Tribune. En décidant l’obligation de l’affichage de la durabilité des produits pour les fabricants en 2020, le gouvernement a ouvert la brèche. La Commission européenne s’y emploie d’ores et déjà grâce à l’élaboration d’un « indice de réparabilité », sans parler des récents travaux de l’ONU ou dans d’autres pays du monde.
Sans attendre d’y être contraintes, certaines entreprises prennent de l’avance. Après Seb et sa promesse de produits réparables pendant dix ans, c’est au tour de Fnac Darty d’annoncer, le 3 juillet, l’apposition d’une « note de réparabilité » sur les ordinateurs vendus dans ses magasins, afin de mieux conseiller ses clients. Mais quels sont les impacts réels de telles annonces ?
Dans environ 80 % des cas, le consommateur achète un nouvel équipement car l’ancien ne fonctionne plus. Un produit coûteux n’est pas toujours gage de durabilité, même si c’est globalement mieux que le bas de gamme. Echaudé par des produits décevants dont il a dû se séparer trop tôt, le consommateur ne disposant d’aucune information fait parfois un choix qui paraît rationnel : acheter moins cher pour limiter le risque financier de subir l’obsolescence d’un produit. Résultat, une frustration légitime et une course au moins-disant avec des composants de faible qualité, et une empreinte écologique désastreuse.
Comparer et mieux choisir
La note de réparabilité de Fnac Darty est donc à saluer car elle offre un double intérêt.
D’une part, cet affichage apporte au client les moyens de comparer et de mieux choisir. Par exemple, il vaut mieux sélectionner une marque qui s’engage à avoir des pièces détachées standards et la documentation nécessaire permettant d’entretenir et de réparer, plutôt que de devoir racheter un équipement entier dès la première panne, une fois que la garantie légale de deux ans est passée.
L’intérêt de cette note est de juger la réparabilité par tous, et non pas uniquement par le fabricant ou par ses réparateurs agréés, ce qui contraindrait le client à son bon vouloir. L’indice mériterait d’ailleurs d’être visible directement en magasin, dans le cadre d’une stratégie globale de l’enseigne passant par une meilleure formation des vendeurs.
D’autre part, l’effort de transparence de la part du distributeur pousse les fabricants à s’améliorer sur la conception même des produits pour être bien classés par rapport aux autres. Loin de nuire aux intérêts économiques français, l’allongement de la durée de vie des produits favorise les marques européennes et l’emploi local, en particulier dans le secteur de la réparation et du réemploi.
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