Des tensions sur les salaires sont à attendre en 2016
Entreprise & Personnel alerte les entreprises sur le risque de tensions salariales.
La baisse durable du chômage n'est pas acquise. Le bon chiffre de septembre reste à confirmer. Mais si elle vient à se confirmer, l'an prochain, comme le supposent les dernières prévisions de l'Unédic, elle pourrait bien mettre fin au calme social actuel. Tel est l'avertissement que lance Entreprise & Personnel dans sa note de conjoncture annuelle rendue publique mardi.
L'an dernier, le club de DRH expliquait que ce calme social était l'expression d'une « résignation rageuse » du salariat. Le climat a commencé à évoluer cette année, jugent Michèle Rescourio-Gilabert et Jean-Pierre Basilien, les auteurs de la note. Ils évoquent « un basculement progressif vers des mobilisations, certes indépendantes les unes des autres, chacune sur ses objectifs, mais nourries en arrière-plan par un cran de plus dans le rejet de la politique gouvernementale ». Là est en effet la nouveauté par rapport au scénario classique d'un regain de conflictualité à la suite d'une amélioration du marché du travail. « La politique menée aujourd'hui est comprise par une partie du salariat comme excessivement favorable aux entreprises, déséquilibrée, autrement dit 'de droite' », affirme Entreprise & Personnel qui souligne que les propos d'Emmanuel Macron comme la « posture d'autorité » de Manuel Valls sont perçus comme « autant de provocations ».
« Quant aux 'contreparties' obtenues dans les réformes, elles peuvent être perçues comme abstraites, lointaines, et surtout très éloignées des préoccupations quotidiennes », poursuit le club de DRH. Il évoque l' « échec des réformistes », « dans l'incapacité à faire partager [leur] enthousiasme » pour « les nouveaux droits individuels et collectifs issus des accords interprofessionnels » (complémentaire santé obligatoire par exemple) dans un paysage syndical marqué par une progression de la radicalité.
« Colères catégorielles »
Dans ce contexte, la sanction continuera à s'exprimer « dans les urnes plus que dans la rue ». Pas d'explosion sociale en vue. En revanche, les « colères catégorielles » pourraient se multiplier en 2016, contrastant avec le climat « apaisé » que pointait Entreprise & Personnel en 2014. Ces tensions devraient se focaliser « essentiellement autour des négociations annuelles obligatoires et ponctuellement au moment des restructurations ». Attention au risque de « tensions salariales, dont les premières et vives manifestations se sont traduites dans les négociations annuelles obligatoires de 2015 », avertit le club de DRH. Il pointe « le sentiment partagé par beaucoup, à commencer par l'encadrement, d'avoir accepté beaucoup d'efforts ces dernières années tant financièrement que dans l'intensité du travail », et avertit : « Le sentiment d'injustice se nourrit d'un profond sentiment d'inéquité, d'efforts inégalement répartis ». De quoi faire « un cocktail détonant pour peu que des acteurs syndicaux s'en emparent ».