Emmanuel Macron veut orienter les investisseurs vers la French Tech
Intervenant devant des investisseurs et des start-up invités par Enternext, le ministre de l’Economie a exposé sa vision de la chaîne de financement de l’innovation en France.
Un constat : le manque de gros tickets de capital-risque pour financer plus de "licornes".
Il donne quelques pistes de solution.
Arnaud Dumas
L’écosystème du financement de l’innovation a bien progressé, selon Emmanuel Macron. Mais il reste encore quelques failles. Le ministre de l’Economie intervenait mardi 8 décembre à la conférence sur les entreprises de la tech organisée par Enternext, la bourse des PME. "Nous avons maintenant pour défi de former l’écosystème pour créer des licornes [jeunes entreprises dont la valorisation dépasse le milliard de dollars, ndlr] et des grandes entreprises technologiques", a-t-il lancé, dans un anglais parfait, devant un parterre de start-up et d’investisseurs.
Le développement de la chaîne de financement a déjà été bien entamé depuis quelques années. De nombreux fonds d’amorçage ont vu le jour depuis le lancement du Fonds national d’amorçage (FNA) en 2011. Plus récemment, des véhicules de "growth capital", ou capital croissance, qui interviennent après le capital-risque dans la chaîne de financement, ont commencé à émerger. Notamment depuis la création en 2013 du fonds Large Venture de Bpifrance, sur des tickets au-delà de 10 millions d’euros.
Multiplier les fonds de capital-risque
Mais le ministre de l’Economie veut désormais passer au stade supérieur. Pour cela, il souhaite d’abord multiplier les fonds de capital-risque, en permettant aux business angels ou aux fonds d’entrepreneurs de grandir. "Il faut aussi attirer les VC [venture capitalists ou capitaux-risqueurs, ndlr] venus d’Asie ou des Etats-Unis, continue-t-il. C’est pourquoi il est important d’accueillir des grandes entreprises comme Intel, Cisco ou Facebook, qui ont investi des centaines de millions d’euros dans notre économie." L’exemple montré par ces grands groupes permet de susciter les appétits de fonds d’investissement.
Le gouvernement planche également sur une solution européenne. Emmanuel Macron, avec son homologue allemand Sigmar Gabriel, milite notamment pour orienter une partie du plan Junker vers des fonds de capital-risque transfrontaliers. "Cela permettrait de mettre des tickets supérieurs à 100 millions d’euros", plaide le ministre français.
Orienter les fonds vers l'innovation
Pour boucler la boucle, Emmanuel Macron veut pouvoir garantir aux investisseurs des portes de sortie du capital des start-up. Soit par rachat par des grandes entreprises. "Mais il y a encore un manque de rachat de start-up en France", déplore-t-il. Soit par une introduction en Bourse. "Le rôle d’Enternext est clé, estime-t-il en remarquant que les levées de fonds sur Enternext ont doublé entre 2014 et 2015. Il y a des opportunités et de bonnes start-up."
Enfin, le ministre de l’Economie voudrait pouvoir réorienter une partie de l’économie française vers les sociétés innovantes. "Notre défi, c’est de capitaliser sur la vitalité de l’écosystème d’innovation, martèle-t-il. Il faut désinvestir une partie de l’argent dans les entreprises de l’ancienne économie pour l’orienter vers la nouvelle. Et c’est quelque chose que l’Etat aussi doit faire."
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