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Cerveau et psy

Placebo : bien plus qu’un faux médicament !

On a longtemps cru qu’il s’agissait d’un phénomène purement psychologique. On découvre aujourd’hui que l’effet placebo mobilise une biochimie complexe et peut participer aux mécanismes de guérison.

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Fabrizio Benedetti, professeur de neurophysiologie à l’université de Turin (à droite), réalise des expériences en haute montagne afin d’étudier les effets de l’oxygène... placebo !

Fabrizio Benedetti, professeur de neurophysiologie à l’université de Turin (à droite), réalise des expériences en haute montagne afin d’étudier les effets de l’oxygène... placebo !

Plateau Rosà, frontière italosuisse. Le laboratoire du professeur Fabrizio Benedetti ressemble à un gros Meccano à demi enfoui sous la neige. Plusieurs fois par an, le neurophysiologiste et son équipe quittent leurs bureaux de l’Institut national de neurosciences, à Turin (Italie), pour venir traquer les secrets de l’effet placebo en haute altitude. Au-dehors : de la neige partout et la pointe effilée du Cervin. À l’intérieur : une salle d’expérimentation aux murs lambrissés façon chalet. Une jeune femme repose son masque bleuté. Elle vient d’inhaler, pendant deux minutes et à trois reprises, un air enrichi en oxygène. Et s’apprête à retenir une dernière fois sa respiration, le plus longtemps possible. "Nous cherchons à savoir si le fait de croire que l’on respire de l’oxygène modifie le temps d’apnée", explique Diletta Barbiani, doctorante en neurosciences, qui supervise l’opération. Car ce que la volontaire ignore, c’est que son masque est relié à une bonbonne… vide ! Autrement dit, elle n’a inhalé que de l’oxygène placebo. Et pourtant, entre le premier et le dernier test, elle a amélioré son temps d’apnée de 50 % et confie "avoir ressenti une vraie différence, l’effet de l’oxygène !".

La connaissance de l’effet placebo ne date pas d’hier. Il est notamment décrit par le médecin britannique John Haygarth (1740-1827) dans son ouvrage De la curieuse influence de l’imagination sur les fonctions du corps humain. Bien plus tard, en 1943, un médecin militaire américain à court de morphine parvient à soulager des blessés en leur injectant une simple solution saline. Mais l’événement clef a lieu en 1978. Cette année-là, le professeur Jon Levine, de l’université de Californie à San Francisco, mène une expérience sur des patients devant subir une extraction dentaire. Il découvre que ceux ayant reçu une injection d’eau salée pour toute anesthésie secrètent… des endorphines - les hormones dites "du plaisir". Avec pour conséquence une diminution de la douleur. Autrement dit, le cerveau est capable, dans certaines situations, de puiser dans sa "pharmacie interne".

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