux contraintes du terrain : peu de coordination entre les différents acteurs, manque de formation des personnels de santé et crainte des usagers vis‑à-vis de ces nouvelles méthodes. Cécile Morvan, créatrice du collectif Proximité e-santé, résume le problème à travers un exemple : "Les objets connectés pourraient permettre de faciliter un suivi médical à distance. Mais il faut qu'ils soient remboursés par la Sécurité sociale pour se répandre et que les médecins les utilisent. Il faudrait également que des sessions de formation à la e-santé existent dans les facultés de médecine. Il faut mobiliser tout le monde."

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"C'est un secteur complexe tant au niveau des acteurs que des enjeux. La seule façon d'avancer est d'être pragmatique, souligne Thibault Lanthier. Tant qu'on ne forme pas les médecins et leurs secrétaires pour utiliser les objets connectés et faire de la téléconsultation, ça ne marchera pas, c'est un prérequis indispensable." "On ne peut pas demander aux médecins de faire des efforts supplémentaires pour utiliser les nouvelles technologies. Il faut apporter une aide et non pas une charge administrative ou technologique de plus", abonde Kiryakos Chebel.

L'autre défi à relever est de rassurer les patients. Si les data et l'intelligence artificielle peuvent améliorer la prévention et les soins, elles sont aussi source de méfiance. Pour Thibault Lanthier, il ne faut pas perdre plus de temps : "Il y a un cadre réglementaire clair sur les données et les patients n'en ont pas tellement peur. Ils sont favorables au partage de leur dossier médical en ligne avec leur médecin via des plateformes dédiées et sécurisées." Jacques de Peretti se veut également rassurant : "Il existe déjà une muraille de Chine entre les données privées des patients et notre activité en tant qu'assureur." "La data, c'est de l'intelligence artificielle qui nous sert à alimenter des outils technologiques, c'est un vecteur d'épidémiologie colossal, rappelle Philippe Dabi, PDG du groupe Bioclinic. On est en train de se protéger avant même d'avoir tenté d'utiliser cet outil!"


"Mettre le numérique au service des médecins"

Thibault Lanthier, cofondateur et directeur général de MonDocteur

Comment fonctionne le site MonDocteur?
Nous avons deux cibles. Les patients, d'une part, qui peuvent prendre ­rendez-vous en ligne avec un médecin et gérer leur parcours de soins à travers un tableau de bord qui s'assimile à un carnet de santé numérique. Et nous nous adressons aux médecins, d'autre part, en mettant à leur disposition un logiciel qui leur permet de gérer leurs consultations et toutes les relations avec leurs patients et leurs confrères. Ils peuvent mettre plusieurs types de documents à disposition du patient : des ordonnances, des comptes rendus de consultation, des résultats d'analyses, etc.

Quelles sont les nouveautés que vous venez de mettre en place?
Notre ambition est de révolutionner la santé en facilitant l'échange d'informations entre le patient et son médecin et entre les médecins également. Nous avons développé de nouvelles fonctionnalités pour permettre au patient de mieux suivre sa santé au quotidien, d'accéder aux documents que lui transmet son médecin, de déposer des documents en ligne. L'objectif est de pouvoir y accéder de n'importe quel terminal pour pouvoir emmener partout ce carnet de santé en ligne et y donner facilement accès au médecin.

A quoi doit ressembler la santé de demain?
Il faut mettre le numérique au service des médecins. Il faut que tout soit plus simple, plus proche et plus humain. Ce doit être une médecine dans laquelle le patient a facilement accès à l'ensemble de ses données et peut interagir avec son médecin.

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