L’immobilier s’offre un coup de neuf

  LE PARISIEN MAGAZINE. De jeunes entrepreneurs français créent des start-up pour initier la transition numérique d’un marché poussiéreux.

 Angelo Blot, 30?ans, a créé MaSmartHome en 2015.
 Angelo Blot, 30?ans, a créé MaSmartHome en 2015. Anthony Micallef

    S'il est un secteur qui reste à moderniser, c'est bien l'immobilier. Locataires, propriétaires de leur propre logement ou investisseurs, tout le monde a le sentiment que le marché fonctionne, peu ou prou, comme il y a dix ou vingt ans. Comme si la révolution numérique l'avait boudé. Mais voici que ces deux dernières années, plusieurs dizaines de jeunes entrepreneurs ont lancé leur start-up, et devraient donner un bon coup de neuf au secteur, concurrencer ses grands acteurs en rendant aux clients de meilleurs services, moins chers et sans intermédiaire.

    Le premier secteur économique de tous les pays développés

    L'une d'entre elles, Homeloop, inspirée de la jeune société américaine OpenDoor, propose ainsi au propriétaire d'un bien de l'expertiser et de lui faire une proposition d'achat en quarante-huit heures chrono. Une révolution ! Spotmyflat, elle, permet aux professionnels de s'échanger, moyennant rémunération, leurs informations – recherche insatisfaite d'un acquéreur, annonce d'une estimation restée sans suite faisant craindre une vente entre particuliers... Une autre encore, Bevouac, spécialiste de l'analyse de données, propose aux investisseurs d'estimer la rentabilité nette de leur future opération.

    Toutes ces start-up font partie de Real Estech, une « communauté » créée par l'essayiste français Robin Rivaton, 29 ans, qui s'est passionné pour le sujet : « L'immobilier et la construction, cela représente le premier secteur économique de tous les pays développés, explique-t-il. En France, c'est 17 % du PIB ! Malgré ça, l'innovation et les gains de productivité restaient jusqu'ici très modestes. L'immobilier était... immobile. » D'un côté, les clients réclament de nouveaux usages, plus fexibles (jusqu'à quand signera-t-on un bail 3-6-9 ?), de l'autre, de nouvelles technologies sont désormais disponibles. C'est de cette rencontre que naissent les révolutions.

    Le logement connecté, credo de MaSmartHome

    « Quand j'ai vu les objets connectés arriver chez Darty et à la Fnac, je me suis dit que la domotique allait vite se démocratiser. » Angelo Blot, 30 ans, a créé en 2015 MaSmartHome, après l'obtention de son diplôme en technologie et innovation. Plutôt que de s'adresser au grand public, il a l'idée de fournir une plateforme aux promoteurs, pour que leurs clients puissent s'équiper, s'ils le souhaitent, d'un chauffage, de volets roulants et d'éclairages connectés. Pour l'acquéreur d'un trois-pièces neuf (200 000 euros en moyenne, hors Paris), par exemple, le surcoût ne dépasse pas 2 000 euros.

    InSitio gère vos locataires

    InSitio, la start-up de Thibaut Roy, 28 ans, va aider tout propriétaire louant un ou des appartements. La plateforme de gestion envoie les avis d'échéance, gère le paiement sécurisé, les régularisations annuelles, expédie la quittance de loyer ou le rappel à l'ordre, propose une assurance pour loyers impayés... « Mon père avait deux studios dont je me suis occupé, raconte Thibaut. Etant de la jeune génération, je m'étonnais qu'il n'y ait pas d'outil automatisé. » Un manque comblé. Il vend son produit, sous forme de licence, 3,90 euros par mois, quand les agences prélèvent, elles, jusqu'à 6 % des loyers.

    Homeloop peut racheter votre bien en deux jours

    Une innovation de salut public ! La jeune société française Homeloop, lancée par Aurélien Gouttefarde, 32 ans, propose au propriétaire d'un bien de le lui racheter cash en quarante-huit heures ! Ou plutôt en trois semaines – tout compris –, le temps de signer chez le notaire. « Il y a deux ans, j'ai dû mettre en vente une voiture et un studio, raconte-t-il. J'ai vendu ma voiture en quelques jours sur Aramisauto.com. Vendre le studio m'a pris des mois, et la façon de s'y prendre n'avait pas changé depuis que ma mère l'avait acheté il y a vingt ans. » Aux Etats-Unis, une start-up, OpenDoor, a changé la donne avec des services détonants, qui fluidifient le marché immobilier, et dont Homeloop s'est inspirée. Le principe est simple : si votre maison ou votre bien à vendre se situe dans une zone éligible, vous remplissez un formulaire en ligne dans lequel vous le décrivez. Homeloop vous rappelle, effectue aussitôt une visite de contrôle et réalise une estimation, grâce à un algorithme qui mouline les données sur les transactions passées. Dans les quarante-huit heures, la société – qui elle-même se finance auprès d'investisseurs institutionnels – vous fait une offre ferme. Pour que le système fonctionne, il faut bien entendu que Homeloop revende ensuite le logement plus cher qu'il ne l'a payé. En fait, le prix de marché d'un actif immobilier n'est pas un chiffre absolu, mais plutôt une fourchette. Tout l'art de Homeloop consiste à acheter plutôt dans le bas de la fourchette, et de revendre dans le haut. « Notre service a un coût, confirme Aurélien Gouttefarde, mais pour nos clients, c'est un sacré avantage que d'avoir l'argent en trois semaines ! »