Mais elle est où la valeur de Facebook ?
Le célèbre réseau social va s'introduire en bourse vendredi 18 mai, mais tout le monde se demande s'il vaut bien 100 milliards de dollars.
Facebook, ce n’est pas un réseau, c’est une bulle ! Cette affirmation, beaucoup d’entre nous -sans doute néophytes- se la font spontanément en regardant le phénomène aux 900 millions d’amis. Ils s’interrogent : comment une boite de 3500 personnes générant à peine 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires peut-elle être valorisée plus de 100 milliards de dollars en bourse ?
Pour eux, c’est bien la preuve que les marchés sont devenus fous, qu’ils ne jaugent plus le potentiel d’une entreprise sur la valeur créée par ses produits ou ses services mais sur des impressions, des effets de mode, un sex-appeal… Bref, sur du virtuel, autant dire sur du vent. Pour eux, la valorisation de Facebook est indue. Et le réseau a beau être très connu, occuper la place de numéro 1 mondial, il a tout d’une bulle.
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sourceCette controverse, l’avenir se chargera de la trancher. Mais elle a le mérite de poser une question extrêmement intéressante à l’heure où l’on veut relancer la production en France, ré-industrialiser le pays : où se crée la valeur dans notre économie aujourd’hui ? Longtemps, le fait de transformer une matière première en outil, en machine ou en objet a constitué le business-modèle de l’industrie. Elle a même fait son succès au XIXème et au XXème siècle.
Mais ce mécanisme s’est peu à peu paupérisé. La transformation de la matière est devenue un acte assez banal et les produits des commodités… Obligeant les industriels à aller chercher leur valeur (leurs marges en fait) ailleurs : dans les services. C’est ce que font Schneider Electric en France lorsqu'il vend de l'efficacité énergétique (des économies) plutôt que des compteurs ou Michelin quand il facture ses pneus au nombre d’atterissage réussi.
Finalement, ce que vendent ces industriels, ce n’est plus tant leurs produits qu’un service rendu. C’est à dire une valeur immatérielle… comme Facebook ! La différence, c’est que ce service rendu est premier dans le réseau social. Ce qu’il apporte à ses 900 millions d’amis, c’est du lien, de la mise en relation, du partage d’informations, de la prescription. Il n’a certes pas de gammes de produit physique pour asseoir dans le réel sa création de richesse mais elle est bien là, même si elle est impalpable.
Face à ce nouveau paradigme, "il nous faut réapprendre à quantifier la valeur dans l’économie, à en révéler les sous-jacents, bref à redonner à l’économie numérique sa réalité", souligne Henri Verdier et Nicolas Colin, dans leur excellent livre "L’âge de la multitude" qui vient de paraitre aux éditions Armand Colin. Selon eux, c’est la multitude, l'audience des sites, leur communauté des utilisateurs, contributeurs, fans, amis, développeurs qui créent la richesse aujourd’hui. Dans le cas de Facebook, ce sont les 900 millions d’amis et tout l’écosystème de développeurs qui font la valeur de ce réseau. Cela vaut-il 100 milliards de dollars, c’est finalement un tout autre débat. Et il existe depuis que les bourses existent…
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