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Un nouveau groupe d’experts internationaux créé pour prévenir les pandémies zoonotiques

Un technicien de laboratoire travaille dans un centre de recherche à Bangkok, en Thaïlande. Ce centre collabore avec l'OMS sur les zoonoses virales.
Photo : OMS/P.Phutpheng
Un technicien de laboratoire travaille dans un centre de recherche à Bangkok, en Thaïlande. Ce centre collabore avec l'OMS sur les zoonoses virales.

Un nouveau groupe d’experts internationaux créé pour prévenir les pandémies zoonotiques

Santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et trois autres organismes internationaux ont constitué, jeudi, une équipe d’experts chargée de se pencher sur la prévention de la propagation des maladies zoonotiques. L’initiative intitulée « Une santé » ("One Health"), intervient en pleine pandémie de Covid-19, une maladie qui a montré le lien entre santés humaine, animale et environnementale. 

L’objectif de ce nouveau panel d’experts internationaux, porté par la France et l’Allemagne, est d’anticiper les prochaines épidémies zoonotiques. D’autant que « les trois quarts de toutes les maladies infectieuses émergentes ont pour origine les animaux ». 

« Les liens étroits entre la santé humaine, animale et environnementale exigent une collaboration, une communication et une coordination étroites entre les secteurs concernés », a déclaré le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, il s’agit d’une « initiative indispensable » pour faire passer le concept d’une seule santé à des politiques concrètes qui préservent la santé des populations du monde entier. Une façon d’insister sur la collaboration vitale entre spécialistes de plusieurs secteurs pour faire face à toute menace sanitaire et prévenir ainsi « toute perturbation des systèmes agroalimentaires ».

Unir les efforts pour mieux anticiper les futures menaces sanitaires mondiales

« La santé humaine n’est pas isolée et nos efforts pour la protéger ne peuvent l’être », a d’ailleurs dit à la presse le Dr Tedros.  Des menaces communes demandent des collaborations entre les différentes composantes, a-t-il ajouté.

Les premières étapes clés comprendront des analyses systématiques des connaissances scientifiques sur les facteurs qui conduisent à la transmission d’une maladie de l’animal à l’homme et vice versa. Il s’agit aussi d’élaborer des cadres d’évaluation des risques et de surveillance. Le Groupe entend se pencher sur les données scientifiques des infections et les obstacles à l’application de l’approche « Une santé». 

« La pandémie de Covid-19 nous rappelle brutalement que la collaboration entre les secteurs est absolument essentielle pour la santé mondiale. Unis, nous pourrons mieux anticiper les menaces sanitaires mondiales et travailler à la maîtrise des risques à la source animale », a affirmé la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Dre Monique Éloit.

Ce nouveau groupe dévoilé aujourd’hui est doté de plusieurs dizaines de scientifiques. Il examinera des questions qui vont de l’impact de l’activité humaine sur les écosystèmes aux infrastructures en passant par la production alimentaire.

La santé humaine, animale et planétaire va de pair.
- Inger Andersen, cheffe du PNUE

Il se penchera également sur les activités qui entraînent la perte de biodiversité et le changement climatique, ainsi que celles qui exercent une pression accrue sur les ressources naturelles, autant de facteurs qui peuvent conduire à l’émergence de zoonoses. 

« Pour mettre fin à la triple crise planétaire du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution qui menace notre paix et notre prospérité, nous devons comprendre que la santé humaine, animale et planétaire va de pair », a fait valoir la Directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Inger Andersen.

Le panel formulera des recommandations fondées sur des données probantes en vue d’une action mondiale, régionale, nationale et locale. 

« Nous devons faire davantage pour promouvoir des actions transformatrices qui ciblent les causes profondes de la destruction de la nature », a ajouté Mme Andersen.

Le groupe conseillera quatre organisations internationales - l’OMS, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’OIE et le PNUE - sur l’élaboration d’un plan d’action mondiale visant à prévenir les épidémies de maladies telles que la grippe aviaire H5N1, le MERS, l’Ebola, le Zika et, éventuellement, la COVID-19

« Les attentes en matière d’action collective et la nécessité d’une collaboration efficace n’ont jamais été aussi élevées », a insisté pour sa part le Dr QU Dongyu, Directeur général de la FAO.

Les premières recommandations attendues avant la fin de l’année

Ce groupe d’experts, qui va publier ses premières recommandations avant la fin de l’année, s’est réuni pour la première fois lundi et mardi. Une nouvelle réunion du Panel d’experts internationaux est prévue avant l’été. 

A noter que c’est la France et l’Allemagne, qui ont annoncé le 12 novembre dernier lors du Forum de Paris sur la paix, le lancement d’un panel d’experts sur l’approche « Une santé » pour faire le lien entre êtres humains, animaux et écosystèmes. 

Selon le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, ce dispositif a pour ambition d’avoir presque la même renommé que le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC). 

« La pandémie de Covid-19, dont l’origine zoonotique est fortement suspectée, souligne à quel point la santé humaine, animale et environnementale est étroitement liée », a fait remarquer le chef de la diplomatie française.

« Personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. C’est ce que nous devons garder à l’esprit pour prévenir les futures pandémies », a renchéri le ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, Heiko Maas.