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Les producteurs de viande incertains après leur renvoi du marché chinois

Des livreurs devant une épicerie, dans la rue, poussant deux piles de boîtes de porc.

Pékin se retranche derrière des raisons sanitaires pour expliquer l'interdiction adoptée contre les importations de viande canadienne.

Photo : ben nelms/cbc / Ben Nelms

La suspension des importations de viande canadienne par la Chine inquiète la Colombie-Britannique, échaudée par le sort réservé par les Chinois au canola.

Le premier ministre de la province, John Horgan, a reconnu qu’il ne pouvait s’empêcher de relier l’interdiction des importations de produits de boeuf et de porc au processus d’extradition en cours de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou.

Pékin invoque des raisons sanitaires pour expliquer les « mesures préventives urgentes » adoptées contre les importations de viande canadienne. 

Les autorités douanières chinoises ont récemment découvert des traces de ractopamine dans une cargaison de produits porcins en provenance du Canada. Le médicament est interdit dans 160 pays, dont la Chine.

Une enquête sino-canadienne a également conclu que 188 certificats médicaux attachés à la livraison de ces produits porcins avaient été contrefaits, selon un communiqué de l’ambassade chinoise au Canada.

Les exportations Chine-Colombie-Britannique

La Chine représente 15,2 % des exportations de marchandises de la Colombie-Britannique, pour des revenus estimés à 6,7 milliards de dollars. En 2017, les exportations de produits agroalimentaires se chiffraient à 421 millions de dollars. Cette année-là, la province a exporté 24 585 tonnes de porc.

Le sujet devrait s’inviter à la rencontre sur les questions énergétiques des premiers ministres de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan, des Territoires-du-Nord-Ouest, du Nunavut et du Yukon, jeudi, à Edmonton. 

L’occasion de s’asseoir avec les premiers ministres Kenney et Pallister permettra d’avoir un meilleur aperçu de ce qui a lieu.

Une citation de John Horgan, premier ministre de la Colombie-Britannique

Alimenter d’autres marchés 

Le directeur général de l'Association des éleveurs de bétail de la Colombie-Britannique, Kevin Boon, se veut néanmoins rassurant : « Je ne pense pas que l’on voit un énorme impact immédiatement. »

« Si la crise se prolonge, il faudra que nous nous tournions vers de nouveaux marchés, » estime-t-il. 

Trois boîtes en carton dans un camion

Dans la peur d'une crise prolongée, l'Association des éleveurs de bétail de la Colombie-Britannique veut encourager la diversification des marchés d'exportation.

Photo : ben nelms/cbc / Ben Nelms

La Chine représente l’un de nos marchés, mais nous ne pouvons pas être dépendants d’un seul marché.

Une citation de Kevin Boon, directeur général de l'Association des éleveurs de bétail de la Colombie-Britannique

Le plus dommageable, croit-il, est la réputation du porc canadien, laquelle doit rester irréprochable pour en faire la promotion auprès des marchés japonais, coréen et européen. 

« Peut-être que si les gouvernements canadiens et chinois travaillent ensemble, cela améliorera leur relation », poursuit M. Boon.

Un pion de la guerre commerciale? 

Cette crise alimentaire et sanitaire intervient le jour où le premier ministre Justin Trudeau s’envole vers le Japon pour participer au Sommet du G20. 

« En temps normal, ce genre de crise peut être résolu rapidement, quelques semaines tout au plus », dit Yves Tiberghien, professeur au Département de sciences politiques de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) et spécialiste des questions asiatiques. 

Selon lui, le Canada fait tout pour « définir, résoudre et cerner le problème, et démontrer qu’il s’agit d’un cas isolé ».

« La population urbaine chinoise est très sensible aux problèmes sanitaires, » explique-t-il. 

Mais la Chine pourrait s’en servir comme d’un levier politique pour exprimer son désaccord sur la gestion canadienne du dossier Meng Wanzhou. 

« Mes sources chinoises issues des centres de recherches et [groupes de réflexion] font le lien [avec les pressions politiques chinoises] », dit Yves Tiberghien.

Selon lui, l’interdiction des exportations de viande et de canola canadiens par la Chine est une conséquence de « l’extra-territorialité des sanctions américaines sur l’Iran ».

Les États-Unis réussissent à punir les pays qui n’obéissent pas à l’imposition de leurs propres sanctions à l’étranger. 

Une citation de Yves Tiberghien, professeur au Département de sciences politiques de l'UBC

« C’est une bataille vicieuse, où le commerce est utilisé comme une bataille de pouvoirs et qui nous mène vers une crise économique mondiale, affirme-t-il. Trump a tout transformé, il tente de casser le jeu mondial pour faire craquer la Chine. » 

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