Russie et Turquie ont "suspendu" les négociations pour le projet de gazoduc TurkStream

  • AFP
  • parue le

Moscou et Ankara, en crise ouverte depuis la destruction d'un avion bombardier russe par l'armée turque, ont "suspendu" leurs négociations pour le projet de gazoduc TurkStream qui devait alimenter la Turquie et à terme le Sud de l'Europe, a annoncé jeudi le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak.

"A l'heure actuelle, les négociations sont suspendues", a indiqué M. Novak, cité par les agences russes, précisant que les travaux de la commission économique chargée de ce projet avaient cessé dans le cadre des mesures de rétorsion adoptées par Moscou contre Ankara.

TurkStream a été dévoilé fin 2014 à la suite de l'abandon surprise, en pleine crise ukrainienne, du projet South Stream, bloqué par l'Union européenne. Le dossier patinait déjà, ce que Moscou mettait sur le compte de la crise politique en Turquie ces derniers mois.

Le projet initial prévoyait un début des travaux dès la mi-2015 et premiers approvisionnements fin 2016 et à terme, une capacité considérable de 63 milliards de m3 par an. Gazprom avait déjà reconnu que ces délais ne seraient pas tenus et que les capacités ne dépasseraient pas 32 milliards de m3.

Interrogé plus tôt jeudi sur l'avancée des négociations, le patron de Gazprom, Alexeï Miller, avait renvoyé la balle à Ankara: "Si la Turquie estime avoir besoin de ce projet, elle doit s'adresser à nous", a-t-il indiqué, précisant qu'Ankara n'avait avancé "aucune proposition".

Avec TurkStream, Gazprom comptait faire de la Turquie le nouveau principal pays de transit du gaz russe vers l'Europe à la place de l'Ukraine actuellement. La Grèce avait déjà fait part de son intérêt pour le prolonger sur son sol avec un financement promis par Moscou.

Alors que ce projet semblait déjà retardé, Gazprom a annoncé un autre projet, Nord Stream 2, censé renforcer les capacités de Nord Stream déjà en service entre la Russie et l'Allemagne via la Baltique.

Si ce projet a déjà reçu le soutien capitalistique de plusieurs groupes énergétiques européens (Engie, Shell, OMV, BASF et EON), il rencontre l'opposition de plusieurs pays d'Europe centrale et de l'Est qui ont écrit au président du Conseil Européen Donald Tusk pour obtenir qu'il soit bloqué.

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