Les opérateurs d'électricité peuvent sortir gagnant de la transition énergétique affirme Accenture
Menacés par l'essor des énergies renouvelables décentralisées et l'impératif de la lutte contre le réchauffement climatique, les opérateurs d'électricité pourraient gagner 380 milliards d'euros de valeur nouvelle par an en changeant leurs business models. Une étude d'Accenture et du CDP identifie six niches de valeur.
Les opérateurs d'énergie sont bousculés par la mutation du monde de l'électricité. Mais ils peuvent en sortir gagnants s'ils s'engagent sur de nouvelles voies. A la clé, selon l'étude "Low-Carbon, High Stakes" publiée ce mardi 5 janvier par Accenture Strategy et le centre de recherches sur le climat CDP, entre 245 et 380 milliards d'euros par an de valeur nouvelle d'ici à 2030 pour les opérateurs d'électricité dans le monde.
Producteurs, fournisseurs, transporteurs et distributeurs d'électrons, qu'ils soient intégrés ou non, voient leurs modèles d'activité menacés par deux facteurs : l'essor des énergies renouvelables décentralisées et de l'efficacité énergétique d'une part, l'impératif de la lutte contre le changement climatique de l'autre.
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sourceLe premier permet aux clients des opérateurs traditionnels de se fournir autrement en électricité, donc réduit les revenus des opérateurs. Le second va augmenter leurs coûts. Résultat, même avec la forte croissance attendue de la demande d'électricité, la profitabilité des activités traditionnelles des opérateurs baissera de quelque 300 milliards d'euros par an d'ici à 2030, calculent les auteurs de l'étude (voir graphe 1).
Le scénario "avec business models traditionnels" considère que les coûts de construction et d'opération du système électrique nécessaire pour satisfaire la demande d'électricité s'accroisseront de 484 milliards d'euros par an d'ici à 2030. La limitation du réchauffement climatique à 2°C se traduit dans l'étude par un prix du CO2 de 74 euros par tonne qui conduit à un coût supplémentaire pour le secteur de 406 milliards par an. Au total : des coûts en hausse de 64%. Face à des consommateurs pouvant s'auto-alimenter ou réduire leurs consommations, les opérateurs ne verront leurs revenus croître que de 56%. Seuls des nouvelles activités permettront de rétablir l'équilibre (barre de droite).
Point de salut, donc, hors changement des modèles d'activité. Accenture et le CDP ont identifié six niches de nouvelle valeur qui permettraient aux opérateurs de réduire leurs coûts de 135 à 225 milliards par an et de dégager entre 110 et 155 milliards d'euros de nouveaux revenus
La première niche consiste à accentuer les efforts en matière d'efficacité énergétique dans la production d'électricité. De quoi réduire à la fois les coûts opérationnels et les coûts d'émissions de CO2.
A cette voie conventionnelle s'ajoutent cinq niches correspondant à cinq nouveaux modèles économiques pour les opérateurs :
Opérateur d'énergie "as-a-service", soit fournir des services de gestion de l'énergie (d'efficacité énergétique) aux consommateurs ;
Producteur à grande échelle d'électricité décarbonée, soit exploiter des actifs de production à au moins 90% à faibles émissions de carbone ;
Fournisseur d'accès à une énergie propre locale, à travers des partenariats avec des collectivités et des particuliers ;
Responsable de la flexibilité, en optimisant le système électrique avec les smart grids ;
Opérateur de capture et recyclage du carbone, en réduisant les émissions des usines et en valorisant le carbone capturé.
Les six niches de valeur identifiées par Accenture et CDP qui permettraient aux opérateurs d'électricité de réduire leurs coûts et d'augmenter leurs revenus.
Reste aux opérateurs d'électricité à s'engager dans leur transformation, à l'image de l'allemand E.on et du français Engie. "Si les Utilities sont actuellement bien positionnés pour profiter de ces opportunités, il leur faut à présent faire des choix stratégiques et façonner le modèle économique qu’ils adopteront", conclut Jean-Marc Ollagnier, directeur monde d’Accenture pour les secteurs de l’énergie et des ressources naturelles ?
Manuel Moragues
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