Mali : « Les visites du CICR sont essentielles pour les personnes détenues en lien avec un conflit »

26 janvier 2016
Mali : « Les visites du CICR sont essentielles pour les personnes détenues en lien avec un conflit »
Mali. Grâce aux visites du CICR, Lamine a pu reprendre contact avec sa famille pendant ses mois de détention. CC BY-NC-ND / CICR

Lamine Follé est un militaire de 33 ans, en service à la 3ème compagnie de la Garde nationale du Mali. En 2012, il est fait prisonnier lors d'affrontements au nord du pays. Grâce aux visites du CICR pendant leur détention, Lamine et ses compagnons d'armes ont pu renouer contact avec leurs proches. Rencontré lors d'une séance de sensibilisation de son unité sur le droit international humanitaire (DIH), Lamine s'est souvenu de ces moments difficiles.

Enrôlé au sein de la 6ème unité Mehariste de la garde nationale du Mali (une unité mobile de renseignement et de sécurité détachée dans certaines localités nomades et difficiles d'accès), Laminé Follé est arrêté et fait prisonnier en 2012, à la suite de violents affrontements entre l'armée malienne et des groupes armés. « Je n'oublierai jamais cette date. Nous avons été capturés avec d'autres compagnons d'armes et transférés vers un site où nous avons été détenus pendant de longs mois. Ce jour-là, en chemin vers le lieu de détention, j'étais persuadé que je vivais mes dernières heures », confie-t-il.

En mai 2012, les détenus reçoivent la visite inattendue d'une équipe du CICR. « Quand je les ai vu arriver, j'ai été envahi par l'émotion. J'avais les larmes aux yeux, parce que je savais qu'ils venaient pour nous. Personne d'autre n'était passé par là avant. Après plus de deux mois d'emprisonnement dans un endroit isolé et sans aucune nouvelle de ma famille, c'était la première fois que nous avions de la visite ». Lors de cet entretien, les employés du CICR enregistrent les détenus et leur permettent de reprendre contact avec leurs proches. « J'ai rédigé des messages Croix-Rouge pour mon père et mon épouse. Plus tard, une autre équipe du CICR revenue nous voir m'a apporté leurs réponses. J'ai alors compris que mon père qui vivait à Kati, près de Bamako, et mon épouse qui était à l'époque à Gao avaient lu mes messages. Tous croyaient que j'étais mort depuis bien longtemps. »

Lamine Follé

Mali. Lamine Follé en compagnie de l'assistant communication du CICR lors d'une séance de sensibilisation sur le DIH pour la région militaire de Soikasso. CC BY-NC-ND / CICR

En raison du manque de ressources, les conditions de détention étaient difficiles. « Nous étions conscients des moyens limités du groupe armé, et devions nous contenter de ce qu'ils pouvaient nous donner. Ils partageaient avec nous ce qu'ils avaient mais ce n'était pas suffisant », se souvient Lamine. « A chaque visite, les employés du CICR discutaient avec nous de nos conditions de détention et du traitement reçu. Pour améliorer le quotidien et nous permettre de tenir, ils nous ont donné de la nourriture et des produits d'hygiène », ajoute-t-il, visiblement ému.

Lamine se souvient également de la prise en charge médicale d'un de ses camarades. « L'un d'entre nous était gravement malade. Après s'être entretenu avec nos gardiens, un employé du CICR a obtenu l'autorisation d'évacuer le malade à Niamey, au Niger, où il a pu être soigné », explique-t-il. « Aujourd'hui, il est en vie et j'en parle souvent avec lui. Je ne sais pas ce qui lui serait arrivé si le CICR ne l'avait pas pris en charge ».

En septembre 2012, Lamine et ses compagnons sont finalement libérés et retournent à Bamako, convaincus d'avoir eu la vie sauve grâce au CICR : « Nous n'avions aucun autre document d'identité que les fiches d'enregistrement que les équipes du CICR nous avaient remises. Ces documents représentaient pour nous la seule preuve de notre existence » dit-il. « Je reste à jamais reconnaissant à cette institution. Je pense que les visites du CICR sont vraiment essentielles pour les détenus en lien avec un conflit » conclut-il.