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Publié le 06 octobre 2019 Mis à jour le 06 octobre 2019

Nouvelles formes d’organisation du travail au service de l’innovation collaborative dans le cadre des territoires - Thèse

Cas des tiers-lieux collaboratifs - par Cornelia Elena Sandulache

La thèse de Cornelia Elena Sandulache «Comment appréhender les nouvelles formes d’organisation du travail au service de l’innovation collaborative dans le cadre des territoires inscrits dans une démarche de stratégie intelligente ? - Cas des tiers-lieux collaboratifs» poursuit trois objectifs :

  • Analyser la dimension collaborative de l’organisation du travail afin de déceler son potentiel novateur ;
  • Identifier les processus de gestion qui favorisent l’innovation collaborative en utilisant le cas des espaces de coworking ;
  • Conjuguer ces processus au niveau d’un territoire afin de pouvoir proposer un modèle de gestion intégratif capable de démultiplier le potentiel d’innovation collaborative.

La thèse se déploie aux niveaux analytique, conjoncturel et territorial. Le terrain de recherche est constitué de 11 espaces de coworking en France et de 6 espaces de coworking aux États-Unis. Elle utilise des entretiens semi-directifs, de l’analyse documentaire et de l’observation.

Un premier temps de la thèse consiste à comprendre le concept de « travail collaboratif » et d’établir un lien avec l’innovation collaborative. Le concept déjà daté de NFOT (nouvelles formes d’organisation du travail) est remis au gout du jour en partant des pratiques, des années 1950 (management par objectifs), des années 1970 (télétravail et management participatif) ou à partir des années 1980 (équipes semi - autonomes). En trente ans, ces formes pointent un rôle croissant de la capitalisation de connaissance sur l’individu. Le travail collaboratif est analysé comme une poursuite du Taylorisme et du Fordisme, une instrumentalisation appliquée au travail intellectuel.

Mais avec le développement des réseaux et des outils collaboratifs, la dispersion des contributeurs, le contrôle de l’innovation échappe aux entités organisées classiques. Les organisations se voient tenues de valoriser la contribution et la création collective, car elle possède un pouvoir novateur qui vitalise :

  • les formes de gouvernance ascendantes basées sur des aspirations démocratiques;
  • la création de nouvelles valeurs ajoutées par les usages;
  • le sens renouvelé des communautés basés sur déterminés de manière collective à travers de nouveaux liens et de nouveaux lieux.

Les transformations du travail collaboratif, à l’intérieur ou à l’extérieur des communautés (physiques ou en ligne) apparaît source d’innovation collaborative. Le travail collaboratif progresse également à l’occasion du développement des pratiques des communautés s’inscrivant dans le mouvement du logiciel libre initié dès le début des années 80, en conjonction avec les communautés physiques qui s’installent dans des tiers lieux collaboratifs. Ces tiers lieux combinant les fonctions d’espaces cognitifs, d’espaces de projets et d’espaces évènementiels. Ces espaces, pour l’auteur,

« En arborant un modèle organisationnel intentionnel axé sur la collaboration, les espaces de travail collaboratif, ainsi que les réseaux des espaces de travail collaboratif, ont fait les premiers pas dans la direction d’une métagouvernance d’une communauté des décideurs ou des réseaux favorisant l’innovation collaborative ».

Si pour l’innovation, la dimension territoriale a souvent fait l’objet de nombreuses recherches, l’auteur s’intéresse au potentiel des communautés. Il reprend la vision stratifiée en

  •  « underground » (initiatives créatives individuelles et collectives non structurées),
  • « middleground » (communautés créatives structurées)
  • et « upperground » (entreprises et institutions exploitantes).

C’est l’articulation de ces strates allant de l’exploration à l’exploitation qui favorise l’innovation sur un territoire. Les individus et leurs idées circulant de strate en strate produirait l’innovation sur un territoire. La créativité collective dans les groupes serait un facteur favorisant cette innovation.

L’auteur s’efforce d’identifier les éléments affectant la gestion de l’innovation collaborative, tels que les échanges récurrents, le processus d’échange et de combinaison d’idées et de routines, ou les déclencheurs et les développements de l’innovation collaborative. Trois évènements pourraient être à l’origine de l’innovation collaborative : l’ubiquité du réseau, les standards ouverts (open) et les nouveaux modèles d’entreprise.

L’auteur distingue « la collaboration comme une activité destinée à l’aboutissement d’un objectif établi de manière commune par les agents impliqués dans l’activité, tandis que la coopération représente une activité destinée à l’aboutissement d’une pluralité d’objectifs différents appartenant aux individus engagés dans l’activité ».

Les communautés seraient plus aptes à organiser la coopération individuelle car mieux à même d’inscrire la finalité dans l’environnement individuel quand celui-ci peut s’impliquer dans le processus de décision. L’appropriation des règles passe, par un processus de co-construction aussi important que les règles obtenues. Car c’est par la co-construction des règles que des controverses se traduisent pour chacun, que des ressources linguistiques s’élaborent et qu’une vision commune se constitue. La constitution de communautés incite alors à des recombinaisons répétées de connaissances et d’expériences et à de l’innovation.

La communication au sein des communautés revêt un caractère essentiel. Selon une approche interactionniste la communication joue des fonctions disposant d’objectifs

  • de «coordination » qui garantit la fluidification des activités et correspond aux processus de gestion d’organisation classiques ;
  • d'« information » qui est employée, par exemple, dans des communautés de pratiques qui font usage des outils collaboratifs;
  • d'«inspiration » génératrice de nouvelles connaissances peut déclencher - à travers la sérendipité - des dynamiques inattendues d’innovation.

Par ailleurs alors que les liens faibles encouragent l’initiative individuelle et la recherche de la diversité. En revanche, les liens forts sont considérés aptes à encourager la conformité de la pensée et l’acceptation facile des normes. L’espace assure une prise de conscience des opportunités de collaboration à travers l’agencement des bureaux autour d’un espace collectif, la création d’espaces de collaboration formels et d’espaces de collaboration informels.

La proximité fonctionne bien pour la communication pour coordination et la communication pour information. Néanmoins, en configurant l’espace physique selon la structure organisationnelle la communication pour inspiration au sein de l’entreprise est affectée négativement. L’auteur soutient que la flexibilité fonctionnelle de l’espace encourage la spontanéité et la créativité des employés en leur permettant une transition rapide et aisée vers diverses formes de travail : travail individuel, travail en groupe, travail en équipe - projet etc. Il serait donc important pour favoriser l’innovation collaborative de créer de manière volontaire et intentionnelle les recombinaisons répétées de connaissances et d’expériences à l’origine de la construction des communautés collaboratives pérennes

Espace, communication et organisation

Les bénéfices de la thèse est de clarifier la notion de « nouveauté » associée aux nouvelles formes d’organisation de travail, ainsi que leur potentiel novateur, afin de pouvoir esquisser la grille d’analyse de l’innovation collaborative, de proposer un schéma conceptuel enrichi intégrant les éléments du terrain, et d’offrir un modèle intégratif de gestion territoriale de l’innovation collaborative.

Ces résultats visent, d’un côté, la prise de conscience de nouveaux enjeux associés au concept de travail collaboratif et son potentiel, notamment l’innovation collaborative ; et de l’autre, la prise de conscience de l’importance de l’espace et des trois types de communication - communication pour coordination, communication pour information, communication pour inspiration - dans la gestion de l’innovation collaborative afin d’envisager de nouvelles politiques (publiques) de gestion de l’innovation collaborative (territoriale).

Sources

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02172252


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